Les grandes manœuvres ont commencé chez les Républicains. Xavier Bertrand annonce qu’il y va, mais sans passer par la case des primaires. Valérie Pécresse y va aussi, tout en assurant vouloir participer aux primaires en question.

Le problème, c’est que le premier a quitté LR en 2017, tout comme la seconde, partie fonder le mouvement Soyons libres, avant de définitivement claquer la porte, deux ans plus tard. Mais comme en politique rien n’est jamais véritablement « définitif », la porte claquée demeure entrouverte ; la preuve, une fois encore, par ces fichues primaires. Alors que l’entourage de Christian Jacob, le patron des LR, hésitait encore à les mettre en place, selon des modalités dont on attend toujours qu’elles soient définies, le voilà désormais au pied du mur : primaires il devrait y avoir, puisque la patronne du conseil régional d’Île-de-France entend y participer.

L’autre problème consistera, évidemment, à déterminer qui sera le candidat de « la droite et du centre », entre celui qui aura refusé de jouer le jeu des primaires et celle qui s’y sera lancée. Le lecteur a une heure devant lui avant que l’auteur de ces lignes ne ramasse les copies…

En attendant, Valérie Pécresse peaufine son image de présidentiable en accordant un long entretien au Figaro de ce 23 juillet. « Je suis prête à être la première femme présidente de la République », affirme-t-elle. Marine Le Pen n’aurait pas mieux dit. Pour le reste, c’est beau comme du Sarkozy. Ou de l’art d’expliquer aujourd’hui comment on mettra en œuvre demain tout ce qu’on n’a pas su ou voulu faire hier.

Il y aura donc des peines immédiates pour les voyous, des réquisitions de bâtiments officiels inoccupés pour les encabaner : « Un pays sans sanctions dissuasives, c’est un État de droit bafoué. » Certes, mais voilà des questions sur lesquelles on ne l’a que peu entendue, depuis sa première élection à la tête du conseil régional d’Île-de-France, en 2014. Sans surprise, les immigrés clandestins - même les fameux « mineurs isolés », rarement « mineurs » et encore moins « isolés », puisque travaillant en bandes organisées - auraient eux aussi vocation à être reconduits à la frontière.

Là, l’héritage de Nicolas Sarkozy tient plus du boulet que de la fusée, sachant que du temps où il était ministre de l’Intérieur, il s’empressa d’abolir la double peine afin de complaire aux amis de gauche de ses femmes successives, Cécilia et Carla. Sur l’immigration, sans que le lien ne soit fait avec la délinquance – Soyons libres, mais pas trop –, Valérie Pécresse en appelle à ces vieux pots dans lesquels on ne fait pas que les meilleures soupes : « Pour réussir l’intégration, je me suis inspirée du plan danois, pour éviter les ghettos et permettre la mixité sociale. Il faut interdire plus de 30 % de logements très sociaux dans un quartier. »

Pour commencer, on ne voit pas en quoi « le plan danois » serait exemplaire. Ensuite, parler de « mixité sociale » quand on pense « mixité » ethnique ne paraît pas être le meilleur raisonnement, sachant que les données de l’équation y sont à la base faussées. Quant aux « logements très sociaux », une notice explicative serait la bienvenue, un peu comme chez Ikea.

Sur la fin de l’entretien, ça se réveille un peu : « Je crois au génie français. Les Français ont une formidable intelligence et créativité. Le jour où on arrêtera de les emmerder, comme dirait Pompidou, ils réaliseront des choses extraordinaires. » Fort bien, mais Valérie Pécresse, cette sorte d’Anne Hidalgo de droite, est-elle la mieux placée pour dresser ce constat ? Pas forcément.

Nonobstant, il est vrai que les Français sont capables de « choses extraordinaires ». Voter Le Pen, par exemple, père ou fille, alors que l’écrasante majorité du système politico-médiatique les « emmerde » depuis des décennies pour les obliger à faire le contraire.

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23 juillet 2021 à 16:22

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