Éducation nationale : des établissements acculés par la pénurie de professeurs

Gabriel Attal

« Dès la rentrée de septembre 2023, le collège est confronté à la nomination de quatre personnels enseignants. » Dans un courrier envoyé aux parents d’élèves, le principal du collège François-Mauriac, sis dans la commune de Saint-Symphorien, en Gironde, tire la sonnette d’alarme. Ce courrier que BV s’est procuré témoigne que cet établissement accueillant 600 collégiens commence la rentrée avec d’énormes trous dans l’enseignement : restent en carafe six heures et demie de cours de mathématiques par semaine pour deux classes de quatrième, sept heures et demie pour les quatre classes de sixième et une classe de cinquième, un poste à temps plein de documentaliste et un remplacement du congé maternité d’un professeur de mathématiques…

Des défections au sein d’un établissement scolaire ? Rien de surprenant. Sauf que le directeur de l’établissement est manifestement dans l’impasse : « Malgré des contacts quotidiens avec le rectorat de Bordeaux, nous sommes dans l’impossibilité d’obtenir ces personnels par manque de candidatures sur notre territoire », écrit-il, dans ce courrier. Le constat est glaçant et loin d’être anecdotique. Une enquête du SNES-FSU fait état d’au moins une absence de professeurs dans 48 % des établissements du secondaire. Presque un collège ou lycée sur deux. « Je suis scandalisé, j’ai l’impression d’avoir été escroqué », lance Cédric, parent d’élève du collège Mauriac, qui n’en revient pas : on est bien loin de la promesse faite par Jean-Michel Blanquer lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale : « Il y aura le vivier nécessaire », avait certifié le prédécesseur de Pap Ndiaye, en parlant de la rentrée 2023-2024. Force est de constater que non.

L’abaya, voile cache-misère

Et si La France insoumise n’avait pas totalement tort ? « Derrière l’abaya, la casse du lycée professionnel », alertait notamment le député LFI Paul Vannier. « L’abaya était un vrai sujet et je suis heureux de cette décision », nous confie Cédric. Mais pour ce père de famille, « on a mis en avant ce problème pour cacher la misère ». Et quelle misère ! Profs recrutés en speed dating (certains se sont même vus proposer un contrat après un simple appel téléphonique), mobilier manquant, sanitaires défectueux… La litanie de la clochardisation se poursuit et va de pair avec l’effondrement général du niveau des petits Français qui squattent régulièrement les pires places du podium européen. Le tout pour une Éducation nationale au budget bien plus élevé que la moyenne européenne. La France consacre, en effet, 5,18 % de son PIB aux dépenses des établissements d'enseignement, contre 4,40 % en Allemagne et 4,25 %, en moyenne, dans l'Union européenne, nous apprend le Sénat.

En bref, Gabriel Attal a annoncé plusieurs chantiers qualifiés « d’urgence républicaine ». Au programme : « abolition des "textes à trous", test de rédaction à l'entrée en sixième et concours d'écriture ». Une ambition louable. Mais que faire de ces idées sans professeurs pour les mettre en pratique ?

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Etes-vous au courant des Etablissements scolaires d’excellence réservés aux élèves des quartiers dits difficiles ? Pas pour Kévin et Mathéo.

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