14 Juillet : la France défaite est en fête

MACRON 14 JUILLET 2021

Jamais un chef d’État n’avait, un 14 Juillet, fait lever la tête à toute une tribune présidentielle vers deux petits rigolos installés à bord de deux avions de la Patrouille de France. Membres du gouvernement, présidents de chambres, représentants de nos institutions, hôtes de marque se seront esbaudis en admirant ensemble le dernier acte de cette facétie présidentielle suivie d’une longue traîne aux couleurs de la France.

Après les galipettes de ces deux hurluberlus sur la pelouse de l’Élysée devant un Emmanuel Macron amusé, leur performance aérienne fera causer... Dans un même mouvement de la tête aussi bien réglé que le virage d’un banc de sardines, tous ces dignitaires confirment leur commune désinvolture à l’égard de la France et des Français.

En 2005, le vote contre la Constitution européenne fut enterré. Qu’à cela ne tienne, cette Constitution sera adoptée dans le dos des Français en 2008. Cette même année, la proposition d’installer le drapeau français dans l’hémicycle du Sénat a été rejetée. Voici ce que son président écrivait à son auteur : « Le Bureau a décidé de ne pas donner suite à [votre] proposition. Il est en effet apparu que compte tenu notamment de la demande formulée par certains de ses membres de subordonner l’introduction éventuelle du drapeau tricolore dans l’hémicycle à son pavoisement concomitant aux couleurs européennes, les conditions d’une quasi-unanimité requises par une initiative aussi symbolique n’étaient pas réunies. »

En 2010, le journal Métro (700.000 exemplaires) publiait la photo d’un jeune homme de dos, pantalon baissé, qui s’essuyait les fesses avec le drapeau français. Cette photo venait d’obtenir le « coup de cœur » du jury de la FNAC à Nice. Il fallut attendre six semaines pour qu’un sénateur, réveillé par un Français de l’étranger, interpelle le ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale de Nicolas Sarkozy. Un décret condamnant l’outrage au drapeau fut alors pris par le gouvernement. Mais, après un recours en annulation de la Ligue des droits de l’homme, le Conseil d’État neutralisa ce décret en précisant qu’il n’avait pas pour objet de réprimer les outrages « qui reposeraient sur la volonté de communiquer des idées politiques ou philosophiques ou feraient œuvre de création artistique ».

En 2015, le drapeau français fut finalement installé au Sénat, mais dans des circonstances chargées de neutraliser toute signification. Profitant de la visite du président tunisien, Gérard Larcher fit pavoiser l’hémicycle aux couleurs de la France, de l’Europe et de la Tunisie. Après le départ du président, les huissiers embarquèrent son drapeau et laissèrent les drapeaux tricolore et européen. Personne ne s’aperçut du tour de passe-passe. L’emblème de notre nation n’était là que comme le vestige d’une cérémonie. Sans qu’aucun parlementaire ne l’ait souhaité. Sans qu’aucun parlementaire n’ait pu s’en chagriner.

Pour assister au défilé du 14 Juillet, ce mercredi, chaque personne aura dû être munie d’un pass sanitaire et porter également un masque. En ayant laissé les politiques, depuis des années, mettre sous le boisseau, avec son emblème, l’âme de la France, les Français les ont laissés ouvrir la boîte de Pandore d’une tyrannie sanitaire. Cet automne, ils iront, vaccinés et masqués, se recueillir sur la tombe du Soldat inconnu, sous un Arc de Triomphe emballé par le fantôme de Christo. Ainsi en a décidé Emmanuel Macron.

Jérôme Serri
Jérôme Serri
Ancien collaborateur parlementaire, journaliste littéraire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois