Afrique du Sud : « Tuez le fermier, tuez le Boer », une chanson comme une autre

south-africa afrique du sud

La nation arc-en-ciel africaine, à qui on promettait des lendemains qui chantent depuis la fin du système d’apartheid, vit sous un ciel sombre. À ce ciel très sombre sont venus s’ajouter, au début du mois de septembre, des nuages encore plus menaçants.

En effet, dans ce pays miné par une haine anti-Blanc fomentée par des extrémistes et par un discours officiel qui laisse aller sans réagir, une récente décision judiciaire est venue fragiliser encore une situation sécuritaire déjà extrêmement précaire.

En 2013, Julius Malema créait dans la province du Limpopo, au nord de Johannesburg, l’EFF (Economic Freedom Fighters), un mouvement politique censé lutter, entre autres, contre la prédominance des fermiers blancs dans l’agriculture sud-africaine, pourtant la plus efficace du continent. Pour cela, Malema avait inventé un slogan sous forme de chanson macabre intitulée « Kill the Boer » (« Tuez le fermier »). C’est à ce moment-là que les attaques de fermes tenues par les fermiers blancs ont commencé. Malgré les protestations de la communauté afrikaner, les premiers développeurs du pays depuis le XVIIe siècle, aucune autorité officielle ne s’était élevée fermement contre cette incitation chantée à la haine raciale.

Devant la dégradation de la situation sécuritaire, une organisation regroupant des fermiers avait déposé plainte devant l’Equality Court de la cour de Johannesburg contre cette chanson haineuse. Rendu rapidement par le juge Edwin Molahleli, le verdict tombé en septembre stipulait que « Tuez le fermier, tuez le Boer » n’était… qu’une chanson comme une autre et qu’elle avait le droit d’être chantée dans tout le pays !

Dans le même temps, selon AfriForum, une association de défense des droits civiques des Afrikaners, le nombre d’attaques de fermes et de meurtres de fermiers aurait augmenté entre janvier et septembre 2022 : pas moins de 257 fermes attaquées et 41 fermiers tués.

Par ailleurs, les observateurs misaient beaucoup sur l’installation de nouveaux fermiers noirs sur des fermes rendues disponibles par la réforme agraire. Mais force est de constater que, là encore, la faillite est totale : le gouvernement, fidèle à sa tradition d’inefficacité, a été incapable d’accompagner ces installations par des actions concrètes. Donnant l’exemple, AfriForum avait pourtant tenté d’accompagner l’installation de ces nouveaux fermiers noirs pour les intégrer au secteur et protéger cette activité qui représente 3 % du PIB du pays. Peine perdue...

Jean-Pierre Lenoir
Jean-Pierre Lenoir
Journaliste et écrivain mauricien

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Une certaine expérience me suggère trois pronostics :
    1) L’Afrique du Sud, ex-pays en voie de développement dont le passé était prometteur, ne va pas tarder à se retrouver dans la spirale descendante des pays en voie de sous-développement dont le futur est mal parti (Cf. : L’exemple lumineux de la Côte d’Ivoire…)
    2) La France, pourtant déjà en chute libre dans cette spirale descendante des pays en voie de sous-développement, ne va pas tarder à être sollicitée pour l’accueil de migrants Sud-Africains et pour l’aide à l’Afrique du Sud dont nous ne pouvons pas nous soustraire) !
    3) Les activistes de NUPES et de la gauche assimilée ne vont pas tarder à soutenir bruyamment ce nouveau mouvement migratoire en buvant du petit lait et en faisant étalage de leur supériorité politico-intellectuelle et de leur tolérance sans égale !
    Et que la fête continue !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois