Agressions mortelles : et si, un jour, on ne trouvait plus ni pompiers, ni médecins, ni flics ?

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Ce n’est plus un fait divers mais désormais un fait ordinaire quasi quotidien. Chaque jour ou presque on apprend qu’une personne s’est fait larder de coups de couteau et qu’elle y a laissé, quand ce n’est pas la vie, du moins tout ce qui la rendait vivable. Pire encore, ce sont souvent les gardiens de nos existences, tous ceux qui se dévouent pour la cause commune – médecins, pompiers, policiers – qui sont la cible d’individus qu’on présente commodément comme des détraqués.

On a ainsi appris mardi soir que deux pompiers intervenus à Villeneuve-Saint-Georges pour porter secours à un homme « en pleine crise de démence » ont été agressés par ce dernier. L’un, âgé de 27 ans, est décédé de ses blessures. Son chef (34 ans) est très grièvement blessé et l’on a craint jusque tard dans la nuit pour sa vie.

L’identité du “cinglé” n’est pas révélée, pas plus que les raisons de sa schizophrénie – une maladie qui semble devenue d’une grande banalité ! On connaît seulement son âge : 31 ans. Sa mère aurait appelé les pompiers pour le maîtriser. L’homme serait alors « sorti du pavillon avec eux, puis leur aurait dit qu'il avait oublié quelque chose. Il est revenu avec deux couteaux et les a poignardés à plusieurs reprises », selon la source policière.

Le préfet de police a bien sûr « fait part dans un communiqué de sa profonde tristesse » et a assuré les familles de « son soutien le plus total dans cette terrible épreuve ». Au rythme où il distribue ses condoléances, Michel Delpuech, qui n’est pas préfet du Loir-et-Cher mais préfet de police de Paris et sa région, devrait imprimer des cartes avec la formule magique…

Cette affaire, comme toutes celles qui l’ont précédée, révèle deux problèmes majeurs au moins dans notre système :
– Les pompiers, comme les policiers ou le Samu et les médecins sont devenus des cibles et les agressions connaissent une hausse plus qu’inquiétante
– La psychiatrie est un domaine sinistré et les fous ou présumés tels sont lâchés dans la nature sans filet de sécurité.

S’agissant des pompiers, dernier drame qui nous occupe ici, les chiffres de 2016 révèlent une hausse des agressions de 17,6 % par rapport à 2015. Ce sont 2280 sapeurs-pompiers qui ont déclaré avoir été victimes d'une agression physique en intervention. Un chiffre qui ne rend toutefois pas compte de la réalité du terrain mais fournit seulement « une tendance » puisqu’« il n'y a pas d'obligation à déclarer les faits », dit l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales). À l'échelle nationale, seuls 58,6 % des pompiers victimes d’agression ont porté plainte.

On rappellera que 40,5 % du corps des pompiers sont des bénévoles ! Des gens qui consacrent leur temps et leur énergie aux autres et pour cela prennent des risques qui peuvent leur coûter la vie.

Il faut savoir que les chiffres de l’ONDRP ne comptabilisent que les violences physiques, or « Les agressions verbales, c'est tous les jours. C'est devenu habituel », dit un responsable syndical. Idem chez les médecins pour qui l’on recense plus d’un millier d’agressions en 2017, principalement dans les départements du Nord et des Bouches-du-Rhône quand les pompiers de la Nouvelle-Aquitaine sont les plus touchés.

Enfin, les auteurs d’agressions mortelles étant systématiquement réputés malades, on se demande s’il y a encore une médecine psychiatrique en France. Mais malades comment, malades pourquoi ? On constate surtout que la question est totalement occultée, la cause étant tout aussi souvent imputée à la toxicomanie considérée aujourd’hui comme une maladie et non plus un délit. C’est pourquoi, en guise de traitement, vous et moi finançons des salles de shoot où tous ces “malades” viennent s’injecter leur dose sous le regard bienveillant de Médecins du monde…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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