« Ce refus m'a dévastée. L'instruction en famille était un vrai choix de vie, celui de pouvoir accompagner ma fille dans ses apprentissages, de le faire à son rythme et de respecter ses besoins au maximum. Le seul fait de penser à la rentrée scolaire me fait pleurer... » Comme Christelle, aidée par l’association Liberté Éducation qui publie ses propos, des centaines de parents, ayant fait le choix de l’instruction en famille, appréhendent la rentrée 2022. Après un été marqué par les refus massifs et souvent injustifiés de l’Éducation nationale aux nouvelles demandes d’autorisation et les recours devant les tribunaux administratifs, « les familles sont aux abois », déplore Jean-Baptiste Maillard, secrétaire général de l’association Liberté Éducation, contacté par Boulevard Voltaire.

Vers la fin de l’école à la maison ?

Les difficultés débutent à l’été 2021. À cette époque, la loi contre le séparatisme, tout juste adoptée, vient modifier le Code de l’éducation. « Nous sommes passés d’un régime déclaratif qui respectait la liberté fondamentale des parents d’instruire leurs enfants à un régime d’autorisation », détaille Jean-Baptiste Maillard. Désormais, les familles désireuses d’instruire leurs enfants en famille, en dehors de l'école, doivent au préalable demander l’autorisation au rectorat. Seuls quatre motifs sont alors acceptés pour valider cette autorisation : l’état de santé de l’enfant ou son handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, l’itinérance de la famille ou son éloignement géographique de tout établissement scolaire et, enfin, « l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif ». Or, ce quatrième motif, le plus souvent invoqué par les familles, « est un motif flou, que personne n’est capable de définir », fustige le secrétaire général de Liberté Éducation. Et d’ajouter : « Ce flou occasionne énormément de refus. » En effet, selon l’enquête menée par la Coordination pour la liberté d’instruction (COOPLI), un collectif favorable à l'école à la maison, 68 % des demandes pour débuter l’instruction d’un enfant en famille ont été rejetées cette année, l’administration considérant souvent qu’il n’y avait pas de « situation propre ». Un chiffre qui atteint même les 100 % dans certaines académies comme Toulouse, Besançon, Dijon, Nice ou Orléans. Le « régime d’autorisation » se transforme en « régime d’interdiction déguisée », dénonce Jean-Baptiste Maillard.

Pour le secrétaire général de Liberté Éducation, qui pratique l’école à la maison depuis plus de dix ans, l’objectif de l’Éducation nationale est clair : « scolariser tous les enfants ». Il en veut pour preuve les chiffres délivrés par l’Éducation nationale. Alors que l’école à la maison avait le vent en poupe, ces dernières années – +15 % entre 2020 et 2021 - , les chiffres de la rentrée 2022 s’annoncent moins prometteurs avec, d’ores et déjà, une diminution annoncée de près de 30 % des effectifs.

Des parents à bout

« Je n’en dors plus », confie Zoé sur l’un des groupes Facebook consacrés à l’instruction en famille. « On nous traite comme des malfaiteurs alors qu’on veut s’investir à 200 % pour le bien de nos enfants », ajoute Alexiane. Beaucoup restent perplexes face aux décisions de l’administration. « Je ne comprends pas ce refus alors que les deux aînés sont déjà en instruction en famille et que les contrôles ont toujours été satisfaisants », témoigne Élisabeth auprès de Liberté Éducation. « C’est un marteau enclume que l’on écrase sur la tête de ces familles », dénonce Jean-Baptiste Maillard qui, pour la première fois, a lui aussi dû demander l’autorisation d’instruire ses enfants.

Face à cette situation intenable, les parents s’organisent en collectifs afin de faire entendre leurs voix. Outre les recours devant les tribunaux administratifs, ils appellent à se réunir devant les rectorats. Ils réclament un retour au régime déclaratif basé sur la confiance mutuelle entre les parents et l’Éducation nationale. Compte tenu de l’urgence de la situation, de nombreuses associations organisent, les 7 et 8 octobre prochains, un sommet européen de l’instruction en famille dans l’espoir d’être entendues au plus haut niveau de l’État.

Mais le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye, spécialiste des minorités, entendra-t-il les appels de détresse de ces familles qui ne représentent que 0,4 % des enfants scolarisables ?

