Darmanin et l’affaire du chat de Montparnasse

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Chacun sa cause. Par exemple, jadis, lorsqu’on entendait encore parler d’elle, Marlène Schiappa, c’était la cause des femmes. Elle faisait ça très bien. Gérald Darmanin, lui, c’est la cause animale. On se souvient qu’en 2018, alors qu’on était en pleine tourmente des gilets jaunes, celui qui était alors ministre de l’Action et des Comptes publics avait fait le buzz en se faisait filmer avec un perroquet sur l’épaule. « Avec Cocotte, on vous invite ce dimanche au Noël des animaux… pour la SPA. Il faut venir adopter des animaux. Hein, Cocotte, c’est vrai ! Hein, Hein, c’est vrai… Allez Cocotte, on vient aider la SPA ! » Notre amie Marie Delarue avait qualifié cette action de « dérivatif choupinet ». Un ministre a bien le droit d’avoir des dérivatifs, pourvu qu’ils soient inoffensifs.

Et puis, la cause animale est évidemment noble, car c’est à travers son comportement avec les animaux que l’homme peut révéler sa part d’humanité et de bestialité. Du reste, cette défense de la cause animale est transpartisane : on connaît l’amour de Marine Le Pen, mais aussi d’Aurore Bergé, pour les chats. Une Aurore Bergé qui est même capable de dire des choses sérieuses sur la cause animale. « La manière dont on traite les animaux reflète le niveau d’une société », avait-elle déclaré dans une interview à Paris Match, en 2018. Une sorte de paraphrase, en moins élégant, d’une sentence du pape Pie X : « L’âme d’une civilisation se révèle tout naturellement dans sa culture équestre ». Une réflexion papale qui, aujourd’hui, pourrait être contestée par ceux qui voient dans le dressage des chevaux de la maltraitance animale !

Maltraitance animale, justement. Gérald Darmanin a annoncé que des référents seraient désignés et formés dans les 4.000 commissariats et brigades de gendarmerie de France pour recevoir les plaintes relatives à cette maltraitance animale. Et de tweeter : « Les animaux sont des êtres vulnérables, doués de sensibilité, qui méritent notre protection. Les actes de violences qu’ils subissent parfois sont insupportables. C’est pourquoi j’ai décidé de renforcer les moyens de lutte contre ces violences que les Français n’acceptent plus. » Cela est juste est bon, mais il faudrait évaluer dans cette annonce la part de com’, car il est évident qu’on ne va rien renforcer du tout et qu’on va simplement désigner 4.000 agents qu’il faudra former. Pendant ce temps, ils ne seront pas à leur tâche pour la sécurité des Français, ces êtres vulnérables, doués de sensibilité, qui méritent la protection de l'État. Dans un pays où les actes de barbarie à l’encontre de nos concitoyens se multiplient, on peut d’ailleurs se demander légitimement s’il n’y a pas des priorités à poser : lorsque tout est prioritaire, plus rien ne l’est.

Mais il est vrai que la cause animale est éminemment populaire (il y aurait 80 millions d'animaux de compagnie dans notre pays) et que le registre émotionnel marche bien. On le voit à travers la prise de position de Darmanin, justement, lors de cette visite dans l’Essonne à propos de cette malheureuse affaire du chat écrasé par un TGV sous les yeux de ses maîtres (une mère et sa fille), au début du mois de janvier, à la gare Montparnasse. Neko – parce que maintenant toute la France connaît le nom de ce chat – s’était échappé de sa sacoche de transport pour se réfugier sous le train. Les agents de la SNCF, pour des raisons de sécurité, avaient refusé d’intervenir, ajoutant - horreur suprême - que « ce n’était qu’un chat », selon les propos rapportés par l’adolescente.

Une triste histoire, on en convient. Mais fallait-il pour autant que le ministre s’en mêlât en déclarant, ce 27 janvier : « J'ai été particulièrement choqué, évidemment, de ce qu'il s'est passé dans cette gare parisienne, et particulièrement choqué de la façon dont la SNCF a malheureusement géré cette terrible affaire » ? N’est-ce pas alimenter le relativisme si caractéristique de notre société ? Dire « Ce n’était qu’un chat » serait un scandale et donc, en creux, accréditerait l’idée qu’il n’y a plus de hiérarchie entre l’homme et l’animal. On attend sur le sujet une énième proposition de modification de notre Constitution.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

53 commentaires

  1. A l’attention de Georges Michel et des discriminants animaux/humains: Quand admettrez vous que physiologiquement(même espèce: mammifère) nous sommes égaux devant la souffrance? Il n’y a pas de hiérarchie, un homme écrasé ou un chat souffrent de la même façon, arrêtez ce faux débat éculé et stupide. Ce n’est pas en dénigrant notre sous-espèce(non péjoratif) que nous diminuerons nos souffrances. L’expression « traité comme un chien » est significative de la tare consubstantielle à ces raisonnements indignes.

  2. La réponse est simple: l’attitude de Darmanin est liée à ses origines. Chez eux, tout ce qui est chat ou oiseau passe avant la bestiole humaine, de loin la plus prédatrice, CQFD.

