Covid, un an après : merci Brigitte !

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Il fallait bien un petit feu d'artifice pour fêter les un an de ce fameux samedi soir 14 mars 2020 où Édouard Philippe faisait basculer le pays dans un confinement total. Un anniversaire particulièrement sombre : les chiffres sont à la hausse et des seuils symboliques ont été franchis hier soir (plus de 4.000 patients en réanimation, plus de 90.000 morts), la situation est très tendue en région parisienne, qui a recours à des évacuations de malades. Un an après, la France et l'Europe sont toujours engluées dans une épidémie qui grippe la société, l'économie et les esprits.

Cette lueur inattendue est venue, non de MM. Véran et Castex, mais de Brigitte Bourguignon, ministre chargé de l'Autonomie (titulature bizarre quand on est essentiellement chargée de la...dépendance, une sorte d'antiphrase euphémistique, mais surtout pas ironique). Dans un communiqué et un entretien au Parisien, elle a explicité le nouveau protocole applicable dans les EHPAD.

« Les résidents, quel que soit leur statut vaccinal et immunitaire, doivent retrouver les mêmes droits que le reste de la population, comme la possibilité de voir leurs proches, à l'extérieur ou à l'intérieur de l'établissement. »

Vous avez bien lu : « quel que soit leur statut vaccinal » ! Les personnes âgées vaccinées « pourront se rendre chez leurs proches, sans se faire tester avant, après et s'isoler sept jours dans leurs chambres [...] Aujourd'hui, 87 % ont reçu une première dose, 62 % les deux et 50 % bénéficient d'une couverture maximale. »

Mais les personnes non vaccinées seront, elles aussi, autorisées à sortir, le ministre l'a assuré : Certains n'ont pas pu recevoir de doses parce qu'ils étaient souffrants au moment de la campagne ou parce qu'il y avait un cluster dans leur établissement. Ce n'est souvent pas volontaire, on ne peut donc pas introduire une discrimination, ce serait une double peine. Il est hors de question de les exclure des activités dans les EHPAD. Et il serait inhumain de dire "tu n'es pas vacciné, tu restes dans ta chambre". »

Certes, elles devront respecter un isolement de sept jours à leur retour dans l'établissement. Certes, le ministre a déploré le trop faible taux de personnels vaccinés : « Dans certains établissements, 50 % des soignants sont vaccinés, dans d’autres, seulement 19 %, ce n’est pas tolérable. C’est paradoxal, le personnel a parfois choisi de s’enfermer avec les résidents lors de la première vague par peur que le virus n’entre dans l’EHPAD et aujourd’hui ils refusent le vaccin. Il y a de la peur, engendrée par les réseaux sociaux, et on préfère relever le moindre petit incident alors que 4 millions ont déjà reçu au moins une première dose. C’est incroyable. »

Cette nouvelle leçon de morale péremptoire à des personnels qui mériteraient d'abord toute sa reconnaissance était malvenue. Il faut croire que c'est une marque de fabrique de la team, d'ailleurs.

Mais comment ne pas saluer, au milieu du flot de nos récriminations, de nos doutes et des nuages qui s'amoncellent, cette décision à l'égard des personnes âgées qui refait entrer un peu d'humanité dans les EHPAD. Imaginez : les activités collectives vont être à nouveau autorisées, les chambres « ouvertes aux familles » et les parois en Plexiglas™ retirées. Oui, un rayon de soleil.

Alors, sans hésiter : merci Brigiiitte ! Bourguignon, évidemment.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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