Georges Muller, un héros de 14-18, honoré par les sous-officiers d’aujourd’hui

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Il n’est pas une année sans que les nombreuses et nouvelles promotions de nos prestigieuses écoles militaires de France ne reçoivent un nom de baptême. Figures inspiratrices, ces modèles choisis doivent permettre à nos militaires de devenir ce dont notre pays a besoin : des héros. Désormais élevé au panthéon de nos figures nationales, que le sergent Georges Muller, par sa vie, puisse guider la 370e promotion de l’École nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent (ENSOA).

Notre héros est né le 8 octobre 1893 à Voujeaucourt, dans le Doubs. Fils de la terre de France et d’agriculteurs, il devient bûcheron avant d’effectuer son service militaire en 1913. Appelé au front, il prend part aux combats dès les premières heures de la Première Guerre mondiale. Commence alors, pour le jeune deuxième classe Muller, quatre longues années de lutte durant lesquelles il traverse plus de 46 champs de batailles dont les plus célèbres sont Verdun, Douaumont et le Chemin des Dames. Lors de ces heures sombres, il fait preuve d’une très grande bravoure, comme lorsqu’il part « courageusement chercher le corps de son officier tué et tombé à côté d’une mitrailleuse ennemie ». Cet acte héroïque et chevaleresque lui vaut d’être cité à l’ordre de la brigade le 29 juin 1916. En 1917, il est encore cité à l’ordre du régiment, du corps d’armée et de la division, où il est reconnu comme « un très bon sous-officier », « un fusilier-mitrailleur d’une très grande bravoure […] donnant à tous le plus bel exemple ».

« Au-dessus de tout éloge »

Malheureusement, le 10 juillet 1918, un valeureux sous-officier, parmi tant d'autres braves soldats, perdit sa vie pour la France. Le sergent Georges Muller, alors à son poste de combat devant Tinqueux (Marne), est prêt à repousser l’une des nombreuses et dernières contre-attaques allemandes sur la ville de Reims. Faisant son devoir, il est alors fauché par la mort. Recevant à titre posthume la croix de guerre avec étoile de vermeil, il est encore décrit comme ayant été un « sous-officier d’un courage et d’une conscience au-dessus de tout éloge [ayant] trouvé une mort glorieuse ». Comme un ultime hommage rendu à ce fils du Doubs, la France honore son sacrifice, le 11 mars 1920, en lui décernant la médaille militaire.

Plus d’un siècle après, notre pays n’oublie pas ce courageux soldat et perpétue sa mémoire. Ainsi, au matin de ce jeudi 8 février 2024, sur la place d’arme de l’ENSOA, la 370e promotion des sous-officiers de Saint-Maixent a été baptisée au nom de ce héros et a reçu, selon les mots du général de division Stéphane Canitrot, « son héritage, ce supplément d’âme qui pousse au dévouement et à l’excellence ». Pour les 300 sous-officiers présents, émus et fiers, Georges Muller « porte un message éternel : rien n’est plus beau que de donner sa vie pour les autres ».

Nous ne pouvons qu’espérer que cette nouvelle promotion en appelle de nombreuses autres à suivre son engagement pour la France et au sein ^de cette école de Saint-Maixent, au cœur du pays niortais. Cette prestigieuse institution se fera aussi bientôt la fierté d’accueillir, au cours de cette année, la flamme olympique avant son départ définitif pour Paris. Le musée du Sous-officier aura aussi le plaisir de rouvrir et d’accueillir à nouveau un vaste public afin de transmettre, toujours et auprès du plus grand nombre, l’esprit et l’histoire des sous-officiers de France.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Nous avons eu la chance et l’honneur de vivre avec nos grand qui ont donné 4 ou 5 ans de leur vie dans une guerre effroyable. Ils sont revenus cassés physiquement et moralement, ils n’étaient pas toujours agréable à vivre mais nous nous sentions bien auprès d’eux’.
    Mon grand père petit vigneron n’a jamais cotisé à une quelconque caisse de retraite, sans l’aide des parents ils auraient été dans une misère noire..
    J’ai honte pour la France qui ne s’est pas occupé de nos héros.

