DeepSeek, l’IA chinoise qui sème la panique à Wall Street

Capture d'écran TV5 Monde
Capture d'écran TV5 Monde

Le jour où Lucie, l’IA à la française, disparaît avant d’avoir vécu, remballant ses œufs de vache, DeepSeek, l’IA chinoise en open source, fait chuter à la Bourse les géants américains.

C’est la panique à Wall Street, un séisme que personne n’avait vu venir. Lundi dernier, le NASDAQ-100, l’indice de la technologie aux États-Unis, a chuté de 3,07 %. Nvidia, la star de l’IA qui fournit – ou pas, on le verra plus loin – les puces aux géants de la tech, s’est effondré de 17,37 %, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière. Idem pour Broadcom, son concurrent dans les semi-conducteurs. Quant aux mastodontes Microsoft et Google, ils ont respectivement dégringolé de 2,14 % et 4,2 %. Soit des pertes cumulées, selon le groupe financier Bloomberg, qui pourraient dépasser les 1.000 milliards de dollars. Cela, alors que Donald Trump vient d’annoncer un plan de 500 milliards de dollars pour la création d’une infrastructure géante de l’IA.

Faire mieux avec moins

Comment les Chinois ont-ils fait pour coiffer les Américains sur le poteau ? Ça n’était pourtant pas gagné. Le président sortant Joe Biden avait en principe verrouillé le marché, limitant drastiquement l’achat des puces Nvidia – le carburant essentiel pour « l’entraînement » de l’IA – par la Chine. Or, il se dit qu’avec seulement 2.000 puces, bien moins performantes que celles réservées au marché américain, les Chinois ont réussi à entraîner leur modèle mis le 20 janvier dernier sur le marché… et chargé plus de 700.000 fois dès le premier jour.

Mieux que cela : DeepSeek est un modèle en open source, infiniment moins coûteux que les concurrents. Si ce que rapporte Le Figaro est exact, « il a fallu plusieurs milliards de dollars à OpenAI, Anthropic ou Meta pour entraîner leurs différents modèles. Le modèle R1 de DeepSeek fonctionne pour un coût de seulement 6 millions de dollars. » Cerise sur le cheesecake, l’IA chinoise, dix fois moins chère à l’utilisation, offre des performances stupéfiantes, nous confie un utilisateur ébahi.

Consultant international, directeur de l’innovation dans une école internationale des sciences de l’information, il nous confie : « On est tous en train de regarder ça depuis une semaine. C’est absolument extraordinaire, ce qu’ont fait les Chinois. C’est quand même dommage que les Européens n’aient pas fait un truc équivalent… Les Chinois se sont adaptés à la contrainte qu’était le non-accès aux puces américaines, donc ils se sont dit on va essayer de faire la même chose avec moins de force brute. » Et à l’en croire, les performances sont, pour certaines, bien supérieures : « Ce qui est fou, dit-il, c’est qu’ils sont arrivés à un modèle hardcore améliorant l’intelligence artificielle en maths – cette IA est nettement meilleure en maths que celles des Américains. Sur l’informatique, ils sont meilleurs, aussi, à générer le code. Un peu moins bons que l’Inde et les concurrents américains pour corriger le code, et pour le traitement de la langue, le dialogue, la culture, égaux aux Américains pour la langue anglaise, meilleurs en chinois ; pour les autres langues un peu moins bons pour l’instant, ce qui ne va pas durer. » Surtout, le plus inouï, « c’est qu’ils le mettent en open source et que cela peut être installé sur le PC. J’ai déjà deux de mes développeurs qui l’ont installé. C’est très encourageant ! C’est la meilleure nouvelle de l’année, car ça signifie que la force brute américaine n’est pas la seule solution. »

Lucie, plus australopithèque qu'intelligence artificielle

Parti à la recherche des géniaux créateurs de la start-up chinoise, Le Figaro les a trouvés à Hangzhou, au sud de Shanghaï. Le Bill Gates local s’appelle Liang Wenfeng. En 2015, à 30 ans, il a lancé un fonds spéculatif (ah, le socialisme à la chinoise…) et entrepris son grand œuvre.

