2 février 1889 : naissance du Vendéen Jean de Lattre de Tassigny

Le général de Lattre de Tassigny
Le général de Lattre de Tassigny

Jean de Lattre de Tassigny, né le 2 février 1889 dans une famille catholique et monarchiste, incarne l’idéal du chef militaire français. Ce maréchal de France à titre posthume, dont l’existence fut marquée par une bravoure inébranlable et un engagement absolu envers sa patrie, a traversé les grands conflits du XXe siècle avec une détermination sans faille. De la Première Guerre mondiale à la Libération et jusqu'à la guerre d'Indochine, son parcours symbolise l’honneur, le courage et le sacrifice au service de la France. À l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, revenons sur l’histoire hors du commun de cet homme d’exception.

 

Les premières années

Jean de Lattre voit le jour dans un petit village de Vendée, Mouilleron-en-Pareds, dans la même commune où un autre grand personnage de notre Histoire est également né : le très républicain Georges Clemenceau. Dès son enfance, Jean baigne dans une atmosphère où le souvenir des guerres de Vendée est encore très vivace.

Après des études à Poitiers, puis à Paris, il intègre en 1908 l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, où il fait partie de la promotion « Mauritanie ». Jeune homme ambitieux et discipliné, il choisit l’arme de la cavalerie et poursuit ainsi sa formation à Saumur. Âgée de 22 ans, il est alors prêt à embrasser la carrière d’officier, mais il ne se doute pas encore que son destin va être forgé dans le feu et le sang.

 

Grande Guerre

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate à l'été 1914, le jeune lieutenant de Lattre de Tassigny est envoyé au front. Dès les premiers mois, il est grièvement blessé à deux reprises : d’abord par un éclat d’obus, puis par un coup de lance reçu en pleine poitrine alors qu'il chargeait à cheval à la tête de ses dragons. Le 20 décembre 1914, il est fait chevalier de la Légion d'honneur pour sa conduite exemplaire. L’année suivante, il est affecté à sa demande dans l'infanterie et rejoint le 93e régiment d'infanterie, le régiment de Vendée. Il participe alors aux affrontements les plus meurtriers de la guerre, notamment à Verdun et au Chemin des Dames, où il échappe plusieurs fois à la mort. Son courage et son sens du commandement lui valent l’admiration de ses hommes et de ses supérieurs. À l’issue du conflit, officier de la Légion d'honneur à 31 ans, il porte sur lui les stigmates de la guerre mais en sort grandi, prêt à gravir les échelons de la hiérarchie militaire. En mars 1939, il devient le plus jeune général de France, confirmant ainsi son ascension fulgurante.

 

Seconde Guerre mondiale

En septembre 1939, lorsque la France entre en guerre contre l’Allemagne, Jean de Lattre est à la tête de la 14e division d’infanterie. Il combat alors avec acharnement lors de l’offensive allemande de mai-juin 1940 et se distingue notamment à Rethel, où ses troupes opposent une résistance farouche à la Wehrmacht. Cependant, l’effondrement de l’armée française conduit à l’armistice du 22 juin 1940, un moment de déchirement pour ce patriote ardent. Refusant la fatalité, il reste en métropole et participe à la réorganisation des forces armées françaises sous Vichy, dans l’espoir de reprendre un jour le combat. En novembre 1942, lorsque les Allemands envahissent la zone libre, il ordonne à ses troupes de résister, un acte de défiance qui lui vaut d’être arrêté et condamné à dix ans de prison. Fort heureusement, il réussit à s’échapper et rejoint le général de Gaulle dans son combat pour la France.

Le 15 août 1944, il débarque en Provence avec son armée qui deviendra vite la Ire armée française. De Toulon à Dijon, en passant par Marseille, Mâcon et Autun, il mène alors ses troupes à la victoire, lavant l’humiliation de 1940. En mai 1945, à Berlin, il est l’un des signataires de l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie, un moment historique où il représente la France avec fierté.

 

Les derniers combats

Mais pour Jean de Lattre, le combat ne s’arrête pas avec la Libération. En 1950, alors que la guerre d’Indochine fait rage, il est nommé haut-commissaire et commandant en chef des forces françaises, cumulant pouvoirs civils et militaires. Confronté à la montée du Viet Minh, il tente de redresser la situation militaire avec la même énergie qu’en Europe. Ce combat, cependant, est marqué par une tragédie personnelle : en 1951, son fils unique, Bernard, officier comme lui, meurt au combat. Ce drame le frappe de plein fouet, mais il continue de diriger les opérations, refusant de fléchir malgré la douleur. Cependant, déjà affaibli par la maladie, il est contraint de rentrer en France, rongé par un cancer. Le 11 janvier 1952, à l’âge de 62 ans, il s’éteint. Le Président Auriol l'élève à titre posthume à la dignité de maréchal de France, à l'occasion de ses funérailles nationales, ultime reconnaissance d’une vie entièrement dédiée à la patrie et désormais entrée dans l’Histoire. Une vie qui fut une véritable illustration de sa devise : « Ne pas subir ». Lui qui déclarait : « Je suis un soldat et je ne serai jamais qu’un soldat » reste aujourd’hui un exemple pour tous ceux qui servent sous les drapeaux en raison de son engagement sans faille envers la France et ses valeurs. Jean de lattre de Tassigny repose dans le petit cimetière de son village natal.

