La guerre civile froide
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Le nouveau livre de Jean-Michel Vernochet, journaliste et géopoliticien bien connu, spécialiste du Proche-Orient, est une réflexion philosophique, sans concession, sur les conséquences devenues destructrices d’une lecture par trop fondamentaliste du trinôme fondateur de la République « Liberté, Égalité, Fraternité », auquel s’est adjointe aujourd’hui la sainte Laïcité. Un fondamentalisme dogmatique qui a fini par engendrer un irréductible antagonisme sociétal qui s’exprime à travers l’opposition récurrente droite/gauche.
Le sous-titre, "La théogonie républicaine de Robespierre à Macron", est particulièrement éclairant.
« Théogonie » n’est évidemment pas ici le rappel du récit d’Hésiode sur l’origine et la généalogie des dieux, mais bien de son extension métaphysique : la doctrine prévalant chez un peuple relative à l’origine de ses divinités politiques et métapolitiques.
Le mot terrible est donc lâché : la théogonie dont il s’agit ici, c’est bien l’ensemble de divinités formant la mythologie du peuple républicain avec une seule et même origine : la Révolution.
Nous voyons se dessiner alors les concepts structurant cette religion républicaine dont les tâtonnements infructueux au départ (tel le culte de la déesse Raison) ont vu la construction progressive d’une mystique de la laïcité à laquelle tous devront adhérer, de gré… ou de force. Transcrite au plan sociétal, l’imposition de cette idéologie (désormais fondamentaliste) conduit à une guerre civile froide de plus en plus âpre entre adeptes et récalcitrants…
Feu Fidel Castro avait fort bien résumé, dans une formule plus que jamais d’actualité, les conséquences de ce type de dérive idéologique et les excès auxquels elle conduit : "Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés. Avec le pouvoir, ils survivent rarement."
Jean-Michel Vernochet nous invite ainsi à une profonde réflexion sur ce thème. Car c’est un sujet trop rarement ou trop mal traité : quelles sont les racines idéologiques des grandes mutations sociétales entreprises par des gauches qui, de Robespierre à Macron, prétendent à l’avènement d’un Homme nouveau et maintenant, avec M. Macron, d’un Nouveau monde ? Des idéocrates dont les valeurs seraient indiscutablement universelles et dont ils proclament avoir, seuls, le monopole.
Une gauche qui, au nom de l’Égalité, à travers une éducation niant les élites naturelles, s’oppose violemment à toute expression de la souveraineté et de l’identité d’un peuple des Français devenu transnational par la vertu du traité de Lisbonne. Les racines historiques, comme l’héritage civilisationnel, sont bannies du champ public au nom de l’universalisme, ce qui conduit fatalement à l’effacement des frontières et la submersion territoriale par des vagues de migrants partis à la conquête du supposé eldorado européen. Ce qui amène Jean-Michel Vernochet à s’interroger sur les relations incestueuses qu’entretiennent l’ultralibéralisme (autrement nommé anarcho-capitalisme), l’hypercapitalisme, la gauche et l’héritage toxique des grands aïeux de 1789.
Sous cet angle, on comprend mieux qu’un clivage paradigmatique se creuse toujours davantage entre ceux de la France réelle, attachés à leurs racines, notamment gréco-latines et chrétiennes, à leur culture, paradoxalement qualifiés de « ringards peu éduqués repliés sur eux-mêmes », et les nouveaux « barbares surdiplômés » qui constituent les gros bataillons de nos élites citadines, parisianistes, vagabondes, hors-sol, médiacratiques pour qui Étienne Marcel et Alésia ne sont que des stations du métropolitain…
Deux conceptions violemment antagonistes débouchant sur un conflit de société qui doit s’achever - pour les tenants du « progrès » au pouvoir avec la présidence de M. Macron - par la disparition des peuples dans le creuset de la gouvernance européenne avant que d’être mondiale.
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