[Point de vue] Hiver 2022 : du froid, des factures, beaucoup de com’ et des coupures d’électricité

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Ce jour-là, le Jet Ski™ et le canoë avaient été remisés à l’abri des murs du fort de Brégançon. Il fallait faire oublier au plus vite la séquence présidentielle ratée des escapades nautiques. Un « bad buzz » après les appels lancés à la sobriété énergétique.

Les célébrations de l’anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas allaient permettre de corriger le tir. Des militaires, des drapeaux, un monument aux morts. Le retour du régalien et de la gravité. Il ne restait plus qu’à délivrer les bons éléments de langage aux journalistes : la « guerre qui tonne à nos portes », les « cataclysmes climatiques dévastateurs » et surtout un appel à la mobilisation générale face aux épreuves qui s’annoncent.

Les médias ont adoré. Le journal Le Monde, le 20 août, décrivait un Président « soucieux », « inquiet » et même « pessimiste ». Terminé les images de vacances bling-bling, de gros Jet Ski™ et de farniente sous le soleil varois. Les communicants de l’Élysée avaient bien travaillé.

Au même moment, le 18 août, Le Point publiait une enquête sur « un Président noctambule » qui venait opportunément renforcer le discours élyséen.

Après le Président qui partage vos angoisses, le Président qui travaille pour vous jusqu’à l’épuisement : « Une vie d’ascèse, rythmée par une discipline quasi militaire », rapportait le magazine. Le ban et l’arrière-ban de la Macronie étaient alors convoqués pour faire le panégyrique d’Emmanuel Macron.

Un Président « boulimique de travail » pour qui « chaque minute de son quinquennat doit être utile », expliquait Thierry Solère. Un « vieux compagnon de route » ajoutant que « le chef de l'État n'[avait] pas de vie sociale ». À ce stade, on avait presque envie de verser une larme.

Ayant fait don de sa personne à la France, Emmanuel Macron offre désormais aux Français le modèle du sacrifice auquel ils sont eux-mêmes appelés. Dans son discours de Bormes-les-Mimosas, il leur a en effet demandé de « résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l’adversité » car ils vont devoir « payer le prix de la liberté ».

Alors que les médias français déploient consciencieusement le plan com’ de l’Élysée, la presse étrangère, de son côté, ne s’embarrasse pas de circonlocutions ou d’euphémismes pour décrire, depuis plusieurs semaines, les conséquences des errances politiques françaises.

Le 29 juillet dernier, le site américain Bloomberg avertissait que la France risquait un « Waterloo électrique » et qu’il était fort probable que cet hiver, il fasse plus froid et plus sombre à Paris qu’à Berlin. Avec la moitié de ses réacteurs à l’arrêt en raison de problèmes de maintenance et de corrosion, la production des centrales nucléaires est en effet à son plus bas niveau depuis trente ans. Plus grand exportateur d’électricité d'Europe, la France est désormais confrontée à la perspective de devoir déclencher des coupures de courant cet hiver et d’importer de l'électricité, constatait le New York Times, en juin dernier.

En réalité, ce dont les Français vont « payer le prix », c’est surtout le choc énergétique provoqué par une politique de sanctions contre la Russie désastreuse mais aussi par les incohérences du Président sur le dossier du nucléaire.

En février 2017, le candidat Macron déclarait vouloir abaisser à 50 % à l’horizon 2025 (contre 70 %), la part du nucléaire dans la production électrique. En 2018, le Président Macron annonçait la fermeture de quatorze réacteurs d’ici 2035. À l’époque, l’Élysée s’enorgueillissait du fait qu’Emmanuel Macron était « le premier Président à fixer dans les faits une véritable trajectoire de fermeture des réacteurs nucléaires ». Aucune vision à long terme, mais la volonté de séduire l’électorat écologiste avant les élections européennes.

En février 2022, revirement complet, il s’agissait de « consolider la filière nucléaire française » selon deux axes : le prolongement des anciens réacteurs nucléaires et le lancement d'un grand programme de quatorze nouveaux réacteurs !

