Des activistes écologistes s’attaquent… aux greens de golf !

soldat vert écolo

Ici ou là, des terrains de golf ont été curieusement vandalisés. À Limoges, ce sont des « légumes assoiffés » qui ont bouché les trous du parcours : Extinction Rebellion entend ainsi dénoncer les dérogations autorisant l'arrosage des greens en période de sécheresse. Dans la région de Toulouse, les trous ont été bouchés avec du ciment et la pelouse, arrachée à la main. Des panneaux explicites, fruit d'une brillante collaboration entre Extinction Rébellion et un collectif toulousain baptisé « Action Kirikou », détaillent sobrement les raisons de cette haine du golf : ici, on peut lire « Ce trou boit 227.000 litres d'eau par jour. En buvez-vous autant ? » ; là, « Ce trou aurait pu abriter des racines, le plaisir bourgeois en a décidé autrement ».

Si je comprends bien, ce que l'on reproche aux terrains de golf, c'est de consommer de l'eau pour le plaisir d'une élite, alors que le peuple meurt de soif. Une variante moderne de l'anecdote apocryphe, « fake news » avant la lettre, de Marie-Antoinette disant « Qu'ils mangent de la brioche ». Bon. Dans le détail, seuls les greens sont arrosés en période de sécheresse, ce qui fait moins de la moitié d'un terrain de football. Ce n'est donc pas seulement une question de consommation d'eau. En effet, qui saccage les terrains de foot, chez Action Kirikou ou Extinction Rebellion? Personne. Il y en a cependant davantage que de parcours de golf.

L'explication fondamentale, j'en ai bien peur, c'est, une fois de plus, la haine de classe. En France, c'est un de nos traits de caractère les plus laids : on veut gratter un peu plus (de fric, de passe-droits, de places dans la queue de la boulangerie) et s'assurer que le voisin ait un peu moins. La révolution, en prétendant remplacer l'aristocratie par la bourgeoisie, a exacerbé ces tendances morbides, ces « passions tristes », comme les appelle Macron : jalousie, haine, envie, mais aussi snobisme, avarice, mesquinerie. En se prétendant rebelles, ces petits cercles activistes ne font que remettre au goût du jour une vieille maladie nationale. La grille marxiste pour enfants, hâtivement plaquée dessus, n'y change rien.

Le golf n'est plus un sport bourgeois depuis longtemps, comme le ski, comme le tennis. Il n'y a plus que les Versaillais pour trouver ça chic de taper dans une balle, que ce soit avec un club ou une raquette. Le golf, c'est au contraire le sport sur lequel les patrons de PME qui ont réussi se jettent, parce qu'ils sont justement, eux, restés bloqués à l'époque de Bourdieu. On peut aussi reconnaître que c'est un sport de passionnés (« les vrais golfeurs vont au bureau pour se détendre », disent les Anglais), ou qu'un parcours est un microcosme magnifique à regarder, ou encore que c'est une façon plaisante de se retrouver entre amis, tout simplement. On peut préférer un coucher de soleil sur un green du Sud-Ouest à un match de foot au nord de la Loire un dimanche après-midi, non ?

En fin de compte, je crois qu'il y a autre chose que l'éthique écolo à deux balles, autre chose que le vernis marxiste déjà écaillé, autre chose que les passions mesquines du peuple de France, autre chose que la haine du bourgeois qui fait coaguler tout cela. Il y a, face à la beauté du golf (assez objective), à son histoire et ce qu'il représente, un sentiment que, parlant d'autre chose, Ernst Jünger résumait d'un aphorisme : « Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les cœurs abjects. » Et si, dans le cœur assez abject des activistes en peau de lapin, ne brûlait rien d'autre que la haine de ce qui, sans être forcément bourgeois, est élégant ? Ils n'ont pas saccagé des stades de foot, on l'a dit ; ils n'ont pas incendié de galerie commerciale ni posté des vidéos vengeresses sur des rappeurs plein de fric. La société de consommation ne les insupporte que si elle semble sortir d'une photo de Slim Aarons. La vraie laideur du capitalisme, bof : ils vivent dedans. Ils en vivent, même.

