Emmanuel Macron bientôt chanoine ?

Ah, ce titre de premier et unique chanoine honoraire de Saint-Jean-de-Latran... Il en fait couler, de l’encre, lorsqu’un nouveau Président prend possession du palais de l’Élysée ! Acceptera-t-il le titre ? Si oui, ira-t-il recevoir au cœur de la Rome éternelle les honneurs liturgiques que lui confère ce prestigieux canonicat ? Le journal La Croix nous apprend qu’Emmanuel Macron a écrit au chapitre de la basilique pour accepter ce titre honorifique hérité de nos rois, tombé en désuétude à la chute du Second Empire et réhabilité en 1957 par René Coty, dernier président de la IVe République. Cette lettre laisserait même entendre que le Président viendra en prendre possession.

Sur cette question, depuis le général de Gaulle, nos Présidents se classent en deux catégories.
Ceux qui acceptèrent le titre et allèrent prendre possession de leur stalle dans cette basilique, la première, la plus ancienne de la chrétienté, l’église-cathédrale de l’évêque de Rome : le général de Gaulle en 1967, Valéry Giscard d’Estaing en 1978, Jacques Chirac en 1996 et Nicolas Sarkozy en 2007. Et puis ceux qui se contentèrent d’accepter le titre mais ne vinrent jamais goûter au parfum de l’encens auquel ils ont droit : Georges Pompidou, François Mitterrand et François Hollande. Aucun président de la Ve République n’a donc refusé. Même François Hollande agréa officiellement cet antique honneur "au nom de la tradition". Sans préciser de quelle tradition il s’agissait. Il y a, décidément, des mots tabous dans la bouche de celui qui ne parla pas toujours d’or.

L’acceptation du titre et, plus encore, sa prise de possession sont et seront une magnifique occasion, pour les tenants d’une laïcité de stricte observance, de hurler contre la calotte et nous pouvons d’ores et déjà imaginer les envolées lyriques de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée. Du pain bénit !

Ce sera aussi une belle occasion pour le troupeau de brebis, qui a massivement voté Emmanuel Macron en mai dernier, de se donner bonne conscience. Rappelons, en effet, que 62 % des catholiques pratiquants et même 71 % des pratiquants réguliers (selon un sondage IFOP réalisé pour La Croix et Pèlerin) ont voté pour le candidat d’En Marche ! Celui-là même qui avait pourtant inscrit noir sur blanc dans son programme la PMA pour les couples de femmes. Et l'on sait qu'il fait ce qu'il dit...

Mais la visite symbolique à Saint-Jean-de-Latran, qui n’est pas programmée pour l’instant, ne peut pas s’imaginer sans une visite au pape. Tous nos présidents de la République sous la Ve République s’y sont pliés : avec ou sans génuflexion, visite d’État ou visite privée, en jaquette ou en complet veston. Évidemment, entre la visite du général de Gaulle et celle de Nicolas Sarkozy, quarante années se sont écoulées, la télé couleur et la vulgarité ont fait leur apparition. Entre un général de Gaulle, portant le collier de l’ordre du Christ, accompagné de Tante Yvonne en mantille et du très austère et huguenot Couve de Murville, et un Nicolas Sarkozy, accroc de son iPhone, flanqué de Jean-Marie Bigard, il y a des années-lumière : plus qu’entre les croisades et Mai 68 !

Au-delà des images destinées à faire la une de Match et à rassurer les dames catéchistes, il n’empêche que la rencontre du chantre d’un mondialisme heureux avec celui qu’on croirait parfois pédégé d’une ONG sera des plus intéressantes. Car les sujets qui fâchent ne manquent pas : expansionnisme de l’islam, chrétiens d’Orient, migrations massives, place de la famille dans la société, PMA, GPA, respect de la vie de la conception à la mort et, plus largement, transhumanisme. Des sujets de convergence, sans doute, mais aussi de divergence, incompatibles pour le coup avec le fameux « en même temps ».

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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