La sortie de ChatGPT 3.5, en novembre 2022, lui met le feu aux trousses. Il lui faut accélérer et, surtout, contourner « l’interdiction décrétée par l’administration Biden de vendre aux acteurs chinois les puces les plus puissantes de Nvidia ». Il va donc travailler avec un matériel moins performant… et des ingénieurs qui le seront davantage.

Le gros atout de DeepSeek, c’est l’accessibilité : « Le modèle de DeepSeek, voué à rendre l’IA accessible au plus grand nombre, permet aux chercheurs de se servir librement de ses découvertes et d’adapter le code informatique. Et ce, même si ses données d’entraînement n’ont pas été rendues publiques. » Objet d’une cyberattaque massive dès sa mise en ligne, l’application est aujourd’hui la plus chargée de l’AppStore.

La France, qui continue de financer la Chine par « l’aide au développement », nous a fort brièvement offert Lucie. À moins que notre IA, vu son degré de développement, ne soit plutôt une allusion à l’australopithèque Lucy ?

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Le combat des géants. Les Chinois auraient-il attendu l’arrivée de Trump au pouvoir, pour le sabrer ? L’arme fatale des Chinois : arroser avec le moins cher.

  2. ça ne vous ferait rien d’écrire cet article en hébreu, pour que je puisse y comprendre quelque chose ? Merci.

  3. Attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Condamner l’IA comme je le vois dans les commentaires ci-après, c’est un peu comme si l’on condamnait la voiture au prétexte qu’elle inciterait les gens à ne plus marcher : ce n’est pas entièrement faux, mais est-ce de la faute de la voiture ? Le principal danger que je vois à l’IA, c’est certes la crétinisation des esprits qui, paralysés par la peur, ne verraient pas les dangers lié à l’IA. Mais la voiture aussi est dangereuse. Il est salutaire d’avoir conscience du danger, mais cela ne supprimera pas pour autant le danger : sommes-nous prêts à nous passer de voitures ? Ou de tracteurs, de machines agricoles et d’engrais, pour nos agriculteurs ? Pourtant ces progrès significatifs et relativement récents, rendus possibles par une énergie abondante et bon marché, ont conduit au plus important plan social de l’histoire où, en moins d’un siècle, la population paysanne de notre pays est passée de presque 90% de la population totale à moins de 10% ! Les impacts de l’IA risquent d’être du même ordre, sur des emplois « cols blancs » cette fois… avec un risque important d’être manipulé à notre insu si l’on n’y prend pas garde. Il est donc URGENT de comprendre comment ça marche, l’IA. Une jeune start up française (au nom malheureusement bien anglo-saxon, Learning Robots) nous y invite, son site web se trouve facilement… Introduire l’intelligence artificielle simplement.
    Voici sa page de garde : De l’éducation au monde de l’entreprise, notre solution 
pédagogique rend l’IA accessible à tous.

  4. En Chine ils ont des étudiants qui étudient et deviennent des « chercheurs qui trouvent ». En France nos futurs chercheurs sont biberonnés au wokisme, prennent le temps d’aller applaudir les discours fumeux de Melanchon… Et ça donne des « chercheurs qui cherchent » mais qui ne,trouvent pas. … Exemple ? Au CNRS, et avec l’argent de l’État, on a des chercheurs qui passent leur temps à enter de trouver comment faire taire Twiter… On a les priorités qu’on peut.

  5. Les gens s’ébaudissent devant DeepSeek… Sans jamais se demander pourquoi cette IA arrive des années après les premières IA américaines ???
    C’est tout simplement du retro-engineering, ou pour le dire plus crûment : du pillage technologique !
    La Chine n’a quasiment déposé aucun brevet en IA cette année.
    Bref: il n’ont fait que piller les avancées faites par les autres. Aucune R&D !!
    Typique de la dictature chinoise !

  6. Lucy, la deuxième honte du régime macronien. Nous avons eu Flamanville, nous avons Lucy. La France progressiste téléguidée par Macron, un Mozart parait-il . Mais ils gonflent le torse, satisfaits de leur impéritie. De plus, ils cherchent à entrainer la France dans leur sillage. En lieu et place de l’apprentissage des mathématiques, du français, on parle d’éducation à l’affectif, au sexe. Ces futurs bambins seront briffés en la matière mais méconnaîtront les ressources des maths. L’affaissement, le nivellement dans la médiocrité. Borne, polytechnicienne, ne fait pas honneur à son école.

