En choisissant le congrès pour désigner leur candidat, les Républicains ont-ils choisi Xavier Bertrand ?

Xavier-Bertrand-fait-savoir-qu-il-a-refuse-Matignon-a-Francois-Fillon-et-Nicolas-Sarkozy

Les militants LR ont tranché : pour désigner leur candidat à la présidentielle, ils préfèrent un congrès plutôt qu'une primaire. C'est le choix de « l'entre-soi », comme l'ont regretté les partisans d'une campagne plus ouverte, ce qui n'empêchera pas, bien au contraire, les manœuvres internes. Xavier Bertrand, l'ex-LR, pourrait bien en profiter.

Depuis des mois, les Républicains cherchent un candidat qui ne fasse pas trop mauvaise figure, voire qui puisse se qualifier pour le second tour. Aucun candidat ne s'imposant par sa stature, il fallait bien trouver le moyen de faire un choix. La primaire avait l'inconvénient d'inciter aux surenchères, sans compter qu'une surprise était toujours possible. Un congrès est moins risqué, mais si cette procédure a « l'avantage de la simplicité », comme l'a déclaré Jean Leonetti, elle « pourrait [aussi] être perçue comme un repli de choix "entre soi" ». Ce qui est paradoxal pour le futur candidat de la droite et du centre.

Le congrès devrait avoir lieu le 4 décembre. On ne sait pas encore si les militants LR auront le choix entre plusieurs candidats ou s'ils se contenteront d'en adouber un, au cas où un accord serait trouvé d'ici là. Le fait que Xavier Bertrand, qui a toujours refusé une primaire, soit prêt à se soumettre à un congrès semble bien signifier qu'il a bon espoir de devenir le candidat du consensus. Toute la procédure mise en place n'aurait-elle donc pour objectif que de mieux faire passer la pilule, sous une apparence démocratique ?

Chacun a pu observer comment tous les candidats potentiels ont soudainement mis en avant les thèmes de l'immigration, de la sécurité, voire de l'identité française pour la seule raison que ce sont des préoccupations majeures d'une grande partie de l'électorat. Le clientélisme n'est pas réservé à certaines banlieues dites sensibles, il provoque les conversions les plus inattendues chez des politiciens prêts à tout pour l'emporter. Xavier Bertrand, élu en 2015 président des Hauts-de-France grâce au désistement du candidat de gauche, n'est pas le dernier à prendre ce cap.

Lors des élections régionales, il a répété que le Rassemblement national était son « seul et unique ennemi ». Tout laisse à penser qu'il en sera de même pour l'élection présidentielle. Pour faire un score honorable et avoir des chances d'être le fameux candidat de la droite et du centre, il doit cependant jouer sur les deux tableaux, quitte à prendre des positions proches de celles de Marine Le Pen ou d'Éric Zemmour pour se faire bien voir de la droite LR. Libre à chacun de croire à la sincérité de ces conversions soudaines ou de juger de leur opportunisme.

Il est à prévoir qu'avant ou après le congrès LR, des tractations auront lieu pour que les autres prétendants trouvent de bonnes raisons de se rallier à l'heureux élu : promesses de portefeuilles pour les uns, d'investitures pour les autres, tous les moyens seront bons pour sauvegarder les apparences de l'unité. Xavier Bertrand serait bien placé pour élaborer une recette avec tous les ingrédients susceptibles de plaire à suffisamment d'électeurs pour se qualifier au second tour, fussent-ils disparates. Si jamais ce n'était pas le cas, il appellerait allègrement à voter pour Macron. Les électeurs de droite qui seraient tombés dans le piège seraient, une fois de plus, cocufiés.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois