Confinement : des risques psychologiques graves pour les jeunes

tristesse dépression

Selon une étude réalisée par le site Diplomeo.com, 65 % des étudiants de 16 à 25 ans déclarent souffrir du confinement (1). Pour 17 % d’entre eux, la situation est même « horrible ». Au niveau de la population générale, les chiffres sont moins alarmants, puisque seuls 41 % des Français affirment ressentir davantage de stress ou d’anxiété (2).

Le confinement, qui est une épreuve pour tous, est donc vécu plus intensément par les jeunes. L’annulation du baccalauréat, bien sûr, a été accueillie favorablement par 74 % des lycéens : cela confirme l’état de délabrement de cette institution moribonde. Les lycéens ne mesurent pas, cependant, l’opprobre jeté sur leur promotion 2020, écho lointain de 1968, « l’année où le bac a été donné ». Toute leur vie, on leur rappellera qu’on leur a fait l’aumône d’un « bac à bon marché ».

Mais les effets délétères du confinement sur les jeunes concernent avant tout leur santé mentale. Les conduites à risque et les états dépressifs, fréquents à l’adolescence, sont majorés par l’enfermement. En effet, l’adolescent vit déjà dans une situation d’enfermement mental. Sa problématique est de s’extraire des complexes familiaux grâce aux identifications aux pairs et aux phénomènes de groupe. Sa socialisation est donc primordiale. Il a besoin de sortir : sortir de l’enfance, sortir de son lit, de sa chambre, de chez lui. Il a besoin de sortir de ses illusions de toute-puissance, nourries par les films d’anticipation et les jeux vidéo qui entretiennent la confusion entre le virtuel et la réalité. Or, ce confinement lui propose tout le contraire : régresser, s’abrutir devant des écrans au motif tartuffien de la continuité pédagogique ou pour regarder des sites de streaming, et partager le stress parental.

Du décalage du rythme biologique à l’abus des écrans, tous les facteurs de risque dépressif, de troubles du sommeil et de syndromes d’angoisse sont réunis par ces mesures confinatoires, qui verront une augmentation des mutilations, des violences intrafamiliales et de la consommation de psychotropes.

Les jeunes, qui vivent dans le présent, ont besoin d’un cadre temporel clair. Rallonger le confinement au fur et à mesure, à coups de « si vous êtes sages » infantilisants, achève de saper leur confiance dans la parole publique. La posture maternante d’un gouvernement obsédé par le « soin » et les « soignants », la phobie de l’extérieur et le comptage affolé des morts ne sont pas de nature à épanouir la jeunesse.

On se réjouira en constatant que pour 68 % des étudiants, les cours en ligne se passent bien. La jeunesse est, certes, à l’aise avec les nouvelles technologies. Cependant, la présence du professeur est irremplaçable, car l’essentiel des interactions humaines passe par le non-verbal et la présence réelle. La vie humaine va bien au-delà de l’hygiène des corps, et c’est pourquoi ce confinement est un remède qui s’avérera pire que le mal. La santé sans souci de santé mentale, comme la science sans conscience, n’est que ruine de l’âme.

(1) Sondage réalisé du 3 au 9 avril auprès de 6.288 étudiants âgés de 16 à 25 ans.
(2) Enquête réalisée par l'IFOP pour Consolab auprès d’un échantillon de 3.011 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Bertrand Duccini
Bertrand Duccini
Psychothérapeute, Docteur en Psychanalyse

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