Dernière trouvaille d’Élisabeth Borne : faire de la France « une nation de vélo »

élisabeth borne

Mardi matin, Élisabeth Borne était très occupée dans la cour de Matignon : elle fêtait le quatrième anniversaire de son plan vélo (2018-2025). À l’origine doté de 350 millions, ce plan a reçu une rallonge de 150 millions d’euros extraits du Plan de relance Covid : on imagine combien de pistes cyclables « provisoires » organisées à la hâte pendant le confinement sont, comme par enchantement, devenues pérennes. On imagine aussi comment ces 150 millions supplémentaires auraient pu être autrement employées. Il s’agit tout de même d’argent public, c’est-à-dire des impôts des Français.

En quatre ans, 14.000 km de pistes cyclables ont été réalisés, 160.000 enfants ont reçu une formation pour apprendre à faire du vélo ; ce qu’autrefois faisaient les parents avec leurs enfants.

Mais voilà, les 500 millions ont déjà tous été dépensés et Élisabeth Borne vient d’annoncer 250 millions supplémentaires pour 2023. Les caisses sont pleines, profitons-en. 200 millions vont être utilisés pour créer des infrastructures cyclables, 50 millions pour le stationnement de ce roi de la « mobilité douce », transformée en « mobilité active », ça fait plus « winner », « sportif », écolo et donc… vertueux. L’objectif est aussi de « former » 800.000 enfants à la pratique du vélo – entre un cours de grammaire et un autre de géométrie ?

Les enfants, d’ailleurs, avaient été invités par Élisabeth Borne pour la fête d’anniversaire du plan vélo : dans la cour d’honneur de Matignon, il y avait des cyclistes, des enfants et des ateliers vélo. C’est mignon, ça marque le coup car c’est important, le plan vélo.

Tellement important qu’un « comité interministériel du vélo » est créé : il se réunira tous les six mois pour « faire le point sur les avancées et les blocages le cas échéant à lever pour développer cette nation du vélo que nous souhaitons faire de la France », rapporte Ouest-France. Peut-être que, parmi ces blocages, sera abordée la question des quelque 327.000 vélos volés pour la seule année 2021 ?

D’ailleurs, cette - pas si - soudaine importance du vélo étonne jusqu’à Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), cité par le Parisien : « L’État n’aura jamais mis autant d’argent sur une seule année pour aider au développement du vélo. C’est une bonne nouvelle car cela permettra à des villes périurbaines et rurales de pouvoir enfin s’y mettre. » Mais oui, les gueux, les périphériques, faites donc vos courses à vélo. Ce sera un peu difficile pour les packs de lait, mais comme ça, vous ferez un peu de sport ! Une fois la fameuse marque blanche peinte sur le bas-côté, censée délimiter la frontière entre les cyclistes et les automobilistes, vous n’aurez plus aucune excuse. Les « ruraux » n’attendaient sans doute que cela pour parcourir leurs 50 km quotidiens à cheval sur la petite reine… Après avoir été forcés de rester chez eux pendant le confinement, et aujourd’hui par le télétravail, les Français sont maintenant sommés de se bouger !

Cette forte incitation, pourtant parée de toutes les vertus écolos - l’hygiène tenant désormais lieu de morale -, n’a pas pour but réel d’améliorer votre santé. C’est Clément Beaune, qui a remplacé Élisabeth Borne au ministère des Transports, qui vend ingénument la mèche : « On veut faire du vélo un vrai moyen de transport et pas juste un instrument de loisir. »

Tiens donc ! Cela aurait-il quelque chose à voir avec la crise énergétique et le prix des carburants ? Quand la crise, la vraie, la dure, sévira au cœur de l’hiver, ceux qui ne vivent pas dans des métropoles seront-ils fortement incités, voire obligés, de se déplacer à vélo sous prétexte qu’ils auront des pistes cyclables et que l’État, c’est-à-dire nos impôts, aura financé de quelques euros l’achat d’un cycle ?

Comme dirait l’autre, il y a cinquante ans, on avait le Concorde, maintenant on a le vélo. Quelle ambition !

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Il y a déjà des « petits vélos » dans beaucoup de têtes, pourquoi ne pas en mettre beaucoup de « grands » dans les rues ? En même temps…

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