L’égalité syntaxique entre les hommes et les femmes est l’occasion, pour certains, d’avancer des propositions dont l’inanité force l’admiration. Ou comment discuter sur le sexe des anges. Mais pourquoi s’arrêter à ces créatures célestes et ne pas s’attaquer au degré supérieur, à savoir Dieu en personne ?

Voue en rêviez, l’Église évangélique luthérienne de Suède l’a fait qui, "depuis de longues années [se demande] si Dieu est un homme ou une femme. Un débat qui a été clôturé jeudi 23 novembre", rapporte le quotidien suédois Svenska Dagbladet. En effet, "la direction de l’église suédoise a décidé de ne plus parler de Dieu comme s’il était un homme" (Valeurs actuelles).

Conclusion : "Il conviendra dorénavant d’utiliser le pronom personnel neutre “hen” adopté par le pays en 2015, au nom de l’égalité des genres."

La foi étant elle aussi devenue victime de la mode, pour faire plus inclusif, la formule « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » sera remplacée par « Au nom de Dieu, le Trinitaire ».

Ça risque d’être coton car, selon le Symbole de saint Athanase, "nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté".

Certes, dans l’imaginaire chrétien, Dieu est masculin – voir la fresque de La Trinité, de Masaccio, dans l’église Santa Maria Novella, à Florence –, mais ce n’est qu’une représentation symbolique, et anthropologique, car Dieu ne saurait être réduit à un vieil homme barbu.

Que faire, alors, de l’expression "Fils de l’Homme", plusieurs fois prononcée par Jésus et évoquant son origine à la fois divine et humaine ? C’est ce qu’on appelle l’union hypostatique. Si l’on refuse l’image symbolique d’Homme à Dieu, Jésus sera le Fils de qui ?

À ce compte-là, il faudrait aussi respecter les susceptibilités des peuples et bannir le mot "Légion" de la bouche du possédé (Marc, chapitre 5), puisque le choix de ce terme renvoie aux légions romaines qui occupaient la Galilée. Ce qui n’est pas gentil pour les Italiens !

Décidément, la Suède, "le meilleur pays du monde où vivre en tant que femme" (Madame Figaro), est à la pointe du ridicule lorsqu’il s’agit de parité, comme lorsqu’une actrice suédoise propose, suite à plusieurs agressions sexuelles au cours d’un festival – tout n’est donc pas idéal chez ABBA –, d’en organiser un "vraiment sympa où seuls les "non-hommes" seraient les bienvenus" (L’Express).

Avec quelque 2.000 ans d’avance, le christianisme n’a d’ailleurs pas attendu l’écriture inclusive pour affirmer l’égalité des sexes : "Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ" (Paul, Épître aux Galates).

Au fait, Marie, vous allez la laisser tranquille, hein ?

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26 novembre 2017 à 10:01

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