Le tourisme "halal" se développe fortement, notamment en Afrique. Le site Quartz Africa, par exemple, propose à ses clients musulmans des parcours touristiques aménagés autour de temps de prière et de menus 100 % halal. Pas de visite des vignobles du coin, mais la découverte des mosquées du pays.

De même, de multiples enseignes et grandes maisons de mode courtisent la femme musulmane, particulièrement les femmes du Golfe : Dolce & Gabbana, Michael Kors, UNIQLO, les chaînes Mango ou Zara se lancent sur le marché de la mode islamique. Il faut dire qu'en 2019, le marché musulman de la mode devrait peser près de 500 milliards de dollars, soit deux fois plus qu’en 2013...

Le sociologue Fredéric Monneyron explique : "On assiste à un véritable tournant. Que des grandes marques s'intéressent au marché du Moyen-Orient, cela existe depuis les années 1970. Elles lui ont toujours proposé des vêtements en les modifiant à la marge. La grande nouveauté est que, pour la première fois, elles créent des tenues islamiques." S’adapter hier, conquérir aujourd’hui.

Les grandes marques ont aussi l'Occident en ligne de mire. La mode islamique envahit nos boutiques. Marks & Spencer a lancé en 2016 sa collection de burkinis, contraction démagogue de "burqua" et de "bikini", mais recouvrant l’intégralité du corps de la femme sur nos plages. Du petit bikini itsi bitsi fini ouin ne reste que le concept lointain, visant à faire accepter à notre société l’engrillagement progressif de la femme. Une méthode, tout un symbole.

H&M, la marque suédoise de nos adolescentes, n’est pas en reste, qui lançait une publicité mondiale dans laquelle apparaissait une jeune femme musulmane dont le cou et les cheveux étaient voilés. L’image était accompagnée du slogan « Soyez chic ». Le choc des mots pour un chic tendance. La firme japonaise UNIQLO mettra bientôt en vente les hijabs dans son magasin de Londres et la maison de haute couture Dolce et Gabbana annonce le lancement d’une ligne de voiles islamiques. Cette mode est dite « pudique » : terme marketing choisi, visant à éloigner le concept islamique de nos têtes d’Occidentaux, pas encore tout à fait mûres pour intégrer l’idée que remiser les décolletés pour les cacher sous des voiles est une avancée pour la cause des femmes.

Afficher des abayas sur nos mannequins et dans nos vitrines, c’est entériner l’enfermement du corps de la femme comme une évidence dans notre culture et laisser à la population musulmane d’origine étrangère l’occasion d’afficher publiquement sa différence et de revendiquer fièrement leur communautarisme. C’est aussi, de fil en aiguille prosélytes, suggérer aux jeunes filles dont ce n’est pas la culture que d’envoyer valser les minijupes pour se couvrir de la tête aux pieds, cela peut être « chic ».

À l'époque de Casimir ou de Starsky et Hutch, du temps des soirées Maritie et Gilbert Carpentier, le voile islamique et autres hijabs ne faisaient pas partie de nos conversations. Aujourd’hui, le monde musulman est devenu notre centre et se revendiquerait volontiers notre horizon. Un simple coup d’œil dans le rétroviseur permet de se rendre compte de la place croissante, depuis ces trente dernières années, de l'islam et du monde musulman en France et, plus largement, dans nos civilisations occidentales. Il en va des changements de civilisation comme de toutes les révolutions : elles commencent toujours en douceur, gorgées de tolérance doucereuse, se nourrissent de bon sentiments et finissent pas nous paver un enfer.

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28 juin 2017 à 17:35

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