L’élection de l’Insoumis Éric Coquerel à la tête de la très puissante et prestigieuse commission des finances à l’Assemblée nationale, certains diront que c'est un peu le casse du siècle. Mais un bon casse fonctionne sans casse s'il y a des complices dans la place ! C'est, semble-t-il, ce qui s'est passé.

Avant toute chose, il est bon de revenir au texte. Que dit, en effet, l’article 39 du règlement de l’Assemblée nationale : « Ne peut être élu à la présidence de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition. » Donc, si l’usage a voulu depuis plusieurs législatures que la présidence revienne à un député du groupe d’opposition le plus nombreux, stricto sensu, ce n’est pas ce qui est écrit dans le règlement. Du reste, lorsque, cet hiver, Éric Woerth, tenant du poste durant la dernière législature, a rejoint la majorité présidentielle, il n’était pas obligé, toujours stricto sensu, de quitter son poste puisque c’est la situation au moment de l’élection qui est prise en compte : lorsqu’il fut élu en 2017, il était bien membre de l’opposition. S’il faut obligatoirement élire un député de l’opposition à la présidence, le règlement ne précise pas non plus si la majorité ne doit pas prendre part au vote. L’usage veut qu’elle n’y participe pas, ce à quoi les députés de la majorité (Renaissance, MoDem, Horizons) se sont conformés.

Ces points de règlement précisés, quel est le rapport de force de l’opposition dans cette commission ? 11 députés RN, 8 LR, 20 NUPES (3 écolos, 4 socialistes, 10 LFI, 3 communistes), 2 du petit groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) avec le très chevronné Charles de Courson et l’autonomiste corse Michel Castellani. Donc, sur le papier, l’élection du candidat RN Jean-Philippe Tanguy s’avérait d’emblée très compliquée. Face à la NUPES, il aurait fallu que les députés LR et LIOT votent pour lui. Cela n’a pas été le cas, d’autant que les LR ont maintenu leur candidate, la députée de l’Orne Véronique Louwagie. Si la candidature de Tanguy était donc au départ fort compromise, celle de Véronique Louwagie l’était a fortiori. Aussi, on peut se demander si, en maintenant cette candidature au troisième tour, les LR n’ont pas préféré jouer la politique de la terre brûlée en faisant élire l’Insoumis. En clair, freiner la marche du RN vers, non pas sa dédiabolisation – ça, c’est fait -, mais vers son « institutionnalisation » (un groupe solide de 89 députés, deux vice-présidences : du jamais-vu !), au détriment d’un parti LR à 61 députés, certes titulaire de la questure en la personne d’Éric Ciotti, mais sans aucune vice-présidence.

Maintenant, il est évident que les LR ne sont pas seuls responsables de la prise par l’extrême gauche de ce poste convoité. En effet, Charles de Courson, qui était candidat, s’est retiré pour le troisième tour après une suspension de séance. Y a-t-il eu des tractations pour que des députés LR et RN se portent sur la candidature de Courson et que ce dernier, craignant d’être élu grâce aux « voix de l’extrême droite », ait préféré se retirer ? L’hypothèse tient la route, quand on sait que Coquerel a été élu avec 21 voix (alors qu'il en avait obtenu 20 aux deux premiers tours), contre 11 pour Tanguy (le nombre de députés RN), 9 pour Louwagie (une de plus que le nombre de députés LR) et que Jean-Luc Mélenchon aurait appelé Charles de Courson pour le remercier d’avoir « respecté les valeurs du front républicain », selon une information donnée par BFM TV.

Quoi qu’il en soit, cette puissante commission est désormais présidée par un Insoumis, ancien membre de la Ligue communiste révolutionnaire, ce dont, d'ailleurs, LR et majorité présidentielle devraient parfaitement s’accommoder puisque les postes de rapporteur général, vice-présidents et secrétaires ont échu à tout ce petit monde… sauf au RN ! Cela fait mentir déjà les propos du tout nouveau président Coquerel qui déclarait, jeudi à midi : « Je serai le président de toute la commission. » De toute la commission, mais pas de tous les membres de la commission...

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30 juin 2022 à 21:35

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57 commentaires

  1. Je répète mon commentaire d’hier, laissé indifférent…
    41 voix exprimées sur 577 ? 536 abstentions !
    Pour un Poste jugé comme Majeur ? Ca commence mal… sans parler de la suite !

  2. L’extrême gauche va pouvoir éplucher les comptes des autres et agir en conséquence….belle aubaine!

  3. 84 % des français choqués par cette élection ! Sondage réalisé sur le Figaro. Comment ne pas être choqué par cette élection. E. Coquerel qui a soutenu le terroriste Georges Ibrahim Abdallah, condamné pour complicité d’assassinat de diplomates américains et Israëliens , mais aussi il soutenu l’occupation par des migrants de la Basilique St Denis, là où sont enterrés plusieurs rois de France. LR , ne ressort pas grandi par son soutien à Coquerel, c’est aussi grâce à eux , que Coquerel a été élu.

  4. Maintenant qu’il est au pieds du mur la trahison de ses électeurs devrait commencer.
    Les mensonges et la corruption vont se suivre et présenter le vrai visage du parti communiste. Si certains ignorait ce que c’est, ils vont le découvrir.
    Curieusement, les promesses de campagne vont fondre comme neige au soleil. Les doux rêveurs qui ont mordus à l’appas comprendront vite.

  5. élu à la commission des finances un individu qui y connait rien merci aux LR d’avoir contribués à son élection .

  6. Militant LR il faut quitter ce parti comme je viens de le faire ils ont tout fait pour faire élire cet individu de l’extrême extrême gauche

  7. Triste figure que nous montre les LR , ils préfèrent s’acoquiner avec les Islamo gauchistes, que penser de ce parti en perte de tout repère , des orphelins qui vont se ranger chez Macron souhaitant un ciel plus radieux , oubliant souvent ceux et celles qui les ont élus , et pour le petit restant chercher des compromis ou plutôt des compromissions; pas prêt de se relever ces « Les Ringards »

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