Les ratés ne vous rateront pas. On attend la suite du programme de Kirikou et ses amis. Vont-ils faire sauter un Riva dans une petite crique juste pour rigoler, parce qu'un bateau, ça pollue ? Mitrailler des couples heureux sur une terrasse de Taormine, parce qu'ils représentent la civilisation des loisirs ? Gifler des fratries nombreuses et souriantes sur les marches d'une église de bord de mer, parce qu'elles coûtent cher en carbone ? Voilà qui laisse songeur. En tout cas, couler du béton sur des greens parfaitement entretenus pour défendre l'environnement, je n'y aurais pas pensé. Je ne le regrette pas.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/08/2022 à 19:52.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

58 commentaires

  1. L’écologie est une religion et comme toute religion, elle a ses hérétiques (illuminati, djihadistes vegan, antispécistes,…). Leur but est de faire peur et de créer une psychose (réchauffement climatique, manque d’eau, couche d’ozone, CO2,…) pour pouvoir dominer le reste du peuple. Les hygiénistes médicaux ont utilisés la même méthode avec la Covid (et jouent les prolongations avec la variole simiesque). Comment comprendre que les mêmes qui s’opposent à l’arrosage des espaces verts, s’opposent aussi à la création de lacs artificiels et de réservoirs d’eau sur les hauteurs du relief (qui se rempliraient en hiver et qu’on aurait à dispo toute l’année) ???

  2. Ce n’est pas plus dérangeant que de voir un agriculteur arroser son maïs à grand renfort de jets immenses, en plein cagnat!

  3. Si les écolos n’y étaient pas opposés on pourrait stocker l’eaU de pluie. L’espagne Le fait. Au détriment de quelques vallées et poissons. Douches bains vaisselle chasse pour un pipi pour 65 millions de consommateurs sont-ils si prioritaires ?

  4. Logiquement les terrains de golf sont irrigués de façon à récupérer l’eau d’arrosage dans des espaces de rétention et reprise par un pompage. Bien entendu, que ne feraient pas les écologistes pour faire parler d’eux.

  5. Au lieu de parler que des terrains de golf, il n’y a qu’a dire  » les terrains de golf et de football » sont autorisé…..

  6. de toutes façons nous sommes des sots , et ça pullule , c’est comme cela qu’on courre à notre perte ….

  7. En période de disette que ce soit le foot le golf ou le jardin d’agrément du voisin tout ce qui est superflu est condamnable et si on demande au citoyen lambda de se priver de fromage il est normal que le nanti se prive de dessert.
    En. Conséquence lorsqu’il n’y aura plus d’eau pour le nécessaire il y en aura encore moins pour le superflu
    Étant une nation d’enfants gâtés je ne doute pas des réactions offusquées d’une partie de la société mais il convient de donner l’exemple à commencer par les heureux élus de la république.

  8. Ce qui est remarquable c’est que ces pseudo-activistes de pacotille sont pour la plupart des fils à papa eux mêmes embourgeoisés. Tous possesseurs de smartphones derniers cris, de fringues à la mode, d’ordinateurs voire même de voitures pour sortir le week end entre « potes ». Des stages de survie en nature hostile, leur ferait sans doute beaucoup de bien.

  9. Sans être un écolo compulsif, je suis un jardinier non professionnel qui s’étrangle de rage quand on décrète, au nom de la solidarité nationale et de la sacro-sainte économie, l’interdiction d’arroser un potager. Potager que, pour ma part, je ne cultive pas uniquement pour le plaisir béat de voir pousser des légumes, mais accessoirement pour nourrir ma famille de manière qualitative.
    Quand au golf, sport démocratisé s’adressant à toutes les couches sociales, à l’instar du ski ou du tennis, permettez-moi de pouffer de rire, M. Florac et tous les défenseurs de ces activités de loisir ou de sport. Autour de moi, en zone rurale, je ne vois pas beaucoup ( pour ne pas écrire pas du tout) de salariés en bleu de chauffe ou en combinaison de travail se ruer sur les greens verdoyants( pas plus que sur les courts de tennis, par ailleurs) à la sortie de l’usine ou au saut du tracteur. Tout bonnement parce qu’ils n’en ont pas les moyens, tant sur le plan financier que physique.
    Hé oui, huit heures, posté devant une machine-outil ou une journée aux champs, ça fatigue.

    • Encore un aigri ! Il faut savoir être riche de ce que l’on n’a pas. Le golf, c’est vrai, ce n’est pas donné. Mais il existe des activités sportives bien plus chères.

    • Il est vrai que le golf même démocratisé n’est pas à la portée de tout le monde que ce soit pour des raisons financières ou d’emploi du temps. Pour le tennis ce serait moins le cas, beaucoup de commune (même des très petites de 1200 âmes) ayant investi dans des équipements et dans ce dernier cas beaucoup de gens modestes peuvent pratiquer ce divertissement.
      Pour les jardins potagers il est vrai que la sécheresse se vit assez mal, leur production servant à nourrir la famille.
      Dans notre commune l’arrosage des fleurs est interdit et toutes les jardinières communales ont été démontées, mais les potagers peuvent être arrosés avant 7 heures et après 21 heures.
      La récupération, plutôt que l’égout, des eaux de lavage, rinçage et autres, ne contenant pas de lessives ou de produits toxiques est une source de secours appréciable pour faire survivre les jardinières qui ornes les fenêtres.

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