Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a insisté sur le fait que « les propriétaires de réseaux sociaux ne peuvent pas fonctionner au-dessus de la loi » après que le président américain Donald Trump a été banni de Twitter par Jack Dorcey et le réseau social Parler bloqué par Jeff Bezos, propriétaire des serveurs Amazon (Amazon Web Services) qui l’hébergeaient.

« Je suis né et j’ai grandi parmi des gens pour qui la liberté était la plus précieuse des valeurs […] parce que nous savons ce que c’est quand quelqu’un essaie de la limiter », a déclaré le conservateur polonais qui est né l’année même où les communistes soviétiques et les régimes fantoches bulgare, hongrois et polonais envahissaient la Tchécoslovaquie pour écraser le printemps de Prague.

« Pendant près de 50 ans, nous avons vécu dans un pays où la censure était pratiquée, où Big Brother nous a dit comment nous étions censés vivre et ce que nous étions censés ressentir, et ce que nous n’avions pas le droit de penser, de dire ou d’écrire », a écrit Morawiecki sur sa page Facebook.

Internet est le média le plus démocratique de l’Histoire, un forum où tout le monde peut se faire entendre ; néanmoins, l’absence de réglementation d’Internet a, paradoxalement, eu des « conséquences négatives » sur la liberté au fil du temps. Les réseaux sociaux sont dominés par d’énormes sociétés internationales, plus riches et plus puissantes que de nombreuses nations. Ces sociétés, comme l’a très bien démontré l’économiste libéral Pascal Perri dans Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien, considèrent notre activité en ligne comme une simple source de revenus, et de préciser : « Si le service est gratuit, c’est que vous êtes le service. » On aurait pu croire que cela pousse à la neutralité axiologique. Eh bien, non ! Parce que c’est aussi un outil pour accroître la domination mondiale des oligarques qui le possèdent. D’où le fait qu’ils ont également introduit leurs propres normes de rectitude politique, et qu’ils combattent et font taire ceux qui pensent différemment.

« Nous sommes maintenant de plus en plus confrontés à des pratiques que nous croyions avoir laissées dans le passé », déplore le Premier ministre polonais. La censure de la liberté d’expression, qui était autrefois le domaine des régimes totalitaires et autoritaires, est maintenant de retour, sous une nouvelle forme. Or, la liberté d’expression est une pierre angulaire de la démocratie, et ce n’est pas aux algorithmes ni aux propriétaires des réseaux de décider quelles sont les opinions correctes et lesquelles ne le sont pas.

Ces nouveaux et très riches propriétaires partagent souvent les idées de la gauche qui tente de définir toute critique fondamentale de son idéologie comme un « discours haineux », puis s’attend à ce que ce contenu soit censuré ou même puni… En France, Macron incite les réseaux à l’autocensure, quand Mélenchon préfère la censure d’État.

« En Pologne, ajoute le Premier ministre, nous établirons une réglementation nationale appropriée et nous proposerons également que des lois similaires soient adoptées dans toute l’UE. »

Il s’agit d’établir un droit légal d’interjeter appel des décisions d’interdiction et de suppression de contenu, avec la possibilité de faire d’autres appels entièrement numériques et anonymisés devant une nouvelle Cour pour la protection de la liberté d’expression. Le tribunal pourra ordonner aux plates-formes de médias sociaux de restaurer les utilisateurs interdits ou leurs messages si leurs paroles étaient légales en vertu de la Constitution polonaise, avec des amendes de plusieurs millions de dollars pour les entreprises qui refusent ses décisions ou ne les abordent pas en temps opportun.

7404 vues

16 janvier 2021 à 19:47

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.