« À la suite des annonces du président de la République… »

macron

Tout vient de lui ! On ne prend même plus la peine de faire semblant. C’est tout juste si on sauve les apparences, parce qu’on ne peut pas faire autrement et qu’on affiche son attachement au fameux État de droit. Avant, on disait « au nom de la loi » ou « force à la loi ». Désormais, pour introduire une décision qui s’impose à nous tous, l’usage veut que l’on dise « à la suite des annonces du président de la République ». C’est nouveau et c’est comme ça. Le Président a parlé le 12 juillet 2021, annonçant que hors du vaccin point de salut. Tout, alors, était dit, décidé, plié.

Les préfets s’empressaient d’envoyer leurs circulaires « à la suite des annonces du président de la République » aux maires de leur département. Allez sur le portail officiel de l’administration française, Service-Public.fr, vous lisez ceci à propos de la loi sur le passe sanitaire désormais promulguée (ils disent « pass » sanitaire, mais passons...) : « Service-Public.fr détaille ces dispositions prévues dans la loi relative à la gestion de la crise sanitaire promulguée le 6 août 2021 au Journal officiel à la suite des annonces du président de la République du 12 juillet 2021. » Ils ne peuvent pas s’en empêcher : « à la suite des annonces du président de la République ».

Aucune institution de la République ne semble y échapper. Jusqu’à la grande chancellerie de la Légion d’honneur. Des amis d’amis d’amis me transmettent une lettre du secrétaire général de cette prestigieuse institution. Elle est en date du 16 juillet 2021. Quatre jours, seulement, après les « annonces du président de la République » et plus d’une semaine avant le vote du Parlement. Le Parlement, vous savez, ce machin qui sert à voter les lois de la République... à la suite des annonces du président de la République. Une lettre adressée aux parents d’élèves des maisons d’éducation de la Légion d’honneur. « Pour nos élèves qui reprendront le collier à la rentrée dans les maisons d’éducation, il faut désormais tout faire et tout mettre en œuvre pour éviter que ne se reproduisent ces deux dernières années scolaires si chaotiques. C’est pourquoi, à la suite des annonces récentes du président de la République, le grand chancelier vous demande instamment de faire vacciner vos enfants d’ici au début de la rentrée scolaire afin de réduire au maximum et la propagation du virus et les risques d’atteinte grave à notre santé. »

La vaccination n’est pas obligatoire, mais si vous voyez ce que je veux dire… « Le président de la République est le grand maître de l’ordre de la Légion d’honneur et nous ne pouvons pas faire moins que de donner l’exemple de ce que prône celui sous l’autorité directe duquel sont placées nos maisons d’éducation. » On est donc tenu d’obéir aux prônes d’Emmanuel Macron comme autrefois à ceux des évêques en chaire. On vous épargnera la suite du mandement.

Rappelons que les maisons d’éducation de la Légion d’honneur sont ouvertes aux jeunes filles, descendantes de membres de nos ordres nationaux et décorés de la médaille militaire. On imagine donc que la grande chancellerie de la Légion d’honneur va s'intéresser à cet article du Monde, publié le 6 août, jour de la promulgation de la loi dite du passe sanitaire. Le titre de cet article ? « Covid-19 : vaccins et perturbations des règles, des signaux et beaucoup d’incertitudes ». Mais il est vrai que le grand maître de nos ordres nationaux semble n’avoir que des certitudes lorsqu’il délivre ses prônes et prêches. Avec lui, tout est réglé d'avance. Tout vient de lui, tout est en lui.

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