Elon Musk et Twitter : le feuilleton sans épilogue

Elon Musk, serial entrepreneur, at TED2013: The Young, The Wise, The Undiscovered.  Wednesday, February 27, 2013, Long Beach, CA. Photo: James Duncan Davidson
Elon Musk, serial entrepreneur, at TED2013: The Young, The Wise, The Undiscovered. Wednesday, February 27, 2013, Long Beach, CA. Photo: James Duncan Davidson

Nouveau rebondissement dans l’affaire du rachat de Twitter par Elon Musk. L’homme le plus riche du monde a exprimé son désir, hier, de mener l’offre à son terme. Les discussions s’étaient essoufflées, ces dernières semaines, Elon Musk accusant Twitter de manquer de transparence quant à la présence massive de faux comptes sur la plate-forme. Mais cette fois-ci semble être la bonne. D’après les informations de Bloomberg, Musk aurait contacté Twitter et fait savoir qu’il acceptait finalement le rachat pour la somme de 44 milliards de dollars. Plus qu’une simple transaction financière, l’acquisition de Twitter par le fondateur de Tesla et SpaceX le propulserait dans le club très fermé des patrons des plus grands médias sociaux du monde ; petit entre-soi californien recroquevillé sur une idéologie progressiste qu’Elon Musk est loin de partager.

X : « L’application de tout », ou la réponse de Musk à Facebook et à la Chine

Elon Musk est resté, contrairement à ses habitudes, particulièrement discret sur sa nouvelle offre de rachat. L’homme d’affaires s’est toutefois fendu d’un mystérieux tweet : « Acheter Twitter est un accélérateur pour créer X, l’application de tout. » Vieux projet ressorti du placard en 2017, « X » est un concept d’application visant à regrouper le plus de fonctionnalités possibles : social, shopping, business ou bancaire ; il s’agirait, en fait, d’une « superapp » comparable aux géants chinois « Wechat » ou « Alipay ». Les GAFAM semblent s'intéresser de plus en plus à la mise en place de ce type d’application, bien qu’ils rencontrent de sérieuses difficultés sur leur chemin. Marck Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a tenté d’emprunter cette voie avec Meta, une maison mère regroupant Facebook, Instagram, WhatsApp et une myriade de logiciels additionnels comme des outils de paiement en ligne ou des marketplace pour acheter des produits d’occasion. Pour le moment, le succès escompté n’a pas été rencontré…


Elon Musk, champion de la liberté d’expression ?

Avec cette histoire de rachat, les observateurs de la vie politique s’invectivent. Elon Musk n’a jamais caché son penchant libertarien et a déjà communiqué à plusieurs reprises sa volonté de refaire de Twitter un « espace de liberté d’expression ». En face, les partisans de la pensée dominante, récalcitrants envers « une vision débridée de la liberté d’expression », pour paraphraser le chercheur Olivier Hamant, s’inquiètent de la prise de contrôle de Twitter par Musk. En mai dernier, le milliardaire sud-africain a rencontré, en visio-conférence, les employés de Twitter. L’occasion, pour lui, de rappeler à ses probables futurs salariés les changements radicaux qui surviendront une fois l’acquisition terminée. Ainsi, la politique de modération de Twitter sera assouplie, Musk regrettant de son propre aveu l’orientation « politiquement à gauche » de la plate-forme à l’oiseau bleu et désirant pour celle-ci un positionnement « plus impartial ».

Twitter entre les mains de Musk : l’enjeu politique de la décennie ?

Derrière cette affaire de gros sous, impossible de ne pas voir planer l’ombre de la politique américaine. Tout d’abord, Elon Musk a fait part de son intention de mettre fin au bannissement de Donal Trump sur le réseau social ; un Donald Trump qui caracole en tête des sondages pour l’élection présidentielle de 2024. Si le PDG de Tesla et SpaceX se dit « modéré » sur le plan politique, il revendique des positions ouvertement conservatrices. Musk a d’ailleurs jeté son dévolu, pour cette élection, sur Ron DeSantis, le gouverneur républicain de la Floride, extrêmement populaire aux États-Unis et fervent critique de l’administration Biden. Elon Musk s’en est aussi pris frontalement au parti démocrate qu’il a qualifié de « parti de la haine et de la division », de quoi hérisser les poils de la gauche américaine qui, à l’horizon 2024, ne pourra plus compter sur Twitter pour censurer ses opposants politiques.

