Aujourd’hui, c’est « chacun pour soi et tout pour ma gueule » !

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On a donné à la radio un chiffre tellement ahurissant que je n’ose le reproduire ici. À savoir que la prise de somnifères et anxiolytiques a littéralement explosé dans notre pays déjà champion du monde en la matière (on nous annonçait plus de 60 % d’utilisateurs !).

Savamment entretenue autour du Covid-19, la psychose fait rage et terrasse nos concitoyens plus sûrement que le virus. Mais est-ce bien la seule cause ? Qu’est-ce qui nous rend tous si nerveux, si anxieux, si irritables, si instables ? La peur de la maladie, certes, mais plus encore l’oppression du quotidien, l’ambiance générale faite de tous ces maux que sont « le sentiment d’insécurité », comme disent les politiques, l’agressivité et surtout, surtout, l’incivilité poussée désormais à son paroxysme - je parle, ici, de l’absence totale du plus élémentaire savoir-vivre chez beaucoup de nos contemporains.

lefigaro.fr s’est penché sur le sujet et publie, ce vendredi 2 octobre, une enquête sous le titre « À l’hôtel, dans le train, en avion... Les voyageurs ont-ils oublié les bonnes manières ? » « Le savoir-vivre se perd. Au point que l’on se demande s’il existe encore des règles de politesse qui agrémentent les voyages », nous dit-on.

Le Figaro s’adresse à son public de CSP+, nous parle business class ; on découvre, ce faisant, que « les grandes compagnies ferroviaires internationales, de peur de perdre une clientèle “affaires” en concurrence avec l’avion, ont préféré donner naissance à des classes supérieures, baptisées Business Premier » où l’on paie son billet jusqu’à sept fois le prix de la classe standard et où, hélas, le coût n’offre nullement la garantie d’être tranquille. Idem dans les restaurants où la mode est à la fausse convivialité et le repas gâché par « l’omniprésence du personnel [qui] défie les règles élémentaires de la politesse. Le garçon se plante devant vous, coupe la conversation pour décrire un plat »

Reste que, pour la plupart d’entre nous, qui ne voyageons pas en business class et délaissons les tables étoilées pour le bouchon du coin, c’est pire encore car force est de constater qu’une proportion croissante de nos concitoyens vit dans l’ignorance absolue du monde qui les entoure. C’est partout le règne du « chacun pour soi et tout pour ma gueule ».

Au premier rang des coupables, Le Figaro pointe l’invasion des smartphones : « Entre 2011 et 2018, la part des Français à en posséder un est passée de 17 % à 75 %. » Chacun est dans son monde, raconte sa vie à haute voix sans pudeur, ne lève pas les yeux de l’écran et s’emmure dans ses écouteurs qui, souvent, régalent aussi le voisinage. Deux récents trajets en train m’ont offert pour voisins une jeune fille puis un jeune homme qui, l’un comme l’autre, se levant pour aller aux toilettes, n’ont pas jugé utile de demander le passage, encore moins de s’en excuser comme on devrait le faire par réflexe. Ils se sont contentés de me donner un coup dans le genou, et comme à la seconde fois j’ai feint de ne pas comprendre, la demoiselle a marmonné : « Passer ! »

Voilà donc où nous en sommes des « bonnes mœurs », c’est-à-dire sans plus de mœurs du tout pour huiler les rapports sociaux. L’égoïsme, l’égocentrisme « parce que je le vaux bien » et « parce que je le veux » explosent. Bousculée par une jeune bobo à vélo sur le trottoir où je tentais d’échapper aux trottinettes folles, mono-roues, gyro-roues et autres hoverboards, je dis en me frottant les côtes que le trottoir est réservé aux piétons, à quoi je m’entends répondre méchamment : « Vous ne connaissez rien à la politique de la ville ! » C’est cela, le Paris d’Anne Hidalgo… et, je le crains, l’avenir de nos villes vertes.

Dans un monde où l’éducation est ravalée au rang de brimade, la discipline qualifiée d'oppression, le savoir et l’effort discrédités, il est à craindre que tout cela ne fasse qu’empirer.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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