Églises dégradées : « On est en train de payer 50 ans d’immobilisme »

Eglise de l'Immaculée Conception, Saint-Omer.
Eglise de l'Immaculée Conception, Saint-Omer.

L’année 2024 a été particulièrement éprouvante, pour les lieux de culte chrétiens en France, confrontés à une hausse alarmante des dégradations. Selon des informations du ministère de l’Intérieur, révélées par Europe 1, ce lundi 3 février, près de 50 incendies et tentatives d’incendies criminels ont été recensés, au cours de l’année écoulée, contre 38 en 2023, soit une augmentation de 30 %. Parallèlement, les vols et cambriolages dans les églises ont également progressé de manière inquiétante, enregistrant une augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente, avec 288 incidents relevés, contre 270, en 2023.

Pour Alexandra Sobczak, fondatrice de l’association Urgences Patrimoine qui œuvre à « lutter contre les démolitions de notre mémoire collective », le vrai problème se situe au niveau de l’État, dont l’inaction pour protéger nos églises est « le plus grand acte de vandalisme ».

La désertion de l'État dans la protection du patrimoine religieux français

Si l'augmentation de ces feux volontaires alerte sur la haine antichrétienne, sans réaction particulière du gouvernement, pour Alexandra Sobczak, il ne faut pas oublier l’incident « technique » qui couvre une bonne partie de ces feux qui ruinent le patrimoine religieux français. Selon le recensement des édifices brûlés lancé par son association, parmi ces incendies, un grand nombre est attribuable à des problèmes d’installations électriques, à des contrôles souvent ignorés bien qu’obligatoires, à des départs de feux sur des chantiers… Et là aussi, que fait l'État ?

Alexandra Sobczak persiste : certes, la dégradation des églises de France est majoritairement imputable à leur abandon progressif, mais c’est bien parce que l’action des élus n’est pas à la hauteur du travail à accomplir. Elle est même largement insuffisante. « Avec un budget de 3.000 à 5.000 euros, on peut réellement sécuriser un édifice », affirme-t-elle, en plaidant pour une installation massive de caméras de vidéosurveillance. Si, au début de l’année 2022, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait alloué une enveloppe de 4 millions d’euros au renforcement de la protection des lieux de culte, force est de constater que cette somme reste bien en deçà des besoins de nos églises, que la Conférence des évêques de France estimait, en 2016, au nombre de 40.307. Des édifices qui sont à la charge de l’État.

« Il n’y a que quand ça crame qu’on les restaure »

Si tant d’églises subissent les affres du temps sans que l'État ne se mobilise, c’est parce qu’il ne veut plus se donner la peine de préserver ces pierres, reflets de notre civilisation, faute d’attribution de budget… ou de ministres compétents, se désole la fondatrice d’Urgences Patrimoine. Certains prennent même le parti de préférer la destruction d’un bijou d’architecture plutôt que trouver les fonds pour le restaurer, comme ce fut le cas de la chapelle Saint-Joseph de Lille, mise à terre en 2021, à coups de bulldozers. Un sort que connaît, chaque année, un certain nombre d’édifices religieux, pas assez chanceux pour susciter ni intérêt ni médiatisation.

« Il faut brûler nos églises, il n’y a que quand ça crame qu’on les restaure », provoque Alexandra Sobczak, en constatant l’ébullition médiatique et politique lorsque l’un de ces tristes événements est relayé. Quand l’église de l’Immaculée Conception de Saint-Omer avait été incendiée par un pyromane multirécidiviste, l’émotion avait suscité de généreux dons, parmi lesquels une enveloppe de 1 million d’euros offerte par la famille Dassault.

Alexandra Sobczak préfère prévenir plutôt que guérir : « Trouvons de l’argent pour éviter les drames, ça coûtera beaucoup moins cher », résume celle qui se bat pour que le « petit patrimoine », qu’elle appelle aussi « patrimoine de proximité », puisse voir encore d’autres jours et soit transmis à d’autres générations.

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Il ne faut être ni pessimiste ni injuste ( je sais de quoi je cause; je m’occupe bénévolement de restauration d’un édifice ). Bon, ça pourrait être mieux, mais il y a des aides, subventions et souvent ( pas toujours ) bienveillance. Pas toujours pour « tout » refaire, mais afin de parer au plus pressé. Lorsque je me ballade ( dans des villes et surtout des villages, beaucoup d’ églises sont en réfections, travaux, et les résultats sont émouvants. Cela se fait à bas bruit, mais ça se fait. Je ne suis pas pessimiste sauf, s’il venait à l’idée de ? de dire qu’il « faut faire des économies » etc Il faut sauvegarder son Patrimoine !

  2.  » Selon le recensement des édifices brûlés initié par son association,  » : initier est un américanisme (un de plus ! ) . Il faut dire  » effectué  » Vous autres journalistes êtes trop souvent responsables , hélas, de la dégradation de notre langue , ceci par paresse et traduction hâtive de la presse anglo-saxonne !

  3. Quand on fait du social on ne plus d’investissements ni de l’entretien des édifices publics où religieux qui sont là responsabilité de l’état . L’entretien de voies communales voire départementales c’est du même acabit . alors il ne faut pas s’étonner du gâchis quand on veut changer des vitraux de ND pour en mettre des contemporains.L’état Français dépense sans compter . Pour se gonfler de Gloire,les Gueux n’auront plus le droit de rouler et se déplacer en voiture critaire 3 dans ce pays ne serait ce pour travailler voire se soigner.

  4. L’entretien des églises revient aux municipalités. Mais bien des maires n’ont aucune notion d’économie. Et pourtant, ils conduisent leur foyer. S’ils souhaitent acquérir une voiture, ils mettent de l’argent de coté, en prévision de son financement. Même démarche pour nos églises. Leur entretien relève de prévisions budgétaires, de réserves annuelles retenues. Simple volonté de bonne gestion.

  5. On sait très bien qui et pourquoi degrade ou incendie les églises mais chut pour l’instant ce sont des malades. Depuis 40 ans nous avons des politicouards qui dirigent la France dans le mur. Le politiquement correct et la langue de bois sont un poison pour notre nation.

  6. Les principaux responsables sont les membres ramollis du clergé qui ne protestent que mollement et acceptent toutes les concessions. À commencer par leur chef François qui n’a que des méchancetés à adresser aux catholiques fidèles.

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