  2. Merci Monsieur, de rendre hommage au corps des sous-officiers auquel j’ai eu l’honneur d’appartenir. Ils ne sont pas invités à s’exprimer sur les plateaux de télé. Dommage, on y entendrait certainement moins d’absurdités.

  3. La vérité en 2022, c’est qu’un Sous-officier, célibataire, au plus haut grade : Major, à l’échelon exceptionnel, au maximun d’annuités 40, a perçu une prime du gouvernement Macron de 100€, parce que sa retraite était inférieure à 2000€.
    Voilà la considération dans laquelle sont tenus les Sous-officiers !

  4. En 2014, à l’occasion de la célébration du centenaire du début de la Première Guerre mondiale, j’ai publié le récit que mon père, né en 1896 et soldat de 1916 à 1919, avait inscrit dans trois petits carnets conservés avec vénération et respect. Il y énumère les étapes du combat, les lieux traversés, les attentes, avec l’ardeur d’un jeune militaire impatient de renvoyer les « Boches » dans leur pays.
    Ces jeunes soldats se battaient pour la France avec une abnégation et un sens de la patrie remarquables.

  5. Se sont les Hommes du Rang et les Sous-Officiers qui ont fait la Grandeur de la FRANCE…et quelques très rares, très rares officiers…
    Mais pour ce Sous-Officier, pas de Légion d’Honneur…alors quelle est  » distribuée » à une. Cohorte de ☠️…bref, des gens qui sont àdes années lumière de la mériter.
    Pax vobiscum

    • Ayant eu un père sous officier décoré en AFN d’une VM avec palme et de la MM à 30 ans à peine en AFN , je croyais comme vous que …mais c’était avant d’intégrer un lycée militaire qui m’est cher , mon pseudo en témoigne, et d’en voir les tables de marbres du péristyle .Il n’y a pas de rang dans l’héroïsme et le don de soi pour sa patrie .Tous les sacrifices de ces soldats : généraux, officiers, sous-officiers soldats ont la même valeur le même sens et j’ai été encadré pendant toute ma scolarité dans cet établissement hors classe par d’authentiques héros sous-officiers et officiers qui avaient beaucoup donné , leur placards de décorations en témoignaient .

    • Vous avez parfaitement raison. Et autant il convient d’honorer et de perpétuer la mémoires de ces héros, autant il est nécessaire de s’inspirer de leur courage pour mener à bien les combats qu’il y a à mener aujourd’hui.

  6. Comme ça fait du bien, cette belle chronique !
    Je vous remercie, plutôt, nous vous remercions, Monsieur de Mascureau …!

  7. N’oublions que les monuments aux morts sont tagués et abîmés maintenant.
    Les héros dérangent …

  8. Ces lignes me rend triste quant je pense que c’est un héros parmi beaucoup d’autre qui ont sacrifiés leur vie pour que vive notre nation et je me demande comment certain mondialistes peuvent supporter ces lignes. Le mondialisme est une utopie néfaste et grave comment peut on faire vivre l’ensemble l’humanité alors que les intérêts sont tellement différents que même les animaux défendent leur territoires. Encore un brave qui doit se retourner dans sa tombe.

  9. L’écart qu’il existe entre la société française des années 1910/1920 et celle d’aujourd’hui est considérable, les noms gravés sur les monuments aux morts de nos communes sont globalement de souche française, qu’en serait-il aujourd’hui ?

  10. Eux au moins ils se sont battus pour la France. Aujourd’hui on ne sait plus faire autre chose que des hommages et des Marches Blanches.

    • Tout à fait ! Quand j’assiste à la déliquescence de notre pays, je repense, avec tristesse, à mon grand-père qui s’est battu pour la France et non pour l’Europe

    • D’accord avec vous. C’est d’ailleurs pourquoi je ne prends plus part aux commémorations car si, d’un côté, on prétend honorer nos Morts pour la France, de l’autre côté on laisse l’envahisseur occuper notre sol et dévoyer notre culture. Je commémore secrètement lorsque je passe devant le Monument aux Morts du village. Pas besoin d’entendre le maire débiter un baratin convenu et dénué d’âme.

    • Non non, nous ne laisserons jamais passer la mémoire de ce héros de 14/18 … Nous sommes encore là, Yolande Steiner, et nos héritiers aussi pour faire barrage à l’oubli…

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