Agriculteurs harcelés, villages dégradés : les oubliés de Sainte-Soline

Photo BV. Manifestation de Sainte-Soline le 25 mars 2023.
Photo BV. Manifestation de Sainte-Soline le 25 mars 2023.

Trois semaines après les scènes de guérilla à Sainte-Soline, les agriculteurs et habitants des Deux-Sèvres sont encore sous le choc. Inquiets, seize maires des communes aux alentours de la ville qui servit de ralliement pour la manifestation du 25 mars publient, ce 6 avril, une lettre ouverte pour dénoncer « l’invasion de nos villages ». « Nous ne tolérons pas la prise en otage de nos populations qui subissent des inquiétudes, des peurs provoquées par la minorité violente de ces mouvements », écrivent-ils avec fermeté. Et de poursuivre : « L’anxiété, l’angoisse et la pression médiatique exercée sur nos administrés est insupportable ; certains de nos enfants mais aussi de nos aînés sont choqués par une telle déferlante. » Ces élus locaux, qui déplorent « les dégradations de biens des particuliers et des infrastructures », condamnent par ailleurs la présence d’élus de la NUPES, écharpes tricolores en bandoulière, dans une manifestation violente, et qui plus est interdite. Selon eux, ces députés mettent à mal, par leur participation provocante, « l’esprit de concorde qu’en élus responsables nous essayons de porter ». À Vanzay, village voisin de Sainte-Soline, le maire, exaspéré, va même plus loin. Outre cette lettre ouverte, il a décidé de porter plainte pour les nombreuses dégradations – accotements défoncés et chaussée à refaire – commises sur sa commune, point de départ des manifestants.

Qui se soucie des agriculteurs ?

Derrière ces élus, c’est toute une population, et notamment les agriculteurs, qui fait part de son inquiétude et de son incompréhension. Largement partagée sur les réseaux sociaux, l’interview d’Emmanuel Villeneuve, agriculteur à la tête d’une exploitation familiale de 150 hectares, résume auprès du Parisien l’état d’esprit de toute une profession. « Personne ne s’est posé la question de savoir comment nous, on le vivait, sur notre territoire, de voir nos outils de production saccagés », regrette-t-il, au bord des larmes. Et d’accuser : « La Ligue des droits de l’homme ne s’est pas trop inquiétée de savoir comment nous, on vivait [cette manifestation]. »

Comme lui, Arthur, agriculteur relié à la retenue d’eau de Sainte-Soline, déplore de nombreux dégâts. Parcelles d’orge et de blé piétinées par les manifestants, système de raccordement à la bassine incendié et mis hors service… « Dégoûté et énervé », il confie à nos confrères d’Ouest-France qu'il envisage des poursuites judiciaires à l’encontre des organisateurs de la manifestation. Depuis quelques jours, les témoignages d’agriculteurs, déjà cibles de nombreux actes de vandalisme lors de la précédente manifestation au mois d’octobre dernier, se multiplient. « Les manifestants ont détruit l’outil de travail d’un jeune agriculteur en polyculture élevage. Ils ont également piétiné et détruit plusieurs hectares de culture », alerte ainsi la section locale des Jeunes Agriculteurs. Une situation d’autant plus insupportable que « les agriculteurs touchés par ce vandalisme participent activement à nourrir les Français », rappelle le syndicat agricole.

À Sainte-Soline et dans les communes alentour, la même incompréhension règne. Habitués à la tranquillité, des riverains, calfeutrés chez eux le 25 mars dernier, ont vécu dans la peur cette journée de mobilisation. Après le retour au calme, nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, s’inquiètent de la médiatisation négative de leur village et d’un possible retour des manifestants dans les prochains mois.

Plutôt que de manipuler les faits et de crier aux « violences policières », la Ligue des droits de l’homme aurait sans doute été plus utile à dénoncer les violences commises contre les agriculteurs.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Cette déferlante de haine tout azimut lors de cette manifestation interdite laisse des dégâts collatéraux . Je plains ces agriculteurs victimes pour plusieurs raisons . Les investissements réalisés détruits les récoltes avenir les recours qui risquent de ne pas aboutir . Tout cela pour produire et faire manger des personnes. Quid de nos gouvernants auront à se soucier de tout cette déliquescence lorsque l’on voit que des élus étaient en première ligne ???

  2. Les agriculteurs sont en quasi totalité francais de (vieille) souche, ne votent pas extrême gauche et ne vont jamais à Paris tout saccager,,,,. donc ils n’intéressent personne!

  3. Bien sûr, cette violence est inacceptable. Mais peut-on espérer un débat de fond sur les méthodes contemporaines de l’agriculture, la réduction de pluviométrie et les besoins en eau de toute la population ? Emma Haziza ne me paraît pas être une fanatique verte !

    • Oui, absolument. Le problème, outre le risque de faire de la France une nouvelle Californie desséchée par de telles retenues d’eau, réside aussi dans l’accaparement par certains (les plus gros exploitants) de telles ressources. C’est une prime à l’agriculture intensive, donc polluante et destructrice de l’environnement. Quant aux petits, eux subiront les interdictions de puiser dans la nappe phréatique lors des périodes de sécheresse. Et, franchement, pomper la nappe phréatique pour stocker l’eau en plein soleil en été et la voir s’évaporer est le comble de l’absurdité.

  4. Face à ces hordes de racailles, il faut sortir fusils de chasse et gros engins agricoles, sinon, il n’y a pas de raison de recommencer et de venir tout saccager chez les autres.

    • Voilà ce qu’il faut opposer à ces racailles. Les gendarmes devraient sortir les blindés qu’ils possèdent au lieu de venir en voitures vulnérables. Il est impensable que de telles manifestations aussi violentes se passent en France. L’Etat est responsable du maintien de l’Ordre et de la protection des populations agressees par des groupements qui se mettent hors la Loi.

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