Belmondo, l’as des as du cinéma français
À pied, à cheval et en voiture (1957), tout le monde se pressait, À bout de souffle (1959) et par Un drôle de dimanche (1958) – un de ceux où Les Tricheurs (1958), les ivrognes et autres baltringues étaient de sortie, enjoignant à leur greluche du moment un impératif « Sois belle et tais-toi ! » (1957) –, pour aller se claquemurer À double tour (1959) dans une salle obscure et voir Les Distractions (1960) d’un malfrat, Un nommé La Rocca (1961), s’émouvant qu’on refusât de lui donner le bon Dieu sans confession, malgré l’absolution du bienveillant Léon Morin prêtre (1961). Délaissant, Moderato cantabile (1960), La Française et l’Amour (1960), il s’était déjà envolé en Classe tous risques (1959), de l’autre côté des Alpes, La Lettre d’une novice (1960) en poche, pour aller se perdre au fin fond de La Ciociara (1960) ou de La viaccia (1961), en quête d’Amours célèbres (1961). Certes, quand on est jeune et impétueux, les déconvenues amoureuses ne sont pas La mer à boire (1960), sous réserve, cependant, de ne pas oublier qu’Une femme est une femme (1961).
Quoi qu’il en soit, pas une Cartouche (1961) de son immense talent ne manquera sa cible, notamment pas celle de l’immense Jean Gabin, ce vieux Singe en hiver (1962) qui ne s’y trompera guère, bien que n’étant pas L’Aîné des Ferchaux (1963), tandis que son brillant cadet, Doulos (1962) repenti, acceptera pour Cent mille dollars au soleil (1964) d’être un peu L’Homme de Rio (1963). Toutefois, Par un beau matin d’été (1964), abandonnant La Chasse à l’homme (1964), il choisit L’Échappement libre (1964) et partit – non sans avoir emporté quelques friandises qu’il affectionnait, parmi lesquelles des Dragées aux poivres (1963) – Un week-end à Zuydcoote (1964) pour assister aux extravagantes Tribulations d’un Chinois en Chine (1965) qu’il manqua, finalement, retenu par un certain Pierrot le fou (1965), lequel, sur un air de Piaf, ne cessait de le harceler : « Eh ! Dites, Paris brûle-t-il ? (1965) ».
Ce Tendre Voyou (1966) charmeur n’aimait rien moins qu’être Voleur(1966) à ses heures perdues, à la condition d’être cornaqué par un solide Cerveau (1968) sans parvenir, néanmoins, à échapper aux griffes envoûtantes de La Sirène du Mississipi (1969). « Ho ! » (1968), l’interpella naguère Annie Girardot, « tu es Un homme qui me plaît » (1969). Sans doute le trouvait-elle irrésistible, avec son Stetson vissé sur la tête, lors même qu’il préférait, quant à lui, se coiffer d’un plus seyant Borsalino (1970) avant d’accomplir Le Casse (1971) du siècle. Mais n’est pas Spaggiari qui veut et La Scoumoune (1972) peut tomber sur quiconque, Héritier (1973) victime du destin, Magnifique déjanté (1973) ou Stavisky (1974) notoire. L’Incorrigible (1975) se rachètera, malgré tout, sur les toits de Paris, à la poursuite d’un dangereux psychopathe répandant une sinistre Peur sur la ville (1975). Il finira par l’avoir, gagnant le surnom flatteur de L’Alpagueur (1976). L’Animal (1977) réitèrera dans sa quête obsessionnelle du Corps de mon ennemi (1976), ainsi qu’il ne cessera de se le répéter.
Mais, qu’il eût été Flic ou Voyou (1978), il restera toujours dans nos cœurs ce Guignolo (1979) hautement drôle et spirituel qui se pâmait devant « tout le charme de l’Orient. Moitié ciguë, moitié loukoum ; en somme, le Coran alternatif ». Un véritable Professionnel (1981), L’As des as (1982) pouvait-on dire, à mille lieues du Marginal (1983) que certains Morfalous (1983), Rastignac aux dents longues du microcosme cinématographique, eussent peut-être voulu qu’il fût. Escroc vaudevillesque, dur à cuir ou coureur de jupons, il n’avait pas son pareil pour souhaiter des noces inoubliables de Joyeuses Pâques (1984) aux Mariés de l’an II (1971), tandis qu’en Solitaire (1986) blasé, il ratait son dernier Hold-up (1985). Au milieu des Misérables (1994), durant Cent et une nuits (1994), il méditera sur l’Itinéraire d’un enfant gâté (1988) : le sien. Perdu dans ses interminables pensées, il avait Une chance sur deux (1997) de ne pas entendre Désiré (1995) claquer la porte au nez de L’Inconnu dans la maison (1992).
Il n’en demeure pas moins que ce monstre sacré, s’il a indubitablement collectionné les succès, aura aussi, malheureusement, enfourché les pires nanars, bien plus en Amazone (2000), d’ailleurs, qu’en cavalier émérite. En 1999, Bertrand Blier le convoquera une dernière fois parmi Les Acteurs (2000). Cependant, on ne vit qu’Un homme et son chien (2008), son ultime film. Son film de trop ? Peut-être (1999).
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