Cyril Hemardinquer : « Les policiers ne sont pas des “sous citoyens”, ils ont droit à leur légitime défense et doivent faire respecter la loi et l’ordre ! »

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Gérald Darmanin vient d'annoncer la pénalisation des « tirs de mortier » qui devraient être qualifiés d'armes par destination dans la nouvelle loi sur la sécurité globale. Une mesure indispensable pour protéger les forces de l'ordre ?

Réaction de Cyril Hemardinquer au micro de Boulevard Voltaire.

Gérald Darmanin promet une pénalisation des tirs de mortier contre des policiers. Est-ce que cela existe déjà dans la loi ?

Dans la loi, il n’existe pas le délit de tir de mortier sur policiers, mais comme il n’existe pas plus de délits de tir au pistolet 9 mm sur policiers ou de tir à la kalachnikov sur policiers. Nous sommes là sur des tentatives de meurtre. C’est déjà prévu et réprimé par le Code pénal. Je ne vois donc pas pourquoi on créerait une nouvelle loi qui viendrait pénaliser l’usage de telle ou telle arme spécifiquement pour porter atteinte à la vie ou à l’intégrité physique des policiers.

Selon vous, est-ce de la com’ politique ?

Je dirais de la com’ de bas étage. C’était juste pour faire le buzz et pour essayer de dire « Je suis ministre de l’Intérieur et je reprends la main ». J’attire l’attention de notre ministre sur le fait que nous avons déjà un Code de la sécurité intérieure, dans son article 435-1, qui prévoit les conditions d’emploi des armes dans le cadre de la légitime défense. Le début de cet article dit que lorsque des atteintes à la vie ou à l’intégrité physique sont portées contre eux ou contre autrui ou lorsque des personnes armées menacent leur vie ou leur intégrité physique ou celles d’autrui et lorsque après deux sommations faites à haute voix, ils ne peuvent défendre les lieux qu’ils occupent ou les personnes qui leur sont confiées. Ce sont deux cadres dans lesquels les policiers peuvent faire usage de leur arme. Je ne vois pas pourquoi on n’incite pas les policiers à user de légitime défense plutôt que d’aller chercher à pénaliser l’arme qui va être utilisée pour porter atteinte à leur vie.

Cela n’a vraiment pas de sens.

Finalement, le policier n’est plus là pour faire appliquer la loi, mais la loi est là pour protéger le policier…

Même pas ! Le policier n’est plus là pour faire appliquer la loi. Dans ces zones de non-droit, on peut utiliser des armes et tirer sur des policiers avec en toute impunité mais, en plus, la loi ne protège pas le policier pour la simple et bonne raison qu’elle n’est quasiment jamais appliquée telle quelle. Les magistrats qui peuvent user à discrétion de leur pouvoir de discernement minimisent à chaque fois les peines et essaient toujours de trouver des éléments pour ne pas incriminer les auteurs. Lorsque vous avez une trentaine d’individus qui utilisent les tirs de mortier sur les policiers et qu’un magistrat vous dit qu’on ne peut pas savoir quel est exactement l’individu qui a utilisé le mortier pour tirer, c’est problématique. Lorsqu’un magistrat considère que c’est cet agrégat de personnes et non pas une bande organisée dans le cadre d’un guet-apens, là encore, c’est problématique. Ces problématiques sont à prendre en compte. Le policier, aujourd’hui, n’est pas protégé par la loi. Si un policier venait à faire usage de son arme en état de légitime défense contre un tireur de mortier et venait à l’abattre, ce policier passerait aux assises, vous auriez des émeutes dans le quartier et on dirait que notre police assassine. C’est honteux. Les policiers ne sont pas des sous-citoyens. Ils ont le droit à leur légitime défense et, plus encore, ils doivent faire respecter la loi et l’ordre.

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Cyril Hemardinquer
Secrétaire national de la Fédération professionnelle indépendante de la police

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