Écologie partout, bon sens nulle part

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On connaît le bon mot attribué à Clemenceau : « La guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires. » On aurait envie de le reprendre à propos de la défense des équilibres naturels : « L’écologie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux écologistes », en mettant sous ce dernier vocable non seulement les écologistes patentés, mais tous ceux qui inventent des choses absurdes sous prétexte de sauver la planète. On trouve ainsi, dans la presse, de fabuleux exemples de ce que les Anglo-Saxons appellent « greenwashing », en français « verdissement », c’est-à-dire une méthode consistant à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image.

Ainsi, savez-vous qu’il est désormais possible de « mourir écolo » ? Dans plusieurs États américains, il est autorisé de confier à une entreprise spécialisée son corps (après la mort, précisons-le toutefois) pour qu’elle le transforme en compost, lequel pourra être dispersé dans son jardin. C’est très intéressant, puisque chaque individu produit environ 18 gros sacs de terreau.

Car l’inhumation classique ou la crémation seraient un désastre pour l’environnement, selon ce qu’affirme Katrina Spade (qui a eu, la première, cette idée remarquable et en a fait une entreprise) : émission de CO2, mercure à cause des plombages dentaires, consommation d’énergie, utilisation de bois, de métal et de béton pour le cercueil et le caveau, etc. Grâce à « l’enterrement écologique », au contraire, « nos corps restituent leurs nutriments à la nature, régénèrent les forêts, capturent du gaz carbonique et alimentent une nouvelle vie ». C’est beau comme l’antique ! D’où le slogan : « Je veux être un arbre après ma mort. » La planète attendra, néanmoins, quelques années avant d’être sauvée par cette brillante innovation, puisqu’à ce jour, le nombre des morts « respectueux de l’environnement » ne se compte que par dizaines.

Passons à la conquête spatiale. Celle-ci évoque sans doute, pour vous, des fusées étincelantes, des astronautes engoncés dans des combinaisons futuristes, un prodige de technologie, de matériaux innovants, de réacteurs qui crachent le feu. Sachez que toute cette débauche de modernité est bien terminée : désormais, pour aller sur la Lune ou sur Mars, il faudra être ÉCO-LO-GIQUE.

C’est, en tout cas, ce que laisse présager l’annonce qu’un satellite baptisé LignoSat va prochainement être lancé par la NASA et par l’agence d’exploration aérospatiale japonaise : deux structures qui n’ont pourtant pas la réputation d’être peuplées de comiques troupiers. La particularité de ce satellite très innovant sera d’être construit en bois, en bois de magnolia très exactement. Voici ce qu’en dit le titre de presse qui rapporte cette information : « L’intérêt du bois ? Il rend les déchets spatiaux biodégradables, parce qu’il ne brûle pas et ne pourrit pas dans l’espace, et qu’il se transforme en cendres fines quand il entre dans l’atmosphère terrestre » (Le Point, 23 novembre 2023).

Autre avantage : le bois (contrairement au métal) ne bloquant pas les échanges entre la Terre et le satellite, il serait plus simple et bien moins coûteux de communiquer avec ce satellite en bois. La NASA pense que cela pourrait représenter de réelles économies.

Comme l’affirme encore une publication sur Internet, « la NASA essaye de démontrer que le spatial a toujours un avenir dans un monde plus respectueux de l’environnement ». Là aussi, on ne peut être qu’admiratif devant ce courageux engagement écologique.

Bon, il faut reconnaître que la prochaine capsule transportant des voyageurs pour Mars ne sera probablement pas en bois, car le LignoSat qui va être lancé à la conquête des espaces infinis sera… grand comme une tasse à café ! La pollution des orbites terrestres a encore de très beaux jours devant elle.

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Alexandre Dumaine
Journaliste, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Faites plus simple : Le feu : les cendres : un pot ; une graine : Faites-vous transformer en arbre : Beau, utile aux oiseaux et aux écureuils, nourricier aussi (glands, faînes, etc..): Le gite et le couvert pour les petits êtres innocents, gais et artistes innés. Bon aussi pour la planète et le cycle de l’eau, de l’oxygène, de l’azote et du CO2

  2. pfff ! les néo-faux- écolos sont de réels rêveurs : en France il est interdit, après la crémation de nos disparus, d’en épandre les cendres dans notre jardin ou ailleurs dans la nature (mais possible dans le jardin des Pompes Funèbres) : il faudrait selon leurs voeux qu’on laisse nos disparus se transformer en compost pour y planter des poireaux ? et ça sera autorisé ? . Je préfère opter, s’il n’est plus possible d’enterrer sous une sépulture, pour la crémation, une halte chez Satan, aux enfers pour se débarrasser du corps, puis laisser l’âme immortelle aller chez Dieu le Père, au Paradis . Autre solution : inventer le mini cercueil en bois à mettre sur orbitre et/ou à envoyer sur une planète inhabitée, ou… voilà, c’est délirant, ces néo-écolos me font raconter n’importe quoi : c’était plus simple et plus sain avant, avec les pionniers de l’écologie quand on aimait la Vie et respectait la Mort. Je ne veux pas servir à engraisser des légumes.

  3. « La particularité de ce satellite très innovant sera d’être construit en bois, en bois de magnolia très exactement. » Et la fusée porteuse marche au charbon et à la vapeur? Ces escrologistes sont de grands comiques, mais l’horreur est de leur confier les manettes du pouvoir, les yeux fermés.

  4. Inhumation signifie « retour à l’humus » c’est à dire à la terre. C’est exactement ce que font ces américains en se transformant en terreau. C’est à peu près ce que font les moines en se faisant enterrer dans un linceul en pleine terre, c’est juste un peu plus rapide, plus lucratif et plus dispersé. Neanmoins, aimant les lieux de mémoires que sont les cimetières, c’est un peu l’effacement volontaire de l’Humanité.

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