  3. On peut assassiner à coup de couteau des jeunes femmes, des vielles dames et des hommes et des « lola », là le ministre ne fait pas grand chose et parle pour ne rien dire mais pour cette histoire de chat désobéissant et mal tenu par ses maitresses, il en fait tout un plat !!! De plus ce ministre n’est jamais passé sous un train pour une quelconque intervention encore moins sous un TGV, il ne sait pas de quoi il parle encore une fois…..

  4. Colonel Georges Michel, pour la première fois je ne suis pas d’accord avec vous. Ni avec ceux qui acquiescent à vos propos. Vous faites donc une hiérarchie entre l’humain et l’animal. Mais ce n’est pas la seule vision à avoir. Car en fait sur cette Terre il y’a des êtres vivants, des animaux, dont une partie est l’humain. On doit tous les respecter, dans la mesure où ils sont aussi dans la même attitude. Si les humains sont par l’esprit supérieurs, ça ne leur donne pas le droit de décider de la vie où de la mort des autres, surtout par cruauté et déviance. Là, bien sûr, ceux-là il est souhaitable de les éliminer du reste de la société. Pour le chat, le tueur est celui de la SNCF qui a donné l’ordre au train de repartir. Et aussi le conducteur qui a redémarré. Il était facile de sauver le chat. Et les délinquants qui brutalisent gratuitement les animaux, les enfants où les autres humains sont à éliminer…

  5. Lutter contre la maltraitance animale est une très bonne chose et refléte la qualité d’une société, mais alors que dire des 230000 enfants tués chaque année dans le ventre de leur mère? C’est vrai, je l’oubliais, que les hommes et les femmes politiques ont dénié à ces petits hommes le statut d’êtres vivants, ce ne sont que des objets, des tas de cellules comme disent certaines feministes. Est ce que ce monde est serieux?

  6. « Les animaux sont des êtres vulnérables, doués de sensibilité, qui méritent notre protection. Les actes de violences qu’ils subissent parfois sont insupportables. C’est pourquoi j’ai décidé de renforcer les moyens de lutte contre ces violences que les Français n’acceptent plus. » « Les femmes sont des êtres vulnérables, douées de sensibilité, qui méritent notre protection. Les actes de violences qu’elles subissent parfois sont insupportables. C’est pourquoi j’ai décidé de renforcer les moyens de lutte contre ces violences que les Français n’acceptent plus. »

  7. En ce qui concerne la déclaration totalement stupide de M. DARMANIN tapant sur la SNCF (j’adore qu’on tape sur la SNCF, mais à juste raison) que fait-il pour les millions d’animaux abattus chaque année par égorgement dans les abattoirs français dans une souffrance indicible, avec en plus des conséquences néfastes pour notre santé ? Et pourtant, il pourrait en diminuer rapidement le nombre en obligeant simplement d’indiquer le mode d’abattage sur les étiquettes (égorgement ou étourdissement) ; mais il est bien plus courageux de s’attaquer à la SNCF.

    • Très juste aussi. Bien que la déclaration de Darmanin au sujet des responsables ayant donné l’ordre d’écraser le chat n’est pas du tout stupide.

  8. La souffrance animale , toujours aussi peu considérée sur BV ;
    Mais rassurez vous , les humains ! ça ne vous retirera rien : on connait la macronie et ses effets de com’ qui , malheureusement , ne seront pas suivis d ‘ effet…

  9. Comme nombre de ses concitoyens l’affection pour un animal est chose courante , la maltraitance animale est bien sûr à prendre en considération, mais de là à s’émouvoir pour ce petit chat écrasé par ce TGV , et en mettant en parallèle le peu d’intérêt qu’il a eu contre cet assaut à la gare du Nord , il y a un fossé abyssal (comme bien d’autres faits de société envers nos concitoyens souvent passés au second plan). Et puis faut-il rajouter des fonctions supplémentaires aux agents de la police , n’ont -ils pas assez de travail à faire ?

  10. En France , on tire sur les « flics », on tue ,on viole ,on « tabasse » les femmes ,quand Mr DARMANIN aura réglé tout cela , OK il pourra s’occuper des animaux !! Il y a des priorités et une hiérarchie dans l’horreur

  11. Etant interdit aux passagers de descendre sur les voies seul un employé de la gare aurait pu le faire ..Mais qui va prendre la décision ? Nous voila donc devant la -patate chaude- de la hiérarchie. Le contrôleur, l’employé qui frappe les roues.. le préposé à l’entretient des surfaces? Donc on laisse filer!

  12. Curieux que ce chat n’ait pas eut une laisse…
    Curieux que ce chat n’ait pas fuit au premier souffle du TGV…
    Nul doute qu’une enquête approfondie par une brigade spécialisée nous apportera la réponse !

  13. darmanin s offusque pour un chat écrasé mais n intervient pas pour dénoncer le meurtre raciste de la pauvre Axelle écrasée et traînée sur 800 m volontairement , les assasssins seront libres dans un an , honte à notre pays

  14. Une pandémie court toujours en France et on n’arrive pas à trouver le vaccin, c’est L’imbécillité notoire.

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