À la Villette, Ramsès II superstar

ramses II

La Grande Halle de la Villette consacre une exposition très documentée à Ramsès II jusqu’au 6 septembre. Elle offre au spectateur de grandes qualités pédagogiques permettant de se plonger dans l’univers du plus célèbre souverain d’Égypte de tous les temps.

C’est une exposition qui a fait grand bruit, avant même son démarrage le 7 avril. « Ramsès & l’or des Pharaons » présente un parcours sur le pharaon Ramsès II, qui gouverna l’Égypte durant 67 ans - le plus long règne jamais enregistré pour un pharaon.

La simple évocation du nom de Ramsès II suscite chez les Français, jeunes ou moins jeunes, des images des grandes pyramides, des temples, et de tout un univers rempli de dieux mi-hommes mi-animaux. Tout est gigantesque, chez Ramsès. Mort à 92 ans, il aurait eu plus de cent enfants d’au moins huit femmes. Associé à Amon-Rê, le dieu soleil, Ramsès fut vénéré de son vivant comme une divinité par ses sujets.

Un souverain guerrier

L’exposition a la vertu de présenter au public le rôle politique de Ramsès en Égypte, puisqu’il contribue à sécuriser le pays et à étendre les frontières de l’empire avant, dans un second temps, d'apporter à l’Égypte la paix et la prospérité. Grand guerrier, Ramsès apprend l’art de la guerre aux côtés de son père, le pharaon Séthi Ier. À la tête d’une armée de 100.000 hommes, ils reconquièrent la Nubie et triomphent face aux Hittites en Syrie. Une vidéo présente le déroulement de la célèbre bataille de Qadech, vers 1274 avant J.-C., au cours de laquelle l’armée de Ramsès parvint à diviser l’armée hittite adverse, donnée pour gagnante au début. Quinze ans après ce qui fut la première bataille documentée par des sources antiques, Ramsès le Grand signa avec les Hittites le premier traité de paix connu dans le monde.

Un pharaon bâtisseur

Souverain constructeur, qui entend laisser un héritage conséquent à son peuple et une trace dans l’Histoire, Ramsès mène par ailleurs une campagne sans précédent de constructions, laissant à sa mort un nombre inégalé de temples et de statues. Parmi ses plus brillantes constructions, les fabuleux temples d’Abou Simbel, justement construits pour commémorer sa victoire à la bataille de Qadech. Destinés au culte de Ramsès et de son épouse Néfertari, il furent préservés de la destruction dans les années 1960, démontés et déplacés, quand Nasser décida de construire le haut barrage d'Assouan, sur le Nil, afin de produire de l'électricité. Une grande maquette permet de mieux imaginer le chantier colossal que fut la construction puis la reconstitution de ces trésors de l’humanité.

Avec les dernières avancées technologiques en matière de documentation et de reconstitution, le parcours propose au spectateur de visiter, au moyen d’une vidéo, l’intérieur d’un temple colorisé comme il devait l’être à l’époque. On se représente ainsi mieux l’état d’origine de temples désormais quasi dépourvus de leur polychromie initiale.

Des œuvres parfois jamais sorties d’Égypte

À noter, parmi les œuvres inratables, la tête colossale en granit rose de Ramsès II, présentée pour la première fois en dehors de l’Égypte. Elle fut découverte en 1888 à Memphis, dans le temple de Ptah, dieu créateur et patron des orfèvres qui comptait sous le règne de Ramsès. Elle porte la couronne blanche qui symbolise la Haute-Égypte, ainsi qu’une barbe postiche droite et lisse. Astuce antique de recyclage : Ramsès aurait utilisé une image royale plus ancienne pour la retailler à son image. Habile ! Le masque funéraire en or du général Oundjebaoundjed dégage, quant à lui, une sérénité tangible, avec son sourire finement dessiné et ses yeux soulignés d’incrustation en verre qui fixent le spectateur. Sans oublier, évidemment, le cercueil de cèdre de Ramsès prêté par les autorités égyptiennes (c’est grâce aux chercheurs du musée de l’Homme que la momie fut sauvée des champignons en 1976).

On sort de l’exposition avec, en tête, les images d’archives montrant l’arrivée de la momie de Ramsès II sur le sol de France au Bourget, en 1976. Envoyée par le président Sadate afin d’être restaurée par les scientifiques français, sa dépouille avait été accueillie avec les honneurs dévolus à un chef d’État en exercice !

L’organisateur de l’exposition, l’entreprise World Heritage Exhibitions, avait déjà réalisé les expositions sur Toutânkhamon et celle sur le Machu Picchu. Conçue avec une dimension internationale, celle-ci devrait ensuite circuler dans plusieurs pays européens. Bémol de taille de l’exposition : son prix, puisque les billets sont à 24 euros pour les adultes et 20 euros pour les enfants. Pourtant, elle a le mérite de faire redécouvrir à un public toujours égyptomane une figure passionnante et inspirante de l’Histoire antique. Ce qui est toujours plus intéressant que de perdre son temps dans les polémiques sur la couleur de peau de Cléopâtre dans la série que Netflix vient de lui consacrer.

 Illustration : cercueil en cèdre de Ramsès II © Eléonore de Vulpillières

Picture of Eléonore de Vulpillières
Eléonore de Vulpillières
Journaliste indépendante

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Que dire de plus , sinon que pour avoir visité l’ Egypte en 1980 , je n’ai jamais rien vu de plus beau , de plus grandiose ! Je suis régulièrement les émissions sur ce merveilleux pays ,et suis toujours autant fascinée ! Quelque chose d’étrange , de mystérieux , se dégage vraiment de toutes ces monuments , ces temples , ces fresques …..Je garderai une empreinte et un souvenir impérissables de ce pays autant merveilleux que mystérieux .

  2. Je suis curieux de savoir si Gims, ancien maître, se rendra à La Grande Halle de la Villette pour étayer ses théories. On paye pour voir…

  3. J’étais allée voir l’expo sur Toutânkhamon en 1967 au Petit Palais car je suis fan de l’Égypte ancienne et de sa mythologie. Bien sûr c’était moins moderne qu’aujourd’hui !…

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