Allongement du congé pour enfant décédé : la Macronie dit non

Sur ce coup-là, les députés macronistes et Muriel Pénicaud, ministre du Travail, n’ont pas marqué des points. Par 40 voix contre 38, ils ont rejeté la proposition de loi du centriste Guy Bricout, député du Nord, de passer de cinq à douze jours le congé pour les parents endeuillés par la mort d’un enfant mineur ou à charge. À titre de comparaison, au Royaume-Uni, ce congé est de quinze jours et le congé de paternité, dans notre pays, est de onze jours.
En France, il y aurait 4.500 décès d’enfants mineurs par an, a rappelé Guy Bricout, qui en a appelé à « l’humanité » de ses collègues députés. Peu de cas, donc, Dieu merci, mais c’est à chaque fois, on l'imagine, 4.500 drames où il faut faire face,en un temps très court, à une concentration de formalités de tous ordres, à l’organisation des obsèques, tout en essayant de ne pas s’effondrer. La pire des épreuves qui puisse être infligée à des parents.
Comme le gouvernement est résolument pro-entreprise, le ministre du Travail a justifié ce rejet par le fait que ces jours de congé seraient à la charge de l’employeur et que cela pénaliserait les entreprises. Réponse du député Insoumis, François Ruffin, pointant du doigt une majorité « mesquine » : pourquoi, alors, ne pas faire reposer ce congé sur la solidarité nationale ? Effectivement, moins de 5.000 cas par an ne devraient pas plomber lourdement les finances de la Sécurité sociale, qui en voit sans doute de toutes les couleurs par ailleurs. Le ministre du Travail a eu beau jeu de souligner que ce n’était pas dans le texte de la proposition de loi du député Bricout. Que cela ne tienne, serait-on tenté de lui répondre !
Une volée de bois vert est donc tombée sur la Macronie, et ce, de tous côtés. Une majorité « incapable d’écouter », pour une députée LR, « une humanité à géométrie variable », pour l’ancienne LREM Agnès Thill, « honte », pour un député apparenté LR, une conception de la solidarité qui « m'échappe », pour un député communiste... A contrario, une macroniste, Sereine Mauborgne, députée du Var, a tenté de justifier ce rejet en déclarant : « Quand on s’achète de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises, c’est quand même un peu facile. » On imagine les réactions dans l’Hémicycle. Cette même Sereine Mauborgne avait, en revanche, proposé « la possibilité pour l’employeur de créer un compte de don ». En clair, si l’on a bien compris, l’achat de la générosité à bon prix sur le dos, pour reprendre ses mots, non pas des entreprises mais des collègues de travail, Muriel Pénicaud ajoutant à cette belle proposition un joli nœud rose en évoquant l’« élan de solidarité ».
Là où les choses se compliquent, pour le gouvernement et la Macronie, c’est lorsque le MEDEF entre dans la danse. Certes, le MEDEF, ce n’est pas tout le patronat, loin de là, mais tout de même ! Florence Parisot, ancienne présidente, de tweeter : « Le MEDEF de Geoffroy Roux de Bézieux, l’actuel président : “Tu m’as devancé mais c’est une évidence et c’est lancé”. » Décidément, même si le MEDEF s’y met ! Quand ça veut pas, ça veut pas.
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