États-Unis : les femmes latinos, espoirs du Parti républicain ?
Le 6 juillet dernier, le célèbre journal de gauche The New York Times publiait un article au titre plutôt provocateur : « Montée de la Latina d’extrême droite ». En question, un trio de portraits de jeunes femmes d’origine latino-américaine, républicaines, en course pour les élections : Mayra Flores, Monica De La Cruz et Cassy Garcia. Si le premier objectif semblait surtout, encore une fois, de lancer une campagne à charge et de discrédit, il se pourrait néanmoins que cette tendance soit véritable et façonne le Parti républicain de demain.
Alors que les élections de mi-mandat approchent à grands pas, tout est bon pour diaboliser l’adversaire, surtout quand les astres ne s’alignent pas dans le bon sens. Face à la débâcle attendue en novembre, le Parti démocrate avait annoncé miser sur l’électorat latino. Or, tout ne se passe pas comme prévu. À noter, d’ailleurs, que la gestion catastrophique de la frontière sud par le gouvernement Biden ne fait qu’aggraver les choses (les comtés frontaliers viennent d’annoncer « l’état d’invasion »). Les Latinos penchent de plus en plus côté républicain, même les médias affichés démocrates, comme le Wall Street Journal, le reconnaissent.
Et ceci, en réalité, depuis le mandat Trump. Ainsi, la société Catalyst, spécialisée dans l’analyse de données démocrates, précise qu’en 2020, les Latinos représentaient le dixième de l’électorat américain. Et bien que votant majoritairement démocrate (à 61 %), une part non négligeable de 8 points a basculé, de 2016 à 2020, vers le Good Old Party. Étonnamment, il s’agirait d’un phénomène global, non cantonné aux États du Sud seulement. À en croire l’analyse du réputé blog FiveThirtyEight, l’élément déclencheur de cet électorat repose sur le discours très politisé de la race en politique (rejet du mouvement Black Lives Matter, frontières ouvertes…). Se sentant plus Américains que Latinos, la position victimaire aurait bien eu raison de cette bascule à droite. D’autres analyses montrent aussi que la politique sanitaire des États liée au Covid pourrait avoir joué (beaucoup de Latinos parmi les « non essentiels »), comme en Pennsylvanie.
Quoi qu’il en soit, tout ceci se retrouve dans les urnes. Le premier grain de sable dans l’engrenage démocrate fut l’élection, mi-juin dernier, de Mayra Flores comme représentante de la vallée du Rio Grande (au Texas, et historiquement fief démocrate) au Congrès. La jeune femme de 36 ans, née au Mexique, détonne. Et tout d’abord par son positionnement politique. Son slogan « God, family, country » (ou « Dieu, la famille, la nation ») n’avait pas pour projet de parler aux modérés, loin s’en faut, mais plutôt de raviver les valeurs traditionnelles des électeurs. Même Elon Musk a avoué avoir voté pour elle !
Autre élément politiquement incorrect : pas d’autocensure dans sa communication. Clairement anti-Biden, dont elle remet en cause la légitimité, pro-vie assumée, très critique de la gestion migratoire frontalière, elle n’a pas la langue dans sa poche et n’est pas sans nous rappeler un certain Donald Trump. D’aucuns la qualifient de populiste, voire de complotiste ; peu importe.
Mais Mayra Flores n’est pas un cas isolé, notamment au sud du Texas. Cassy Garcia, candidate républicaine au Congrès, fut l’une des deux autres femmes attaquées par le New York Times. Interrogée par le journaliste Tucker Carlson, elle explique : « Ils me qualifient d’extrême droite car j’ai grandi dans une famille conservatrice et que je suis chrétienne. Ils ne partagent en rien les valeurs du sud du Texas. Les familles, ici, ne veulent pas de frontières ouvertes. Et c’est ce qui fait que de plus en plus de monde, dans mon district, votera républicain en novembre prochain. »
Quand on voit que la Latina Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate de 32 ans au Congrès, dans la ligne extrême de Bernie Sanders, fait toutes les unes des magazines à la mode, on constate encore le deux poids deux mesures. Être femme en politique, d’accord, mais uniquement à gauche.
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