Coronavirus : « des preuves énormes »… D’un mensonge à l’autre ?
Mike Pompeo est LE secrétaire d’État aux États-Unis d’Amérique. Ce qui, en France, désigne un sous-ministre est, là-bas, le chef de la diplomatie, le ministre des Affaires étrangères, le numéro trois dans l’ordre hiérarchique de l’exécutif, précédé des seuls président et vice-président. Poste important, poste prestigieux qui fut occupé par quelques noms incontournables dans l’histoire : Thomas Jefferson, le général George Marshall, Henry Kissinger. Hillary Clinton et Colin Powell ont, eux aussi, occupé cette fonction. Mike Pompeo a été précédemment (et brièvement) le directeur de la CIA, le service d’espionnage américain.
Mike Pompeo a indiqué, dimanche 3 mai, qu’existaient « d’énormes preuves » (enormous evidence) que le coronavirus 2019 provienne d’un laboratoire de Wuhan, tout en s’interrogeant sur l’origine de cette fuite : accidentelle ou volontaire ? Son président Donald Trump suppose l’existence d’une horrible erreur et la volonté de nier cette erreur. Bien sûr, pour protéger les sources d’information, tout ne peut pas être révélé, mais un rapport définitif (conclusive) est annoncé. Et de menacer la Chine de sanctions douanières.
Allez savoir pourquoi ? La chanson de Barbara revient taquiner les oreilles d’un parmi ceux qui sont encombrés de quelques souvenirs. Une image, une simple association d’idées, une évocation incidente. Le général Colin Powell, secrétaire d’État, un ex-militaire de très haut rang reconverti dans la politique, habitué à user du renseignement pour décider, planifier et finalement dérouler une guerre jusqu’à la gagner, qui montre une fiole au Conseil de sécurité de l’ONU en affirmant que ses services de renseignement détenaient la preuve de l’existence d’armes de destruction massive en Irak. Qui sait si, plus de quinze ans après, certains continuent de chercher en vain ces armes qui décidèrent d’une guerre-fiasco montrant l’incapacité des États-Unis à penser une géopolitique cohérente et respectueuse des autres peuples ?
Que les dirigeants chinois aient menti semble, aujourd’hui, une certitude. Que ce soit pour ne pas perdre la face ou pour toute autre raison est de peu d’intérêt, en fait. Il reste cette question à laquelle le plébéien lambda que je suis ne sait pas répondre : quelle est la probabilité pour que les dirigeants des États-Unis mentent aujourd’hui, parce que ce serait perçu comme l’intérêt des seuls États-Unis de travestir la vérité ? Le crédit du menteur avéré est « placé sous surveillance avec implication négative », disent les agences de notation, et le doute reste le refuge de qui n’a accès à aucune source d’information privilégiée et ne dispose pas des savoirs indispensables pour la comprendre en entier.
Alors, est-il opportun de se lancer dans l’aventure des sanctions douanières ? Pourquoi ne pas aller directement à la source du problème de concurrence déloyale évoqué il y a peu ici et virer la Chine de l’Organisation mondiale du commerce ? Mais prendre prétexte des mensonges de la Chine pour le faire, c’est aussi prendre le risque d’exposer des fesses pas si propres que ça en grimpant au cocotier. Nous avons été servis plus que généreusement par notre propre exécutif en mensonges, ces derniers temps, nous ne pouvons donner de leçons à personne en la matière.
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