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23 août 2022 à 18:30

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39 commentaires

  1. Et les petites têtes blondes vont rejoindre la grande maison de l’éducation nationale, avec ou sans professeur, éventuellement avec un enseignant qui a reçu une formation de 3 jours après une vérification de ses aptitudes digne de Doctolib…
    On leur enseignera la théorie du genre et la dernière doctrine écologiste à la mode (et nullement vérifiée) en lieu et place de quelques heures de math ou de physique, le tout entre un camarade qui ne parle pas français et un autre qui semble être davantage un problème pour la police que pour ses parents qui ne l’ont fait que pour la CAF.
    Le latin? N’y pensez pas! On lui préférera l’arabe, peu importe lequel ni le profil de l’enseignant.
    Oui, ce drôle de ministre a raison, c’est bien l’école à domicile le problème…

  2. Je parie que la majorité de ces parents qui demandent l’école à la maison sans être en déplacement continue ou que leur enfant soit malade ou handicapé sont des obscurantistes qui veulent endoctriner leur gosses alors tant mieux s’ils peuvent pas et heureusement pour les enfants.

  3. Méfiez vous des académies , c est eux qui font des signalements , i p .
    Expertises psy etc ……..

  4. Pour la part, je pense que l’ objectif est que l’éducation nationale soit seule responsable de l’ education de nos enfants et petits enfants dans le but de mieux les endoctriner et qu’ils ne deviennent pas des adultes avec un sens critique, des opinions réfléchies, mais qu’ ils deviennent des adultes soumis à une pensee unique.

    1. L’éducation est le rôle des parents. L’instruction est du ressort de l’état, mais à eux de faire comprendre et respecter les règles de vie de la société. Le gauchisme, idéologisé, créé une dérive dégénérative, l’immigration a accéléré la chute.

  5. Comment un enseignant peut-il faire correctement son travail dans une classe de 30 élèves dont une majorité de maîtrise pas notre langue,ou celle de leurs voisins,la base de l’enseignement est la discipline,comment faire respecter l’ordre à des enfants qui l’ignore au sein de leurs familles ?
    L’enseignement est obligatoire en France,mais pas la scolarisation,nous glissons vers un système politique totalitaire!

  6. Pour tous les parents qui souhaitent échapper à l’embrigadement, ce n’est pas de la pub, c’est de l’information. Vous pouvez essayer les cours Hattemer. Les contenus sont exceptionnels. le suivi est remarquable. Ils font des cours par correspondance.
    Bonne chance à tous ceux qui n’ont pas encore grillé leurs neurones

  7. Au moment où l’Education Nationale peine à recruter des enseignants, même en « repêchant » des recalés des concours ou en re-créant, sans le dire clairement et avec une « formation » minimaliste, un corps de Maîtres Auxiliaires d’un niveau très inférieur à celui des anciens MA, on se demande en effet pourquoi refuser l’école à la maison, mais aussi, sur quels critères les contrôles prévus oseront-ils juger « insatisfaisant » l’enseignement délivré par les parents.

    1. Merci de confirmer que l’école à la maison sans motif valable s’est pour les obscurantistes.

  8. Laisser ses enfants à des enseigants qui demandent, à l’ENM qui les forme, de faire des couloirs spéciaux pour les « vrais hommes » ( c’est à dire des individus normaux ) c’est détruire leur avenir pour en faire des incultes manipulables à merci. L’EN est en dessous de tout ce qu’on peut imaginer avec en plus l’immoralité de la culture woke.

  9. Rien n’empêche les parents de continuer l’apprentissage à la maison. Si mes enfants n’avaient pas été derrière leurs enfants, le résultat aurait été très médiocre (fautes d’orthographe des instits notamment) Même pour l’un de mes petits-enfants qui poursuit sa scolarité en école privée.

  10. Il faut juste se montrer plus malins qu’eux, ce qui, certes, va demander plus de travail de la part des parents et des enfants : « Passer une deuxième couche » après l’école, pour enseigner ce que l’on souhaite enseigner à ses enfants, et démontrer aux enfants tous les « savoirs » qui ne sont que du matraquage idéologique. L’Education Nationale veut les embrigader de force ? Montrons-leur qu’ils n’y parviendront pas !

  11. boulevard voltaire est à côté de la plaque avec son école à domicile
    les enfants qui n’auront pas vu de camarades dans leur jeunesse seront-ils socialisés ?

    l’école à domicile est une aussi con que le rejet de l’avortement

    1. L’école à la maison ce n’est pas la prison non plus ! Et vu les « fréquentations » qu’ils ont à l’école serais-ce vraiment grave…?

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