Aquarelle de Siss, peintre aux Armées

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Apres l’armistice signée par notre gouvernement de gauche qui avait fuit Le Général Delattre de Tassigny fut nommer à Montpellier pour remettre en état une armée ,mon père et ses trois meilleurs amis s’engagèrent ,mais après que des bruits courraient que les allemands allaient envahir la Zone Sud ,tout ce qui put être envoyer au Maghreb partirent sur Port Vendre ,resté seul dans sa caserne a Montpellier quand les allemands arrivèrent ils ne trouvèrent que Delattre il avait même donné tous les chevaux qui furent répartis dans les campagnes environnantes mon père en profita d’un car il ne parti pas avec ses trois collègues en 44 mon père retrouva son Général et il reparti avec les troupes de libération de la France

  2. @ l’attention de M. Eric de Mascureau
    Sans remettre en cause la valeur militaire de de Lattre de Tassigny, expliquez-moi pourquoi avec les Vosges, la Poche de Colmar, ici il est surnommé « Le Boucher » ?

    • Pour lever toute équivoque préciser son nom afin d’éviter cette chanson fameuse que nos aieux chantaient à l’école « Maréchal nous voilà ! »

  3. Ma famille a bien connu le maréchal et son épouse.
    Avant qu’il ne meure, on a pu lui dire qu’il était élevé au grade de maréchal de France, une ultime fierté pour lui.

  4. Merci pour ce bel article. Mon père a servi sous de Lattre et à participé en 1945 à la campagne d’Allemagne.

  5. Les généraux de Lattre et Leclerc
    ne firent pas bon ménage, et pour tout dire se détestaient.
    Le premier devait considérer avec une certaine condescendance l’avancement fulgurant dont avait bénéficié le Général de La France Libre… Et
    Leclerc devait voir de Lattre qui n’avait pas rejoint De Gaulle en 1940 comme un homme du passé.

  6. On donna son nom et sa devise « ne pas subir » à la promotion de Saint-Cyr 1951-1953 dont mon père fit partie.

  7. Les opinions républicaines de la famille Clémenceau, elle aussi de (petite) noblesse vendéenne, sont connues depuis la Révolution…elles n’étaient pourtant pas unanimes au sein de ladite famille et entraînèrent certaines houles dans les débats…

    • Aucun département n’est parfait et si j’admets la réserve concernant Retailleau qui ne vaut pas Monsieur Philippe de Villiers qui devrait être Président de la République, je serai plus prudent sur Clemenceau qui a surtout fait l’erreur de contribuer au ressentiment vis à vis des allemands et pour un socialiste de l’époque, montré des limites humanitaires d’un autre temps en matière de chair à canon. Pour le reste, il mérite le respect et je vous invite à vous porter sur sa tombe du Colombier à côté de Mouchamps. Vous pourrez ensuite vous recueillir à l’abbaye de la Grainetière, lieu rare dans un écrin de nature et de pureté, puis à Mesnard la Barotière aux peintures uniques et restaurées de l’ancienne église romane, faire un voyage vers l’Histoire du double cœur vendéen, sa modestie et son envergure morale, penser à la souffrance d’un populicide sur ordre des bleus!
      Bienvenue chez nous !

  8. De cette race d’homme ils sont peu, surtout de nos jours. Bigeard fut de cela. Lui aussi a disparu.
    Ceux qui connurent la 1ere guerre mondiale et la seconde étaient d’un autre temps, ils en restent dans l’armée, mais peu considéré. Tout comme la police et la gendarmerie, à croire qu’elles ne sont pas indispensable et pourtant c’est le dernier rempart avant…

  9. L’Alsacien que je suis a été élevé dans le culte du Maréchal de Lattre et mes parents et grands parents, regrettaient que cet homme ne se soit pas lancé en politique, parce qu’ils auraient voté pour lui, estimant que les Libérateurs étaient plus incarnés par de Lattre et Lecler, que par de Gaulle!

    • « Ne pa subir » ! Le contraire de Macron et notamment actuellement face à l’Algerie. Il est vrai que Macron, à part trépigner et frapper ses petit poings en criant « cé moi’l’seff » comme il l’a fait avec le général de Villiers… il serait plutot du côté de ceux qui subissent. Mais… il y en a qui aiment ca…

  10. C’était un autre temps et d’autres personnages avec des devises Françaises « ne pas subir » alors que de nos jours il ne reste plus que des torchons et des collabos sinon il y a bien des mois déjà qu’ils auraient viré Macron et toute sa suite de malfaisants juges y compris.

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