Attentat de Nice, un an après : le djihadiste Brahim Aouissaoui plaide toujours l’amnésie

attaque nice

Il y a un an, Brahim Aouissaoui, Tunisien de 22 ans, pénétrait dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice à 8 h 29 du matin. Vingt minutes plus tard, il avait déjà commis un triple massacre : Nathalie Devillers, Vincent Loquès le sacristain et Simone Barreto, tous trois coupables d’être venus prier de bon matin, étaient assassinés, égorgés. Les derniers mots de Simone Barreto - « Dites à mes enfants que je les aime » (France 3) - symbolisent à eux seuls cette vérité, cruelle et nue : par cet acte islamiste, c’est toute une famille, ici catholique, qui est endeuillée. Alors qu’il vociférait « Allah Akbar », le terroriste était criblé de 11 balles. Touché à l’abdomen et aux jambes, il est transporté à l’hôpital de Nice où ses seules paroles furent « des invectives islamistes ».

Qui est ce Tunisien arrivé clandestinement en Europe, le 20 septembre 2020, par la filière, hélas bien connue, des bateaux de migrants qui arrivent quotidiennement à Lampedusa ? Trafic qui vaut d’ailleurs encore aujourd’hui à Matteo Salvini d’être poursuivi en justice pour avoir tenté, à la face de toute l’Europe, d’en réduire drastiquement le flux, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Trafic et flux qui ont repris massivement depuis son départ du pouvoir. Rien n’a servi de leçon, et pourtant, le cas d’Ibrahim Aouissaoui est éminemment symbolique.

Peu de temps après l’attentat de Nice, Paris Match est allé en Tunisie aux origines du terroriste. Dernier d’une fratrie de dix enfants, il est originaire de Sfax. Très tôt, il quitte l’école, enchaîne les jobs qu’il quitte les uns après les autres : rétif à l’effort, à la rigueur, aux horaires fixes, il verse dans la petite délinquance, boit et fume du hachich, puis se rapproche des Frères musulmans. Il fait du trafic de carburant – qui lui permettra de payer son passage sur le bateau qui l’emmènera en Italie. Débarqué en Italie, il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire… et est laissé libre. Selon France TV, 10 % seulement des 12.000 Tunisiens arrivés en Italie en 2020, qui sont dans leur très grande majorité des migrants économiques, ont été réellement expulsés. Un scénario tristement connu chez nous.

Puis il remonte en France, « pays des mécréants et des chiens », via Rome et débarque à Nice, où il fait plusieurs repérages de la basilique. Jusqu’au matin du drame.

Grièvement blessé, il passe plusieurs semaines dans le coma puis est mis en examen le 7 décembre 2020 pour « assassinats » et « tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que participation à une « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Il semble qu’il ait agi seul, ce qui fait dire au juge Marc Trévidic, interviewé par Paris Match : « Ce qui inquiète c’est la radicalisation et le manque de maîtrise dans l’exécution de terroristes individuels. Je les appelle les électrons libres du djihad. Ils sont indétectables, totalement dans l’irrationnel et n’agissent que par haine. On assiste à un pourrissement et un délitement du terrorisme, qui devient pulsionnel et sans stratégie. » Vu l’absence totale de maîtrise du phénomène migratoire clandestin en France, on peut craindre que notre pays soit une poudrière….

Le 6 avril 2021, Brahim Aouissaoui, toujours détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, est interrogé par le juge d’instruction. Selon France Info, il déclare au magistrat « ne pas se souvenir des événements survenus en France, ni de son passage de plus d'un mois en Italie, ni même à quelques détails près de son passé en Tunisie ». Le juge d’instruction ordonne donc que, dans les six mois, une expertise menée par un psychiatre et un neurologue soit menée afin de déterminer si l’amnésie est feinte ou si elle ressort d’un syndrome de stress post-traumatique.

Plus récemment, toujours selon France Info, il persiste et continue de plaider l’amnésie. Il explique ne même pas se souvenir de ses parents.

Tout, pourtant, indiquait la préméditation.

« Il passe d’une stratégie à une autre mais ça ne change rien à la vérité », explique Samia Maktouf, avocat de la famille de Vincent Loquès. On attend pour le mois de novembre les résultats de l’expertise psychiatrique.

Le 29 octobre dernier, une cérémonie d’hommage a eu lieu à la basilique de Nice, en présence des familles des victimes. Auront-elles droit à un procès, à une décision de justice qui est l’unique réparation à laquelle elles veulent prétendre ?

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Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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