En attendant, les dirigeants du réseau social ont accusé réception de la nouvelle proposition du milliardaire et les tractations risquent de durer encore un peu… Alors, Elon Musk et Twitter, suite et fin, ou bien nouvel épisode d’un feuilleton interminable ?

Vos commentaires

12 commentaires

  1. « Elon Musk accusant Twitter de manquer de transparence quant à la présence massive de faux comptes sur la plate-forme.  » Abasourdi, j’apprends que ce parangon de vertu (au point d’éliminer sans appel toute tête non conforme) se laisserait aller à des arrangements avec l’honnêteté? les bras m’en tombent.

  2. Le problème avec ces milliardaires est la concentration du pouvoir qu’ils en retirent. Et je crains qu’Elon Musk ne fasse pas exception à la règle. Il suffit de voir son ambition concernant l’intelligence artificielle : se prendre pour Dieu ou son corollaire n’est certainement pas l’avenir de l’Homme (n’en déplaise aux féministes…) . Le précurseur du Crépuscule ? La réponse est dans ce paradoxe.

    • « Le problème avec ces milliardaires est la concentration du pouvoir qu’ils en retirent. » C’est inévitable dans un monde dominé par le puritanisme américain et où le veau d’or est devenu l’unique valeur suprême. La seule façon de s’en sortir sera de retrouver un peu de spiritualité et d’humanisme. Mais ce n’est pas notre personnel politique (de type mafieux) ni notre Ecole qui va nous y aider!

  3. >>> Les GAFAM semblent s’intéresser de plus en plus à la mise en place de ce type d’application, bien qu’ils rencontrent de sérieuses difficultés sur leur chemin. <<<

    Et pour cause !
    Ce "type d'application" est l'outil parfait pour parvenir au triomphe de la pensée "mondialiste" telle qu'elle est apparue au grand jour au début des années 1970, à savoir :
    : "La concentration de toutes les activités socio-économiques planétaires dans un conglomérat d'une quarantaine (au maximum) de super-compagnies. Ce système permettant la mainmise d'une poignée d'apprentis-socrciers pervers-narcissiques sur la marche du monde.
    Elon Musk est un fervent partisan de cette méthode. Simplement, ce qu'il recherche, c'est à devenir le "leader" de cette poignée de "super-leaders".
    Evidemment, nous sommes loin, ici, du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" cher à de Gaulle, aux gaullistes… et à quelques autres collègues tout autour de la planète !

  4. On en a donc encore pour 2 ans de Guerre en Europe pour voir la fin avec le retour de Trump soutenu par les sondages et E. Musk Twitter….sauf s’ILS ont décidés que le Monde devait rester en arrêt sous cloche….
    Nous sommes bien devenus une Colonie à ne pas pouvoir mener notre politique économique en Etat indépendant, c’est à dire avec notre Energie Nucléaire, notre Régalien, nos Richesses en Terre, et inventions, etc…Pourtant Macron a dit que la Colonisation c’était un crime contre l’Humanité !

    • « On en a donc encore pour 2 ans de Guerre en Europe pour voir la fin avec le retour de Trump. » Un espoir : la Constitution américaine a confié les cordons de la bourse gouvernementale aux parlementaires qui seront probablement à majorité républicaine le mois prochain. Il suffira alors qu’ils coupent les vivres à Biden pour que la guerre s’arrête. Miraculeusement.

  5. Pour que le mariage ait lieu il a fallu nettoyer la mariée . On s’aperçoit ainsi qu’avant de publier les bans les gazouilleurs ont ainsi perdu un grand nombre de leurs effectifs annoncés . Enfin on y voit plus clair et Musk n’a pas eu à faire lui-même cette toilette opportune. Ainsi doit-on épousseter la couronne de mariée sous sa vasque de verre avant de la présenter à « Marché Conclu » . Désormais Twitter assaini ne pourra plus jouer son rôle perfide lors d’élections démocratiques .

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