Emmanuel Macron : le péril jeune ?

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Officiellement, le Président en exercice n’est pas candidat à sa propre succession ; mais un peu, tout de même, tel qu’en témoignent ses voyages à répétition : Bagdad à l’international, Marseille au national ; même si cet adjectif peut aujourd’hui prêter à caution, vu l’état de déliquescence de la deuxième ville de France.

En revanche, s’il fallait conserver ce brin de mystère consubstantiel à la magistrature suprême, Christophe Castaner, patron des députés LREM à l’Assemblée, l’aura tôt éventé, fort de cette subtilité devenue chez lui marque de fabrique : « Notre responsabilité est de préparer le terrain, pour lui, ou en tout cas pour un candidat progressiste tant qu’il n’est pas officiellement en lice. Nous sommes entrés en campagne et on assume. »

Et c’est La Croix qui nous en dit plus : « Dans un mois de septembre scandé par les primaires, à gauche comme à droite, la Macronie veut “garder la main sur le tempo”, en multipliant les opérations de promotion de son champion. “L’objectif est de suivre notre propre planning, pas de se laisser rythmer par les autres en espérant qu’ils se plantent”. »

 

On peut donc voir dans l’actuelle offensive adulescente menée par les JAM (les Jeunes avec Macron) sur Internet, depuis le 1er septembre, la volonté de faire d’Emmanuel Macron le futur héros d’une série télévisée intitulée « Macron, Président des jeunes », le tout aux couleurs de Netflix, une manière officieuse de lancer cette campagne rechignant à dire son nom. L’opération devrait, d’ailleurs, être doublée d’une campagne d’affichage allant, justement, dans les campagnes les plus reculées, pas forcément ses terres de prédilection électorales. Le slogan ? « Macron, président des jeunes. Vivement qu’on signe pour cinq saisons de plus. »

Certes, l’exercice ne date pas d’hier. D’un Lionel Jospin chantant « Les Feuilles mortes » chez Patrick Sébastien à François Mitterrand reprenant un Yves Mourousi, fesses calées sur le bureau élyséen, à propos des élégances langagières du moment, « câblé » plutôt que « chébran », avant de laisser faire l’opération « Tonton laisse pas béton », innombrables sont les reniements de cette autorité monarchique dissimulée sous les fastes de la Cinquième République.

Comme toujours, un pas de plus aura été franchi ; non point pour gravir l’escalier de l’excellence, mais plutôt celui permettant de dégringoler dans les sous-sols. La preuve en est ce logo, « Macron », dont la typographie est précisément celle de Netflix. Du temps de Tonton, tout cela demeurait à peu près français. Ce n’est aujourd’hui plus le cas.

« Être dans le vent n’est jamais qu’une ambition de feuille morte », disait le défunt et regretté philosophe Gustave Thibon… Macron se veut donc à la mode, avant d’être démodé. D’où le jugement cruel de Philippe Vardon, conseiller RN en PACA, jugeant cette campagne « lugubre » et « ringarde ». Dieu que les jeunes sont méchants et ne respectent plus rien, même leur Président…

Il ne reste donc plus qu’à espérer que les futurs candidats à l’élection présidentielle ne s’inspirent pas plus que ça de la stratégie élyséenne, au risque d’être rabaissés à de simples analogies télévisuelles. Xavier Bertrand, L’Homme du Picardie ? Valérie Pécresse, Pause-café ? Éric Zemmour, Les Envahisseurs ? Sandrine Rousseau, Ma Sorcière bien-aimée ? Michel Barnier, L’Homme invisible ? Yannick Jadot, Game of Thrones ? Jean Lassalle, L’Incroyable Hulk ? Sans oublier Marine Le Pen en Julie Lescaut

Il ne faudra pas, ensuite, s’étonner que les Français boudent les urnes.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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