Barkhane : des drones de solution ?

DRONE REAPER

Vingt militaires maliens tués, trois autres enlevés le 26 janvier dernier, après l'attaque djihadiste d'un camp de gendarmes à Sokolo, dans le centre du Mali.

Depuis plusieurs mois, les attaques djihadistes se sont intensifiées autour de cette région, vaste étendue d'eau truffée d'îlots et de marécages partagée par le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.

La veille de Noël, dans une attaque de la ville d’Arbinda, au Burkina Faso, 31 femmes et 7 militaires avaient été tués. Le 17 janvier, six militaires du Groupement des forces pour la sécurisation du Nord sont morts après que leur véhicule a sauté sur une mine. Le 25 janvier, c’est le massacre de Silgadji, toujours au Burkina Faso. Les assaillants ont rassemblé les habitants sur la place du marché. Puis après avoir séparé les femmes du groupe et contrôlé les identités, les individus ont assassiné les hommes. Ils étaient 39. Le 26, c’était l’attaque de Sokolo. Et le lendemain, dans la partie tchadienne de ces grands lacs, ce sont également six militaires tchadiens qui ont été tués par cette organisation. Le 30 janvier, au Nigeria, à Muna Dalti, dans les environs de Maiduguri, trois garçons sont tués dans un attentat-suicide commis par une fillette d'une douzaine d'années.

Sokolo est une localité dans le cercle de Niono, région de Ségou, où était établi un détachement de la gendarmerie malienne. Attaqué le 26 janvier par un rezzou mécanisé islamiste utilisant des 4x4 Toyota rapides et lourdement armés, les combats ont duré deux heures. Attaque revendiquée par le GSIM, Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda. Dans un communiqué, le GSIM affirme avoir réussi à tuer plus de vingt militaires, fait prisonnier trois autres et emporté un butin important de véhicules tout-terrain et de fusils kalachnikov avec un important arsenal de munitions. Sokolo est la dernière localité avant la frontière de la Mauritanie.

Mais Sokolo, c’est aussi le Mali. Le Mali où, depuis août 2014, 4.500 soldats français sont positionnés dans le cadre de l'opération Barkhane. Il s'agit de la plus importante mobilisation extérieure de la France, qui s'étend sur cinq pays : la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, un territoire aussi étendu que l'Europe. Un défi pour nos forces ainsi narguées directement sur le territoire d’où elles opèrent.

Il devenait indispensable que la France, à la présence déjà controversée, montre ses muscles pour réaffirmer aux populations africaines de plus en plus circonspectes qu’elle n’était pas débordée par les événements et que son utilité ne se bornait pas à servir de faire-valoir à des dirigeants plus ou moins corrompus. Faire taire, aussi, cette rumeur qui voit dans la présence française surtout la volonté de défendre nos intérêts économiques, notamment les mines d'uranium d'Orano (ex-Cogema puis Areva), au Niger. Il fallait aussi agir pour que les treize soldats français tués au Mali le 25 novembre dans la collision accidentelle de leurs deux hélicoptères ne soient pas morts inutilement. C’est désormais chose faite !

Selon le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état-major des armées, la force Barkhane aidée des forces maliennes aurait liquidé, entre le 6 et le 7 février, plus de trente djihadistes et leurs véhicules avec dans la zone du Liptako-Gourma, dite « des trois frontières », entre Mali, Burkina Faso et Niger. Frappes à longue portée conduites par un drone Reaper, une patrouille de Mirage 2000 ainsi qu'un hélicoptère Tigre. On sait que les opérations antiguérilla conduites uniquement à distance et par voie aérienne font peu de différences entre les vrais terroristes et le reste des populations. Mais s’interroger sur ce succès serait remettre en cause les certitudes de nos militaires et douter de l’efficacité des techniques made in USA en matière d’attaque prétendument ciblées. À cinquante millions pièce le drone fabriqué par General Atomics Aeronautical Systems, auquel il convient d’ajouter 20 millions d’armements, on ne peut donc se le permettre, sauf à être un mauvais Français.

Et pour Sokolo, finalement ? Sitôt l'armée malienne repartie, qui était arrivée après la bataille pour sécuriser la région, mais sans parvenir à les rattraper, les djihadistes sont réapparus et contrôlent désormais Sokolo.

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