Encore un tabou français : le trafic florissant de la viande de brousse

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Alors qu’on se décide enfin à se pencher sur le drame des paysans français et l’absurdité d’un monde qui les conduit à la ruine, il est bon de mettre en lumière un trafic extrêmement florissant sur notre sol mais dont personne ne parle : celui de la viande de brousse, dont le poids est estimé à 23 milliards d’euros par an (chiffres de 2021).

Rappelons, pour ce qui est du commerce légal, que 50 % des poulets et 56 % de la viande bovine consommés en France sont importés. Ce dont on parle ici se nomme pangolin, porc-épic, poisson capitaine, vipère africaine, varan, singe, antilope, agouti ou crocodile…

Un commerce illégal et juteux

En 2021, derniers chiffres connus en raison d’une grève des douaniers excédés par la pourriture découverte chaque jour dans les bagages, près de 25.000 tonnes avaient été saisies. Dans un communiqué à l’AFP, la direction des douanes des aéroports de Paris chiffrait à plus de 6.000 tonnes la « viande de brousse » strictement destinée à la consommation. Et dans un article révélateur – « La viande de brousse, un plat de fête illégal et de plus en plus cher pour la diaspora africaine en France » –, Le Monde déplorait que ces mets délicats soient de plus en plus rares dans les épiceries africaines du nord de Paris et seulement trouvables « par le bouche-à-oreille ».

Totalement ignorée des médias – parce qu’elle ne concerne que les populations allogènes ? –, la question ne semble guère préoccuper les politiques. Il aura fallu une saisie record en pleine période de Covid pour qu’on interroge le gouvernement sur le sujet. C’est Serge Babary, sénateur LR d’Indre-et-Loire, qui pose alors la question : 36 tonnes de « denrées périssables illégales » ayant été saisies sur le seul Terminal 2 de Roissy en 2021 - ce qui ne représenterait, selon les douaniers, que 10 % du trafic réel -, il demande quelles mesures « compte prendre le gouvernement, en urgence, pour garantir la sécurité sanitaire des Français et préserver ces espèces protégées dont la survie est menacée ».

Risques de transmission de maladies

Le ministère de monsieur Darmanin répond le 26 janvier 2023. Il pointe les risques de « transmission de certaines maladies tropicales graves et pathogènes à potentiel épidémique (Ebola, variole du singe, etc.), de risques bactériologiques liés aux mauvaises conditions de conservation ou à des contaminations chimiques dues aux procédés traditionnels de préparation ». Et « pour les cheptels européens : maladie du charbon, fièvre aphteuse, coronavirus bovins, etc. » Précision utile du ministère : « La vente de viande de brousse constitue une activité économique relativement lucrative, notamment dans certains quartiers du nord de Paris ou au travers de ventes illicites sur Internet (Facebook Market) » et de déplorer que « l'amende douanière (avec saisie et destruction) s'élève forfaitairement à 150 euros pour 15 kg » de marchandise saisie. Or, les prix de cette viande varient, aujourd’hui, de 80 à 200 euros le kilo !

Le ministère annonce la formation d’agents supplémentaires (700 à l’horizon 2024) et avance des hypothèses : « Afin d'accroître la lutte contre ce phénomène, des perspectives existent dans le renforcement des actions menées sur les plates-formes aéroportuaires de Roissy (95) et Orly (94), hub du Maghreb, par lesquelles pourraient (sic) transiter de grandes quantité de viande de brousse. »

Au moment où certains défilent contre la nouvelle loi Immigration, bien gentillette et bientôt détricotée selon les vœux du Président, alors que ceux-là pointent les dangers d’une réforme de l’AME qui mettrait notre santé en péril, qui se préoccupe des risques autrement plus réels créés par ces trafics ? Est-ce parce qu’ils sont organisés par des populations immigrées et à leur destination exclusive ? Je ne sache pas, en effet, que le ragout de pangolin, le steak de vipère ou la brochette de chauve-souris soient des plats prisés des Français, mêmes amateurs d’exotisme.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Si je me permets d’intervenir ici, c’est parce que je viens de terminer une longue carrière de lutte contre le braconnage dans différents pays d’Afrique francophone.
    J’ai travaillé au Sénégal (phénomène vraiment mineur là bas même si le Parc du Niokolo Koba souffre) mais là où c’est de l’extermination c’est notamment au Gabon, au Burkina Faso, au Bénin, en RCA, au Cameroun.
    Il faut bien réaliser que la viande de brousse se vend au vu et au su de tout le monde dans toutes les petites villes et qque, par exemple, on trouve absolument ce que l’on veut à Douala, ville surpeuplée, capitale économique du Cameroun. Quand j’interpelais quelqu’un, je devais payer pour que l’intéressé ne soit pas libéré sur le champs, je devais acheter sa condamnation, je devais payer son maintien en détention.
    Les armes que je saisissais étaient retrouvées rapidement en brousse : j’ai l’exemple d’une .375 H&H que j’ai saisie QUATRE fois. A la cinquième il lui est arrivé quelque chose : j’ai démonté la crosse et ai disqué le canon en enlevant environ sept millimètres de large sur vingt centimètres de long à la sortie de la chambre de la munition. J’ai également disqué la gâchette (au dessus de la queue de détente) et l’arrêt de gâchette sur la culasse. Si j’avais fait dispaaître l’arme, je n’aurais pas obtenu la condamnation du braco. Je précise que ce gars (et son équipe de porteurs) ne faisait que l’ éléphant.
    Dans tous les pays où j’ai bossé j’ai rencontre cela.
    Non seulement il y a la tradition mais, de plus, tant que la viande de brousse sera à mille CFA le kilo et que la viande de boeuf sera à 1300 … et plus cher encore, on ne pourra pas lutter.
    Les soi-disant anti-bracco locaux prélèvent leur dîme en argent et en viande. Par exemple au Sud du Cameroun on trouve dans tous les petits commerces de marché des « cables » qui servent donc à piéger tout ce qui est piégeable au câble. Les mini « restos » de brousse affichent leurs menus en indiquant l’animal consommé sans rien craindre.
    Le long des routes, aux abords des villes et des villages, des gens suspendent des animaux soit tirés, soit câblés.
    Quand un incident majeur survient lors d’interpellations (euhh enfin soit, vous voyez ce que je veux dire) il n’y a pas d’enquête : « CE » n’est pas arrivé, point barre sauf s’il est possible d’inculper l’ occidental qui cheffait l’opération.
    Pfff je pourrais vous écrire des anecdotes pendant des heures. Retenez que tout y passe : tout c’est tout, Girafes, volatiles rarissimes, éléphants, rongeurs de toutes natures, tous les félins par la concurrence entre l’éleveur et ce type de carnassier. Ils les empoisonnent et donc ils tuent aussi les hyènes qui les consomment, les chacals etc..

  2. C’est connu depuis des années que la majorité des maladies proviennent de 2 continents : l’afrique et la chine

  3. Souhaitons que ces gens là deviennent cannibales et se mangent entre eux afin de ne plus consommer de viande de brousse .

  4. C’est tout simplement UNE HORREUR : tant morale que matérielle !!

    J’ai aussi été alertée par un article dans le Figaro Magazine p.46 du 20/1/24
    SCANDALEUX le laisser faire dénoncé …

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