Denis Baupin ne renonce pas : il est innocent des agressions sexuelles dont ses anciennes camarades d’Europe Écologie Les Verts l’accusent depuis mai 2016. Ironie du sort ou pas, son procès s’est conclu, le 8 février, sur un réquisitoire contre son plaignant, c’est-à-dire lui-même. L’ancien député peut, cependant, compter sur un soutien de poids, à savoir son épouse Emmanuelle Cosse, qui dirigeait le mouvement de 2013 à 2016. Mais, comme souvent, le coup fatal est venu d’une camarade. Soupçonnée, comme Mme Baupin, d’avoir mis sous le tapis le scandale, Cécile Duflot a déclaré à la barre, et non sans larmes, qu’elle a été également la victime.

Qui avait intérêt à stopper les ambitions du couple Baupin-Cosse ? Et comment oublier que l’ex-dirigeante d’Act Up Paris et l’ex-secrétaire nationale des Verts et d’EELV (de 2006 à 2010) étaient des amies durant de longues années ? Enfin, comment ne pas sourire lorsqu’on sait que Baupin militait très officiellement pour la dénonciation des violences sexuelles lorsqu’il était le vice-président de l’Assemblée nationale de 2012 à 2016 ? Toutes ces personnes mangeaient et buvaient ensemble. C’était, alors, le temps de tous les espoirs pour l’éolienne, la légalisation du cannabis et le végétalisme à marche forcée. Cécile, Emmanuelle, Denis… et les autres.

Sandrine Rousseau a été la première à dénoncer M. Cosse. Subitement, Baupin est devenu à l’image "le prédateur sexuel". L’ex-porte-parole d’EELV a, évidemment, eu le "courage" de briser la loi du silence du parti écologiste. Son livre consacré entièrement à ce seul sujet (intitulé Parler) avait suscité des crises de nerfs sur le plateau du talk-show "On n’est pas couché" du 30 septembre 2017, notamment grâce à la reine Christine (Angot), auteur, en 1999, d’une autofiction motivée par la violence incestueuse que cette dernière avait subie durant son enfance (L’Inceste). Décidément, la frontière est devenue excessivement poreuse entre la compassion et l’hystérisation.

Peut-on encore aimer la vérité à l’ère de l’émotion perpétuelle ? En effet, ces femmes-là auraient toutes été des victimes, et ce, comme les migrants, les animaux, les légumes verts ou les arbres desséchés. À sa manière, Cécile Duflot constitue la synthèse entre le féminisme et l’écologisme. Pour ce faire, il fallait s’entourer : Jean-Vincent Placé (cet ex-compagnon a fait parler de lui depuis : alcoolisme, agressions, etc.) et Xavier Cantat (le frère aîné du très obscur Bertrand Cantat, ex-leader du groupe Noir Désir). Du haut de sa voix chevrotante, Cécile Duflot s’est toujours située entre la "gauche caviar" et la "gauche pétard" : entre le poids des mots et le choc des photos.

Denis Baupin avait pourtant expliqué, dans L’Obs du 1er juin 2016, qu’"il a pu y avoir des situations de libertinage incompris". En attendant, Dame Cécile ne reconnaît pas son erreur philosophique de fond : le parti pour qui il est historiquement "interdit d’interdire" a usé et abusé d’un puritanisme dévoyé pour se faire bien voir. S’agit-il toujours d’incarner le camp du bien à tout prix ? À travers cette affaire, la gauche morale se prend enfin les pieds dans le tapis. Pour le reste, des questions demeurent. Seulement, une chose est certaine : Denis Baupin n’est sans doute pas un agneau, mais Cécile Duflot n’est certainement pas un ange.

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12 février 2019 à 17:40

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