Chômage : avons-nous le pire gouvernement d’Europe ?
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J’ai posé cette question en 2016 sous le quinquennat de M. Hollande dans les colonnes de Boulevard Voltaire en concluant que oui. Le Président a changé, depuis 2017. Malheureusement, la réponse est toujours positive ! Est-ce si étonnant, puisque le chef de l’État actuel était le ministre de l’Économie de l’ancienne équipe. Notre situation est épouvantable au niveau des finances publiques. Nous avons le record de déficit de la zone euro (3,2 % en 2019). Même l’Italie, qui est l’homme malade de l’Europe, fait mieux que nous (2,7 %).
Bien sûr, notre gouvernement a beau jeu de prétendre qu’il s’agit d’un accident : nous avons modifié le système d’aide aux entreprises (CICE) en le transformant en allègement de charges, nous avons dû compter deux fois les vingt milliards d’euros en 2019 affectés à cette dépense. Cependant, il n’y a que deux pays, en Europe, qui ont un déficit primaire, c’est-à-dire hors service de la dette : nous (-1,7 %) et la Finlande (-0,3 %). Si on élimine le CICE, nous restons à -1,1 % ! Si nous ne sommes pas pris à la gorge comme nos voisins transalpins, qui ont un solde primaire positif, nous le devons uniquement à la faveur (inexplicable) du marché : on nous prête à des taux de plus en plus bas (jusqu’à -0,7 %) alors que l’Italie emprunte autour de +1,4 % ! Notre dette est désormais un revenu.
Selon le FMI, nous sommes les champions d’Europe de la dépense publique (55,6 % du PIB), contre une moyenne, dans l’Union européenne, de 45,6 %. La situation est paradoxale : nous sommes le pays qui spolie le plus ses contribuables et qui a le déficit le plus fort. Notre gouvernement se vante d’avoir des résultats dans sa lutte contre le chômage. Dimanche encore, sur BFM TV, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, nous a assuré que le taux de sans-emploi (8,5 %, selon la définition du BIT) allait encore diminuer. Certes, nous sommes en progrès : sous François Hollande, ce même taux n’avait cessé de monter.
Néanmoins, tous les pays d’Europe, sans aucune exception, ont vu le chômage refluer bien avant nous. Le taux de chômage est de 6,3 % dans l’Union européenne et de 7,5 % dans la zone euro. Nous sommes donc largement au-dessus de la moyenne : le quatrième à partir de la fin ! Bien sûr, l’Espagne (13,6 %) et la Grèce (18,1 %) ont des taux record, mais ces deux pays partaient de très loin et, depuis deux ans, leur situation se redresse à toute vitesse. L'Italie fait pire que nous (9,7 %) mais les autres pays sont proches du plein-emploi : la République tchèque (2,2 %) et l’Allemagne (3,1 %) étant les plus bas, les autres se situant entre 5 % et 6,5 %.
En outre s’il y a eu 66.000 chômeurs en moins au second trimestre, le halo du chômage a augmenté parallèlement de 63.000 ! Il s’agit de ceux qui cherchent un emploi mais sont considérés comme inactifs par le BIT, car ils ne sont pas disponibles à prendre un nouvel emploi dans les deux semaines, soit parce qu’ils ont des stages, soit parce qu’ils sont malades, soit parce qu’ils doivent d’abord quitter leur ancien poste pas assez rémunérateur. Il n’y a donc aucun doute : nous avons le pire gouvernement de l’Union !
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Muriel Pénicaud
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