Emmanuel Macron, la bête noire de Michel Onfray

Il est un site que vous devriez plus souvent regarder et écouter, celui de Michel Onfray, philosophe, auteur prolifique et observateur sans concession de la vie politique française qu'il dissèque avec le talent oratoire que tous s'accordent à lui attribuer. Sauf notre Président : il a pris en grippe ces philosophes qui se permettent de le critiquer à longueur d'écrits et d'antenne.

Il est nécessaire de rappeler ce que, du haut de son trône, Jupiter avait déclaré à propos de Michel Onfray et autres philosophes : "Ils ne m'intéressent pas tellement. Ils sont dans les vieux schémas. Ils regardent avec les yeux d'hier, le monde d'hier. Ils font du bruit avec de vieux instruments. Pour une large part d'entre eux, ça fait longtemps qu'ils n'ont pas produit quelque chose de renversant. Du reste, ils proposent quoi ? Ils sont sur leur Aventin. Ils n'aiment pas l'action politique mais vivent de son commentaire. Ils sont devenus des éditorialistes. Des esprits tristes englués dans l'invective permanente. Ce qu'ils détestent, c'est l'idée même d'une réconciliation."

Alors, Michel Onfray, qui se déclare de gauche mais dont les droites n'auraient souvent pas honte de sa pensée, se lance dans l'anti-macronisme le plus absolu. Le traitant, ce 11 mai, au micro d'Europe 1, de petit garçon, et sur sa propre antenne, étudiant ses faits et gestes à travers le microscope de ses célèbres lunettes. Pour lui, Macron est un "gamin" : "Cette façon de tenir la main de son épouse en perma­nence, je ne trouve pas ça digne", oubliant, en fait, que la vraie raison en est peut-être que Brigitte Macron, avec ses talons hauts, perd souvent l’équilibre et qu'il est le seul, discrètement, à lui éviter de chuter… Mais cela est une autre histoire.

Rien n'échappe à ce regard aiguisé qui, chaque semaine, fait le bilan d'un homme élu par défaut avec 24 % des électeurs, comme il le rappelle aussi souvent qu'il le peut. Onfray dénonce le comportement infantilisant du Président : "Il prend les Français pour des demeurés." En bref, le philosophe estime que son élection a été fabriquée par un bourrage de crâne médiatique qui ne laissait aucune chance à son opposant. Surtout que celui-ci devait être obligatoirement celle-là : il fallait que l'ancien ministre de l’Économie ait, en face de lui, Marine Le Pen qui incarne le diable, c'est-à-dire Hitler, alors que Macron, lui, c'était de Gaulle.

"La dictature façon Macron est là. Ce n'est ni une dictature casquée, ni armée, ni bottée, mais c'est une tyrannie moderne" : Michel Onfray n'a pas peur d'exagérer son jugement. Pour lui, Macron n'est pas un démocrate. Il est non seulement le Président des riches - même si celui-ci affirme que les riches n'ont pas besoin d'un Président -, mais celui qui fait croire au bienfait de la vaseline à des électeurs se pensant à gauche.

Oui, nous explique le philosophe, Macron a permis à notre immature jeunesse qui l'a porté au pouvoir pour le rejeter un an après de jouer à Jean Moulin à peu de frais. Il leur a suffi de siroter une limonade en terrasse pour se croire résistants au fascisme incarné par Marine Le Pen.

Alors, "Happy Birthday, Mr. President" souhaite, dépité, l'un des philosophes les plus lus de la planète.

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Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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