De Doc Gynéco à Éric Drouet : le macronien Joachim Son-Forget en trublion improbable ?

Son Forget

Dans les siècles à venir, il n’est pas improbable que les politologues puissent se pencher sur ce qu’il conviendra alors de nommer le « syndrome franco-sud-coréen ». Soit ce vent impromptu venu du pays du Matin calme ayant contaminé ses ressortissants jusqu’en nos lointaines contrées.

Le Vert Jean-François Placé, évidemment. Énergumène qu’on ne présente plus ; mais qui, un soir, avec deux grammes dans chaque œil, sera au moins parvenu à incarner l’écologie à visage humain. On en rêvait. Grâce à Séoul, c’est fait.

Et l’ex-marcheur Joachim Son-Forget, bien sûr ; lequel est en passe d’emporter le trophée de la catégorie. Il faut dire que ce député macroniste, au goût étrange venu d’ailleurs, façon Gini et Pink Floyd*, ne manque pas de quartiers de noblesse en la matière. Ainsi, le 21 janvier dernier, ne faisait-il pas déposer une couronne de fleurs, place de la Concorde à Paris, afin de commémorer la mort de notre bon roi Louis XVI et de son épouse, la très autrichienne Antoinette ?

"Ils n’avaient pas mérité ça. Trop jeunes pour mourir !" Ça, c’est du tweet. Remarquez, Emmanuel Macron, déplorant la place laissée vide par le défunt, ne disait fondamentalement pas autre chose, lors de sa campagne présidentielle. Et les deux hommes étaient fatalement condamnés à s’unir durant cette dernière, « disruptive », qui s’ensuivit. D’ailleurs, ça vient de « disrupter » velu avec la proposition de Joachim Son-Forget d'organiser une rencontre avec le gilet jaune Éric Drouet et Doc Gynéco, rappeur au teint de jaunisse : "J'ai rien à perdre ni à gagner, moi, mon vrai boulot, c'est toubib, et j'y retournerai après tout ça, très probablement, si on se fait confiance je vous trahirai pas." Le même Éric Drouet a proposé à ses abonnés de Facebook de soumettre aux voix cette réunion tripartite. Il semblerait que cette dernière option, vidéo envisageable à l’appui, ait recueilli la majorité des internautes. On attend le résultat de pied ferme.

Mais avant d’anticiper la suite, attardons-nous plutôt sur les prémices de cet improbable feuilleton. Car en matière de happening permanent, Joachim Son-Forget n’est pas exactement un débutant. On se souvient que, le 23 décembre 2018, alors que la sénatrice écolo Esther Benbassa stigmatisait la première dame de France pour sa "violence" et sa "vulgarité", l'ex-futur jeune espoir de la Macronie triomphante tweeta : "Avec le pot de maquillage que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer."

Une telle passe d’armes lui vaut alors l’exclusion de la formation en marche pour le progrès de la République - ou un truc approchant. L’affreux jojo demande donc l’asile politique à l’UDI, mouvement centriste dont on connaît le gout inné de la déconne. Et dans un de ces coups de maître stratégiques dont il conserve le proverbial secret, son président Jean-Christophe Lagarde prévient tout de go : "S’il y a un problème, il partira. Il faut être intelligent et ne pas juger son passé." On n’aurait pas mieux dit d’un ancien criminel de guerre.

Depuis, le trublion s’est-il amendé ? C’est à douter, surtout à en juger de sa plus récente prestation, le 9 janvier dernier, dans les colonnes de L’Illustré, journal suisse, dans lesquelles il pose, bonnet jaune à pompon sur la tête et sabre laser au bras, façon Empire jaune qui contre-attaque.

Pas de doute : ce mec est mûr pour l’Eurovision.

* Clin d’œil aux plus âgés de nos jeunes lecteurs.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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