  7. La Chine est de loin la première puissance économique mondiale en terme de PIB PPA (parité de pouvoir d’achat), ratio qui détermine la capacité d’investissement d’un pays. Elle est donc largement supérieure à celle des USA. Elle a formé des millions d’ingénieurs et de chercheurs qui, maintenant, apportent leurs pierres à l’édifice.
    Pas étonnant qu’elle soit aujourd’hui leader dans de nombreux domaines et qu’elle fasse trembler les Etats Unis par leur avance technologique dans de nombreux domaines.
    Reste encore aux USA la prédominance du dollar qui permets aux Américains de se financer et de jouer aux gendarmes du monde, dollar que les BRICS veulent faire chuter à plus ou moins long terme.
    Les prochaines années seront passionnantes à observer, l’Europe étant actuellement hors jeu.

  8. l’IA est une arme de destruction massive de la connaissance et la crétinisation de la société. Les vaillants petits soldats de star wars sont en construction.

  9. L’IA est un instrument de destruction de l’intelligence humaine et du libre arbitre. L’intérêt d’avoir sa propre IA est d’affaiblir ses voisins, voire les téléguider de l’intérieur. Qu’en France on n’ait pas d’intelligence artificielle ne pose problème que pour cette raison la. Mais il ne faut pas qu’on laisse les autres IA s’implanter dans le pays.

  10. Madame Delarue, il faut qu’on arrête avec cette tarte à la crème du financement de la Chine par l’aide au développement française. Il y a eu effectivement un prêt qui doit être de l’ordre de 150 M de dollars ou d’euros (des peanuts pour la Chine) de l’Agence Française de Développement à un opérateur chinois, aux conditions du marché, c’est à dire sans bonification de taux de l’Etat français, c’est à dire sans coût pour les contribuables, et comme l’AFD se finance à des conditions assez bonnes, ce prêt a rapporté de l’agent à l’AFD, c’est à dire à l’Etat. Si on est rigoureux dans ses affirmations, on gagne en crédibilité. cette affaire du prêt à la Chine, répétée ici et là, fait perdre de la crédibilité à ceux qui s’en servent.

    • Vous êtes à contre courant des rapports officiels. Il y aurait bien une aide de la France à la Chine drune centaine de million d’euros dont plus de 60 millions donnés aux étudiants chinois en France.

  11. Un rapport publié par l’Institut national japonais de la politique scientifique et technologique (NISTP) révèle que, de 2022 à 2024, la Chine a produit 27,2 % des 1 % des articles les plus cités dans le monde, soit 4 744 articles, devançant les États-Unis (24,9 % et 4 330 articles). Le Royaume-Uni suit avec 5,5 % et 963 articles. Ce leadership chinois ne se limite pas uniquement à la quantité de publications. Le rapport indique que la Chine se positionne désormais comme le premier pays en termes de nombre d’articles scientifiques publiés et d’articles les plus cités, un fait qui devrait renforcer sa compétitivité économique et industrielle. En moyenne, la Chine a publié 407 181 articles scientifiques par an entre 2018 et 2020, contre 293 434 pour les États-Unis, représentant ainsi 23,4 % de la production mondiale de recherche.

  12. Bien plus que par l’aide au développement, c’est par la transition écologique que toute l’Europe finance la Chine. Alors que nous fabriquions des moteurs diesel de plus en plus performants, nous avons décidé de les interdire au seul profit des bagnoles à piles fabriquées en Chine.
    C’est au mieux du grand art, au pire une trahison d’élites corrompues jusqu’à l’os !

  13. Jensen Huang, le patron de Nvidia est taiwanais, émigré aux Etats Unis. Il est né en 1963, éduqué à Stanford, a formé sa boite en 1993. Ce n’est pas avec l’école des fans et les bac à 95% que l’on forme en France actuellement que l’on va rentrer en compétition avec des pays où l’éducation est encore compétitive. Il faut vraiment virer tous ces gauchistes néfastes et reprendre une éducation sélective et de qualité. Les socialistes ont sacrifié une génération.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Tout un écosystème siphonne l’argent public pour faciliter la submersion migratoire
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois