Halloween, ou l’infantilisme indécent
Halloween provient "de la célébration de Samain (nom irlandais) ou Samonios (nom gaulois), créée par les Celtes. Cette fête religieuse, conduite par des druides, se tenait à la fin de l’automne (à la fin des récoltes) et marquait l'entrée dans une nouvelle année. En Irlande et en Gaule, on craignait cette nuit de Samain, durant laquelle des esprits maléfiques pouvaient sévir. Pour éviter cette présence “noire” et éloigner le danger, les habitants allumaient des feux en plein air. Cette nuit était aussi un “entre-temps” entre le monde des vivants et des morts" (source : L’Internaute).
Loin de moi la tentation de nier nos origines celtes et, brandissant le christianisme comme un étendard exclusif, d’en effacer toute trace de notre histoire, mais la fête dont il est question – importée aux États-Unis par les Irlandais qui émigrèrent en masse, suite à la Grande Famine ayant dramatiquement frappé leur pays en 1845 – a depuis été digérée par la machine commerciale américaine, qui l’a transformée en carnaval grand-guignolesque, dans une société, imitée à présent, par l’Europe, où la mort – et ses avatars – se voit caricaturée à outrance quand elle n’est pas tout simplement effacée par le transhumanisme, ce que Robert Redeker, venu présenter son dernier essai L’Éclipse de la mort, expliquait récemment sur la chaîne Histoire.
De nos jours, Halloween, bien loin de constituer une expérience cathartique collective face à l’au-delà, est devenue une manifestation un tantinet puérile de l’horreur. Une puérilité que le philosophe Jean Baudrillard définissait ainsi : "Halloween n’a rien de drôle. Ce festival sarcastique reflète plutôt une soif de revanche des enfants sur le monde adulte." On est effectivement loin de la joie de vivre exprimée au cours des traditionnels carnavals.
Surtout, ce qui est dérangeant, avec Halloween, c’est son immédiate proximité avec la Toussaint – fête de tous les saints, "l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles", selon la Conférence des évêques – et, le lendemain, avec le jour des morts, où les vivants vont traditionnellement fleurir les tombes de leurs proches disparus. Nous sommes loin de cet étalage macabre inspiré par la littérature et le cinéma de genre qui a, certes, toute sa place dans notre imaginaire, mais pas à cette date, où ces sortes de démonstrations ne sont peut-être pas les bienvenues. D’autant qu’Halloween n’a plus de dimension religieuse, celle-ci entièrement étouffée par le caractère festif.
Quitte à importer une fête américaine, optons plutôt pour Thanksgiving, qui rend grâce à Dieu pour Ses bienfaits. Une célébration qu’on pourrait aussi, afin de satisfaire tout le monde, laïciser en remerciant la patrie pour ce qu’elle nous donne, malgré tout.
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