« Il faut sortir de cette espèce d’entre-nous, la France est en danger ! »
Louis Aliot réagit à la "main tendue" de Marine Le Pen à Laurent Wauquiez au micro de Boulevard Voltaire : "La décomposition du camp patriotique et national, c'est à des gens comme Jacques Chirac et Alain Juppé qu'on la doit, ce sont eux qui ont construit le fameux “cordon sanitaire”, en trahissant l'idée d'une Europe des patries.
En tendant la main aux élus et aux électeurs de droite, nous ne faisons que perpétuer une vieille tradition qui remonte à 1983 au Front national.
Patrick Buisson a “vendu la mèche” en déclarant qu'il fallait plumer la volaille frontiste, c'est le plan de Laurent Wauquiez, une mise en scène !
Il faut sortir de cette collusion pour recréer les conditions d'une vraie fracture entre ceux qui veulent le mondialisme et ceux qui veulent défendre la nation et la souveraineté."
Marine Le Pen a déclaré hier qu'elle était prête à tendre la main à Laurent Wauquiez en vue d'alliances politiques, notamment lors des municipales. C'est ce qui s'appelle prendre beaucoup de monde à contre-pied. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi tendre la main maintenant aux Républicains ?
Nous avons toujours tendu la main à la droite. Nous ne faisons donc que faire perdurer une tradition.
Je vous rappelle que le Front a émergé en 1983 au moment des élections municipales à Dreux avec Jean-Pierre Stirbois et Jean-Marie Le Pen dans le 20e arrondissement.
Ensuite, il y a eu des accords en 86 dans les régions, puis à nouveau en 98. Nous devons la division du camp patriotique national à deux personnes essentiellement : Jacques Chirac puis Alain Juppé.
C'est le fameux cordon sanitaire. Ensuite, sur la question européenne, ils ont bradé et trahi. Marie-France Garaud et Jean Foyer ont dit qu'ils avaient trahi la pensée du général de Gaulle sur la construction d'une Europe des patries.
Cela fait longtemps que nous ne jetons aucun opprobre, si ce n'est sur le résultat politique.
C'est eux qui nous ont systématiquement mis en dehors des cordes, ce n'est pas nous.
C'est au moment où précisément la droite fait mine de venir vers nous qu'il faut parler à ses électeurs pour leur dire : « Effectivement, la France est en danger. C'est peut-être maintenant qu'il faut en discuter. »
Est-ce le discours de Laurent Wauquiez qui a fait parler Marine Le Pen ?
Considérez-vous que Laurent Wauquiez a aujourd'hui un discours qui se rapproche du vôtre ?
Oui, il est venu sur notre terrain en parlant de l'Europe et de la souveraineté. Il a beaucoup parlé de l'immigration et de l'identité.
D'ailleurs, à ce sujet-là, Buisson a vendu la mèche en disant : "Il faut plumer la volaille frontière", comme au temps des Partis communiste et socialiste. Je mesure bien là le cynisme du personnage.
Il a vendu le plan de monsieur Wauquiez.
Dans un article de La Dépêche, il parle de la mise en scène de 2007, par monsieur Sarkozy, d'un certain nombre de thématiques qui parlent à la droite. Ces gens-là sont dans la mise en scène.
Les militants Républicains et frontistes sont-ils ouverts à ce genre d'alliance ?
Je ne sais pas s'il y a un peuple de droite, mais je sais qu'il y a un peuple qui défend la nation et la patrie, qui ne veut plus d'immigration et veut moins d'impôts. C'est un peuple qui en a marre de toute la pensée unique qui a été imposée par la gauche. La droite s'est malheureusement couchée comme jamais et a tout accepté de cette gauche-là, alors que la gauche a une responsabilité historique dans beaucoup de drames de l'Histoire de notre pays.
Voilà la vérité !
J'ai été élu dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Orientales parce que les électeurs, notamment de « droite », ont voté pour moi au deuxième tour contre En Marche !, contre la gauche.
Cela ne fait aucun doute.
Je ne cherche même pas les accords d'appareils, je parle aux électeurs et aux élus locaux de la droite.
Monsieur Wauquiez, c'est déjà autre chose.
Je remarque la manière dont les députés, à l'Assemblée, se comportent par rapport au mouvement En Marche ! et la manière dont ils se partagent les postes à l'Assemblée.
Il faut sortir de cette collusion pour recréer les conditions d'une vraie fracture entre ceux qui veulent le mondialisme et ceux qui veulent défendre la nation et la souveraineté.
L'appel de Marine Le Pen intervient quelques mois après que Laurent Wauquiez a déclaré Nicolas Dupont-Aignan persona non grata parce qu'il avait appelé à voter Marine Le Pen au second tour.
Imaginez-vous Laurent Wauquiez faire un pas vers Marine Le Pen alors qu'il ne parle pas à Nicolas Dupont-Aignan ?
D'abord, Laurent Wauquiez n'est pas encore à la tête des Républicains.
Ensuite, le cri vient du terrain, des courriers que nous recevons et des gens que nous rencontrons.
Ils nous disent qu'il faut arrêter, sinon la France va disparaître. C'est donc le moment.
Encore une fois, il ne s'agit pas de la droite. La droite libérale est totalement mondialiste et mondialisée. Elle ne fera jamais un pas vers nous. C'est précisément l'état-major de l'UMP depuis des années et des années. C'est Juppé, la droite chiraquienne, la présidente de région d'Île-de-France, c'est monsieur Bertrand. Ce n'est même pas la peine de compter sur tous ces gens-là.
Ils sont, d'ailleurs, en fin de carrière et en fin de carrière idéologique.
Est-ce un appel aux élus locaux en vue des municipales plutôt qu'un appel à la tête des Républicains ?
C'est un appel aux élus locaux et à l'électorat pour bâtir les majorités de demain.
Il est évident que des majorités locales nourriront demain une politique nationale.
Il faut sortir de cette espèce d'entre-nous dans laquelle beaucoup de gens se sont vautrés et qui, finalement, ont adopté tous les codes de la gauche.
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