Florian Philippot aurait eu plus de panache s’il avait quitté ses mandats

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Invité vendredi sur BFM TV, Florian Philippot s’est montré très critique envers le Front national. On peut penser qu’il y a quelque inconvenance à cracher dans la soupe où l’on a longtemps plongé sa cuillère. Ou à quitter son parti tout en conservant ses sièges d’eurodéputé et de conseiller régional : quel que soit son rayonnement personnel, dans un scrutin de liste, c’est au parti qu’on doit d’abord son élection.

On se souvient de Thomas Thévenoud : l’homme qui souffrait de « phobie administrative » rendit sa carte du PS mais refusa de démissionner de son mandat de député. Sans doute avait-il besoin de conserver ses indemnités pour s’acquitter de son arriéré d’impôts.

Sans mettre sur le même plan une médiocrité radine et une intelligence présomptueuse, force est de constater que le comportement de Florian Philippot n’a guère de panache. Après avoir quitté le Front national - officiellement pour des divergences idéologiques -, il a conservé tous ses mandats électifs. En ne démissionnant pas, ne se comporte-t-il pas comme un traître qui profite des avantages acquis ? Ce n’est pas, en tout cas, un titre de gloire.

On pourrait en dire autant des eurodéputées Sophie Montel ou Mireille d'Ornano, qui ont rejoint avec lui le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, dirigé par l’un des fondateurs du parti britannique UKIP. Les intéressés estiment peut-être qu’ils seront plus efficaces en conservant leur siège qu’en l’abandonnant. Il reste que se mettre dans la peau d’un transfuge devrait les gêner aux entournures.

Faut-il parler d’Aymeric Chauprade, qui non seulement conserva au Parlement européen un siège qu’il n’aurait jamais obtenu si Marine Le Pen ne l’avait pas placé en position éligible, mais annonça qu’il voterait Macron au second tour de la présidentielle ?

Manifestement, Florian Philippot ne veut pas le bien du parti qui lui a mis le pied à l’étrier. Quels que soient les torts de Marine Le Pen – ne lui avait-elle pas donné trop d’importance ? –, cette situation est regrettable. Il est évident que Florian Philippot, avec son mouvement Les Patriotes, ne représentera pas une force suffisante pour être crédible. Il est non moins évident que son action ne pourra que nuire peu ou prou à son ancien camp.

On peut légitimement préférer l’attitude de Marion Maréchal-Le Pen qui, avant de se mettre à l’écart pour des raisons personnelles, eut l’élégance de jouer l’unité. Quand les journalistes opposaient ses positions à celles de Florian Philippot, notamment sur des questions économiques ou sociétales, elle minimisait toujours les différences pour ne pas envenimer les relations à l’intérieur de son parti.

Le départ de Florian Philippot a tout de même une conséquence positive : Marine Le Pen, pour refonder le Front national, ne subira plus de pressions trop souvent unilatérales. Cet énarque, qui n’avait que le nom de Gaulle à la bouche - comme si c’était un personnage exemplaire à tous égards -, prendra-t-il conscience un jour qu’il aurait pu défendre plus efficacement son point de vue à l’intérieur du FN, en acceptant de débattre et, le cas échéant, d’être mis en minorité ?
Il y aurait gagné en respectabilité. Encore eût-il fallu qu’il comprît que la politique est souvent un art du compromis, qui ne consiste pas à renoncer à ses convictions mais à en faire triompher quelques-unes.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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