Colonel Jacques Hogard : « Il y a une instrumentalisation du génocide rwandais »
Emmanuel Macron veut faire du 7 avril une journée de commémoration du génocide rwandais. Réaction du colonel (er) Jacques Hogard au micro de Boulevard Voltaire.
Emmanuel Macron veut faire de la journée du 7 avril une journée de commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda.
Seriez-vous d’accord avec le président Macron pour commémorer cet événement ?
Cela fait 25 ans que cet événement a eu lieu. J’y pense tous les ans, parce qu’il y a eu une tragédie au Rwanda. Je ne vois aucun inconvénient à se souvenir d’une tragédie. En revanche, je ne vois pas pourquoi nous en ferions une journée nationale de commémoration.
La France n’est, à mon avis, absolument pas concernée par ce génocide, contrairement à ce que toute une frange d’intellectuels et d’historiens veut nous faire croire. Je pense que faire cela serait donner crédit à la propagande du régime de Kagamé, largement co-responsable de ce génocide.
Par ailleurs, il est le responsable direct des massacres et des génocides qui ont suivi depuis 25 ans en RDC. Ceux-là, quant à eux, sont passés sous silence. Cette journée de commémoration du génocide des Tutsis est une mystification.
Ce sujet du génocide rwandais est aussi le théâtre d’une lutte intellectuelle entre le président rwandais et la France. Cet argument est souvent avancé pour que cela serve l’intérêt politique de l’un ou de l’autre.
Ne pas commémorer ce génocide n’est-il pas faire le jeu de la politique du président rwandais ?
Il y a une instrumentalisation de ce génocide. Lorsqu’on dit génocide des Tutsis, je crois que c’est un peu restrictif. En 1994, le génocide a fait 800 000 morts au Rwanda. Beaucoup de Hutus ont aussi été tués. Ils sont frappés d’infamie. Cela me paraît tout à fait injuste et déraisonnable de ne pas en parler. Bien entendu, il y a une instrumentalisation par le pouvoir de Kagamé. Il cherche absolument, par haine de la France, à nous attribuer la responsabilité de ce génocide. Je rappelle qu’il a été commis contre des Rwandais par des Rwandais.
Pourquoi n’y a-t-il pas de journée de commémoration du massacre des pieds-noirs à Oran le 5 juillet pendant la guerre d’Algérie ?
Si on ouvre la boîte de Pandore des journées commémoratives, on n’en a pas fini. Les 365 jours de l’année ne suffiront pas à commémorer les tristes événements ayant affectés le monde, ne serait-ce que depuis 1945.
Pour moi, la mesure annoncée par le président de la République n’a pas lieu d’être. On cherche à imputer cet événement à la France.
Cette opération vise à consacrer cette soi-disant responsabilité de la France.
C’est pour moi le vrai motif de cette déclaration.
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