Calais un an après, ou le meilleur des mondes
La propagande existe bien dans notre pays, je l'ai rencontrée pas plus tard que mardi. France 3, la chaîne médaille d'or du politiquement correct, diffusait le 24 octobre, lors du journal 12/13, un reportage pour accompagner le premier anniversaire du démantèlement de la jungle de Calais.
Dans cette chronique, point de clandestins furieux reconduits à la frontière ou de migrants s'emparant de force d'un camion mais deux Soudanais, souriants, insérés dans les Hauts-de-France. Le but avoué de ce bourrage de crâne : nous démontrer que les migrants ont leur place en France et qu'ils sont, aujourd'hui, appréciés par les populations autochtones.
Le premier travaille dans les cuisines de l'hôpital d'Arras. Nazeer, 22 ans, est estimé dans son emploi, comme le dit la voix off : "Son vécu force le respect et l'admiration." D'ailleurs, pour souligner cet avis, le responsable du secteur restauration explique : "C'est émouvant de voir par quoi il est passé et cela fait réfléchir à les intégrer."
Le deuxième, Mountazir, 40 ans, ne parle pas français. Nous le voyons dans son nouvel appartement qui lui procure une joie intense "partagée avec son éducateur spécialisé". Car il ne faut pas croire, il paye son loyer… avec ce que lui donne l'association Vie active, une association qui doit probablement vivre de subventions publiques, comme ça, la boucle est bouclée. Une manière, comme le dit le commentaire, de "se sentir un peu plus français". La meilleure preuve de son intégration, il la donne lui-même : "Quand je vais à l'hôpital, je respecte la file d'attente… je me sens français."
On en pleurerait d'émotion, d'autant plus que les habitants de Croisilles, où il a séjourné avant d'avoir son chez-soi, viennent à tour de rôle nous confier l'empathie qu'ils éprouvent pour cet étranger. Ah, ils ont bien changé, ces villageois du Pas-de-Calais. Comme le dit le commentateur, ils sont passés de l'indignation à l'affection et, pour conforter ce jugement, rien de tel que de belles images d'épanchement. Une femme vient lui faire la bise. Le boulanger, lui, sert les mains avec effusion en ajoutant : "Il fait quasiment partie du village, maintenant."" Puis, c'est le "check" avec un enfant rencontré dans la rue alors qu'affectueusement un adulte lui met la main sur l'épaule.
À voir ce document, on se demande pourquoi une majorité de sondés rejettent encore les migrants. Mais l'État, lui, les sondages, il s'en moque. La preuve : 46 % des migrants venant de la jungle ont obtenu l’asile, contre seulement 7 % de déboutés.
Dommage que ce reportage n'ait pas montré le refus de Nathalie Bouchard, maire de Calais, de donner suite aux injonctions du Conseil d’État ordonnant des mesures d’aide aux migrants, comme la création de points d’eau ou de sanitaires. Cette même Nathalie Bouchard qui, il y a deux ans, expliquait à ces concitoyens : "Les migrants apporteront une richesse culturelle exceptionnelle […] et les Calaisiens pourront s’enrichir encore plus de ces populations."
Dommage, aussi, que l'on n'ait pas vu durant ce journal de la 3 cette famille calaisienne, riveraine de l'ancienne jungle, qui le 23 septembre dernier était agressée en voiture à coups de pierres par des migrants toujours présents dans cette zone. La jeune fille de 7 ans, traumatisée, est, depuis, suivie par un psychologue. Quant aux parents, à chaque sortie, ils scrutent les alentours pour voir si aucun danger ne les guette.
Eux n'ont pas eu droit à France 3 mais simplement à Radio 6, où la mère de famille a révélé, affolée, sous couvert d’anonymat, qu'elle pensait quitter Calais et sa région.
Quelle tristesse de constater que des étrangers n'ayant pas peur de se dévoiler ont trouvé, aidés par des associations, la "chaleur" d'un logement, alors que d'autres, gens ordinaires de cette même région, ignorés des grands médias et de la société, envisagent, avec le retour des clandestins dans le Calaisis, de quitter leur maison.
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