Comme Éric Ciotti le soulignait sur BFM TV, le 22 août dernier, la guerre en Ukraine sert d’alibi aux errances d’Emmanuel Macron. Le prix à payer pour les Français : un risque de coupures électriques et de rationnement, la perte de l’autosuffisance et la nécessité d’importer, l’explosion de la facture énergétique. Celui que les communicants de l’Élysée s’efforcent de présenter comme un infatigable « capitaine dans la tempête » ressemble plutôt au commandant du Titanic qui fonce tête baissée sur l’iceberg.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Si Macron n »avait pas pris la décision stupide de vouloir sanctionner la Russie , nous n’en serions pas là aujourd’hui .
    Il nous demande maintenant de nous serrer la ceinture pour pallier à ses erreurs de jugement.
    Ce n’est pas la Russie qui est sanctionnée mais nous-même , la France s’est tiré une balle dans le pied et ce sont les français qui doivent marcher avec des béquilles .

  2. Macron ne ressemble pas seulement au capitaine du Titanic, il est ce capitaine.
    Totalement irresponsable et prêt à sacrifier bon nombre de citoyens français. Surtout les natifs de France, des blancs qui ne vivent pas des aides de l’Etat !

  3. L’écologie gauchiste en accusation car responsable du défaut de maintenance de nos réacteurs. Tiens, y aurait il un lien avec le pillage dissimulé d’ALSTOM Energie. Personne n’en parle. J’entends surtout des bruits de bottes pour une guerre qui n’est pas la notre. Quand aux Français, ils ont voté, ils ont accepté un vaccin pour leur confort, Macron leur propose le grand écart : fin du confort pour du sang et des larmes. Amusant…pour le moment !!!

  4. Accords de Minsk non appliqués, résultat, l’Europe en pénurie de tout et augmentation du coût de la vie en plus de la planche à billets laquelle avait déjà bien nourrie l’inflation. Nouvelle perte pour la France, une nouvelle fois les copains mondialistes amerloques ont cassé pour plusieurs millions l’accord avec le laboratoire français Valneva de ses vaccins.
    Silence total sur ce sujet dans la presse ou journaux télévisés.

  5. Comment RESISTER à ce qui n’existe pas ? Comme d’habitude, ce que dit Macron est CREUX, ça souligne une fois de plus sa grande incompétence à GOUVERNER notre PAYS. Essayons déjà de RESISTER au COVID, aux conséquences de la Guerre en UKHRAINE qui visiblement va durer encore longtemps et aux conséquences de la SECHERESSE.

  6. absence totale d’anticipation , gestion à la courte vue , fermeture sans raison sérieuse de Fessenheim et pour faire plaisir aux verts, remise en état ou en service de centrales à charbon : politique de gribouille !!!

  7. A cause du dogmatisme aussi abruti que mortifère des écolos , de la gauche concernant le nucléaire , nous allons payer le prix fort cet hiver ! et l’europe en a rajouté une couche !

  8. Si vous avez froid cet hiver , vous pourrez remercier ou accuser les écolos de tout poil
    qui vilipendent le nucléaire en obligeant l’Etat à fermer les centrales !
    Fukushima = aucune victime . Déchets nucléaires enfouis : aucun danger dixit Anne Lauvergeon .

  9. On va comprendre cet hiver la stupidité qu’à été la fermeture des deux tranches de Fessenheim – une centrale qui avait été rénovée en prévision du vieillissement des autres centrales. Il fallait bien faire plaisir à Hulot et aux verts Allemands et selon le vieil adage de gauche, gouverner, ce n’est pas prévoir, c’est choisir. Seulement, il y a eu le Covid, la canicule, les incendies, la guerre en Ukraine et les sanctions à la Russie. Tout cela n’était pas prévu et il va falloir assumer. La « start up nation va avoir bien des malheurs, mais c’est de la faute à l’extrême droite, bien sûr.

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