Alors c’est ça, maintenant, les Français seraient tous complotistes ?
Vous doutez un peu de ce qu’on vous raconte ? Vous êtes complotiste. Vous hésitez à vous faire vacciner ? Vous êtes complotiste. Vous pensez que les accusations d’islamophobie ne font qu’entretenir des prémices de guerre civile ? Vous êtes complotiste.
En fait, dès que vous remettez un tant soit peu en question la doxa officielle, vous êtes complotiste.
Le sujet est dans tous les médias, ces jours-ci, rebondissant sur l’affaire de la petite Mia, l’organisateur du rocambolesque enlèvement de l’enfant étant un complotiste patenté se rêvant gourou-chef de l’État.
France Inter a donc consacré une émission au sujet, ce mercredi 28 avril. « Grand bien vous fasse. La vie quotidienne, mode d’emploi », comme elle se définit, posait donc cette épineuse question : « Comment argumenter face à des complotistes ? » La réponse est « difficilement ». Pourquoi ? Parce que les complotistes reconnaissent rarement l’être.
Pour illustrer le propos, la radio d’État (attention, je glisse dans le complotisme !) est allée chercher un cas bien caricatural. À France Inter, c’est comme dans le cinéma d’Hollywood : il faut insister au cas où l’on ne comprendrait pas. Donc, le monsieur est passablement allumé sur certains points, mais sur d’autres parfaitement lucide. Quand il dit, par exemple « Moi, j’ai l’impression qu’on nous empêche de parler. La confrontation devient difficile, il y a énormément d’agressivité de la part des gens qui partagent l’avis mainstream, c'est-à-dire la parole du gouvernement, la vérité qu’on nous oblige à digérer », je ne peux lui donner tort. De même quand il évoque les difficultés de parler en famille : « Les sujets anti-vaccin, complotistes, ça ne se prête pas vraiment à l’argumentation, parce que les arguments ne sont pas audibles d’un côté comme de l’autre. On est sans doute dans la croyance. Chacun a tendance à chercher des arguments qui vont conforter sa propre opinion. »
France Inter a invité un professeur de sociologie à l’université de Paris, Gérald Bronner. « Le grand danger, c’est qu’il y ait une sécession cognitive, intellectuelle, entre nos concitoyens. Certains qui vivent dans un monde et d’autres qui vivent dans un monde alternatif », dit-il. Le CEVIPOF confirme : « Dans un sondage, 42 % des personnes interrogées estiment que la crise sanitaire donne l’occasion au gouvernement de contrôler les citoyens, 36 % jugent probable que le ministère de la Santé soit de mèche avec l’industrie pharmaceutique. » Tous complotistes !
À la question « Qu’est-ce qu’une théorie complotiste ? », l’homme de science répond : « C’est un récit explicatif qui considère que la cause d’un événement est liée à un groupe qui agirait dans l’ombre. Cette narration va à l’encontre de la version officielle ou communément admise. » Le problème est qu’en fait, rien ne prouve que ladite théorie soit fausse. Il s’agit, ajoute Gérald Bronner, d’une « théorisation naïve du monde » par laquelle « les individus vont essayer de donner du sens à ce qui arrive ». Des esprits faibles, donc, de pauvres gens incapables de gérer leurs émotions.
En considérant cette définition, je suggère à France Inter de se pencher sur la dernière théorie du complot qui déchaîne, ces jours-ci, les passions jusqu’au sommet de l’État : des généraux en retraite fomenteraient un coup d’État ! Tous les ministres ou presque y sont allés de leur sirène : le coup d’État militaire est imminent, les putschistes sont en ordre de marche sous la houlette de Marine Le Pen, etc.
Ce jeudi matin, sur France Info (autre radio d’État), alors qu’on détaillait les sanctions qui vont être prises contre ces « factieux » menacés du conseil de guerre sanitaire, une journaliste déplorait qu’en plus du déshonneur officiel contre les traîtres, on ne prît pas, en sus, la décision de supprimer leur pension aux généraux en retraite !
En l’occurrence, qui sont les complotistes ?
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