26 mai 1969 : le « bed-in » de John Lennon et Yoko Ono

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Ce 26 mai 1969, la guerre du Vietnam bat son plein. L’une des batailles les plus controversées, celle de Hamburger Hill (colline du Hamburger), s’est terminée quelques jours plus tôt. Opposant les forces Việt Cộng aux troupes américaines, la confrontation se déroule près de la frontière laotienne, dans la vallée d’A Shau, où les renseignements militaires américains avaient vu, quelques semaines auparavant, se concentrer des troupes ennemies. Le 13 mai, dans le secteur de Đồi A Bia, le 187e régiment d’infanterie, appuyé par une unité de l’armée sud-vietnamienne, donne l’assaut à une colline, la n° 937, puissamment défendue par des éléments de l’armée populaire nord-vietnamienne. Pas moins de 1.800 soldats américains et sud-vietnamiens font face à 1.500 Việt Cộng. La bataille dure une semaine sous une pluie torrentielle, dans la boue, la jungle et la chaleur. L’aviation américaine intervient, lâchant plus de 500 tonnes de bombes, dont 69 tonnes de napalm. Le bilan, au soir du 20 mai, est de 56 morts américains, 30 sud-vietnamiens et 630 morts parmi l’armée populaire vietnamienne, qui a fini par fuir la position.

Au même moment, les manifestations se multiplient contre le président Richard Nixon, contre cette guerre que l’on juge d’autant plus inutile que les États-Unis finissent par abandonner la côte 937 le 5 juin[1]. Le mouvement hippie, auquel se sont ralliés de nombreux artistes comme Janis Joplin, Joan Baez, Carlos Santana, ou Jimi Hendrix, est en pleine expansion, diffusant ses messages pacifistes et promouvant le slogan « Peace and Love ». Le « bed-in for peace », qui est le pendant du « sit-in », apparaît comme une bonne idée de promotion du message de paix. Le premier avait eu lieu, avec Lennon et Ono, du 25 mars au 31 mars 1969 dans la chambre 702 de l’hôtel Hilton à Amsterdam. Leurs tentatives de répéter l’événement à Toronto et surtout à New York se soldent par des échecs. En effet, John Lennon ne peut plus se rendre aux États-Unis pour protester contre la guerre : il a été condamné pour possession de cannabis et est interdit de territoire. Avec sa femme Yoko Ono, il décide donc de rejoindre l’hôtel Queen Elizabeth de Montréal où ils louent les suites 1738, 1740 et 1742.

Pendant une semaine, Lennon et Ono, en pyjama du matin au soir, reçoivent dans la suite 1742 où Lennon écrira et enregistrera « Give Peace a Chance ». Les journalistes du monde entier les interviewent assis sur leur lit. Se succèdent aussi des fans et des artistes dans une atmosphère bon enfant et avec un message simple : non à la guerre du Vietnam. Le journaliste Gilles Gougeon, qui a vécu l’événement, rapporte qu’il y « régnait un incessant va-et-vient. Nous étions de 200 à 300 membres des médias, des pseudo-journalistes, des gens qui arrivaient avec des guitares qui voulaient faire de la musique. […] On était dans un brouhaha absolument délirant et créatif[2] ». L’hôtel Queen Elizabeth consacre, actuellement, une exposition rétrospective à cet événement. La suite 1742 est devenue la suite « John Lennon et Yoko Ono ». Elle peut être réservée à l’occasion de ce cinquantième anniversaire à partir de la modique somme de 2.999 dollars canadiens[3], soit environ 2.000 euros par nuit.

[1] Cette bataille est surnommée « Hamburger Hill » par un soldat américain non seulement en raison du nombre de soldats tués mais aussi parce qu’il aurait écrit, après le 5 juin : « Hamburger Hill : cela en valait-il la peine ? »

[2] https://ici.radio-canada.ca

[3] https://www.fairmont.fr/queen-elizabeth-montreal/special-offers/hotel-offers/signature/bed-in-for-peace-package/

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