« En tout cas, je ne suis pas la roue de secours de la Macronie », concluait Charles de Courson, député de la Marne, dans un entretien donné au Point, le 22 juin dernier. Celui qui se présente comme un opposant déterminé à Emmanuel Macron et qui, pourtant, a appelé à voter pour lui au second tour de l’élection présidentielle risque bien de passer pour la béquille de secours de la NUPES, après les péripéties de l’élection du président de la commission des finances à l’Assemblée. Le journal en ligne Le Huff ne titrait-il pas, jeudi, « Pourquoi Charles de Courson est-il devenu une star pour la NUPES, le temps d’un vote » ?

En effet, son retrait de la course à cette prestigieuse présidence a probablement permis l’élection de l’« extrémiste » Éric Coquerel, puisque c’est ainsi que Charles de Courson qualifie les membre de La France insoumise. Le 11 avril dernier, dans une vidéo publiée par L’Union, analysant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, il soulignait l’importance du vote « extrémiste » représenté par Marine Le Pen, Éric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan et... Jean-Luc Mélenchon. Mais le « très grave danger » pour la France était alors, pour lui, l’élection de Marine Le Pen : « dislocation de l’Union européenne », affaiblissement de façon considérable de notre économie et « tensions sociales croissantes dans notre pays ». Il oubliait les nuées de sauterelles et les pluies de crapauds. Conclusion : Charles de Courson appelait à voter pour Emmanuel Macron qui, pourtant, « par son comportement et ses actes, a radicalisé les électeurs », comme il le déclarait au Point, la semaine dernière.

On peut comprendre que Charles Amédée du Buisson de Courson, par son histoire familiale (père résistant, engagé en politique, sous la IVe République, avec l’étiquette MRP – démocrate-chrétien -, grand-père maternel parlementaire ayant refusé les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, déporté et mort des suites de sa détention), puisse être viscéralement opposé aux extrêmes. Mais peut-on vraiment et sérieusement qualifier aujourd’hui le Rassemblement national d’« extrémiste de droite » ?

Intéressant, d’ailleurs, les surréactions venant de l’extrême gauche après cet épisode de la commission des finances. Prenez le député EELV au Parlement européen David Cormand : « Fils de résistant, petit-fils de l’un des députés ayant refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Que “le nouveau monde” politiquement décérébré et le ramassis de collabos que sont devenu les LR, pourtant censé être issus du gaullisme, en prennent de la graine. Mais bon… » Ou comment instrumentaliser un député qui se dit indépendant et exploiter à fond le filon. Ce même député Cormand qui s'offusque des propos de Sophie de Menthon, sur franceinfo, déclarant que le député RN Tanguy, candidat malheureux à la présidence de la commission des finances, paraissait « compétent ». Accrochez-vous : « C’est un député d’extrême droite, issu d’un parti cofondé par des Waffen SS, Madame de Menthon. “Compétent” ? » On ne voit pas bien le rapport. D’autant que Tanguy vient de Debout la France et que, parmi les fondateurs du Front national, on trouvait aussi d’anciens résistants, comme le compagnon de la Libération Michel de Camaret. Ignorance, malhonnêteté intellectuelle ? Les deux à la fois, sans doute. Curieux, aussi, cette manie de tout ramener aux (supposées) origines alors même que l'on prône la rupture avec le passé, les racines, la transmission, la filiation, etc. Ce député écolo sait-il d'ailleurs - ou feint-il de l'ignorer - que Charles de Courson fut un opposant au mariage homosexuel, chose qui le voue d’emblée, par construction, aux gémonies de la part du camp du progrès ?

Mais pour revenir à M. de Courson, il est évident que le Parlement vient de perdre une belle occasion d’avoir à la tête de la commission des finances un président de haut vol. Au lieu de cela, on a donné à l’extrême gauche la plus sectaire qui soit une estrade de première classe. À qui la faute ? Sinon, semble-t-il, au premier intéressé. Lepeletier de Saint-Fargeau, ancêtre de M. de Courson, vota la mort du roi. Espérons que les sans-culottes de LFI ne transformeront pas cette estrade de la commission des finances en échafaud.

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01 juillet 2022 à 17:53

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54 commentaires

  1. Si de Courson estime que le refus de voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en 1940 vaut certificat d’honorabilité anti-extrême droite à ses yeux, alors rafraîchissons-lui la mémoire en lui listant les noms des nombreux socialistes et radicaux qui les votèrent et de ceux qui formèrent le 1er gvt de Vichy, tandis que les extrémistes de droite royalistes, Croix de Feu, voire même cagoulards filaient à Londres et que les communistes collaboraient ouvertement avec l’occupant nazi…

  2. Quel bel éditorial ! Depuis quelques temps déjà nous lisons, entendons, tout et n’importe quoi. il est normal, presque thérapeutique de se laisser berner une fois de plus par cette extrême gauche affichée, assumée, qui ne recule devant rien, pour occuper le devant de la scène. Ramassis hétéroclite de gens ne se supportant pas sauf en temps d’élection. Allant du ventre mou du centre au plus pur néo bolchéviste. et qui se pose en parangon de vertu devant la seule droite que nous ayons. Désolant

  3. Les accords en coulisses entre députés de droite de gauche existent depuis longtemps. Cela s’appelle les Fraternelles parlementaires. En cette période où le parlement a beaucoup de pouvoir, il serait intéressant que des journalistes nous disent qui sont les députés francs-maçons.

  4. Je répète pour la nième fois : 41 votes exprimés sur 577 députés !
    De Courson, ne faisant pas partie de l’opposition NUPES et RN, n’avait aucun chance… selon le Règlement. Hélas, c’est ainsi !

    1. L’élection des présidents de commissions se fait en interne de chaque commission. La commission des finances compte 73 membres. Les députés de la majorité n’ont pas participé au vote. Donc, seuls les 41 députés de l’opposition ont participé au vote : 11 RN, 8 LR, 20 NUPES, 2 LIOT.

      1. Merci RedChef pour ces éclaircissements vraiment nécessaires qui montrent à l’évidence que Tanguy aurait dû être élu si LR l’avait voulu car il aurait eu 21 voix (RN+LR+LIOT) contre NUPES 20. C’est triste hélas!

  5. Bon ! donc les « sans culottes » de LFI sont aux Finances ! ! ! Ils vont faire la chasse aux évasions fiscales ! ça ne suffira pas et de loin pour éponger la dette. Car depuis 40 ans pour 1 euro d’économisé, 2 euros ne sont pas budgétés….Tout cela par le système « au dessus des Partis ( de la gauche à la droite) et quelque soit le grade (F.M.) » dans le discours de Campagne 2017 de Macron. Le R.N. ne doit pas encore faire partie du Système…

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